Luttes et mobilisations

20 minutes - Marseille : Pourquoi la CAF des Bouches-du-Rhône est encore en grève

Mars 2016, par Info santé sécu social

Les agents d’accueil de la CAF à Marseille sont en grève depuis le 29 février...

M.P. le 10.03.201

6Déjà deux semaines de grève à la CAF. Des agents des trois centres d’accueil de la Caisse d’allocations familiales cessent le travail quotidiennement depuis le 29 février. En ce moment, ils quittent leur poste à 15 h 30 pendant 55 minutes. Ce mouvement perturbe évidemment le fonctionnement des centres d’accueil qui ferment désormais tous les après-midi laissant un peu plus dans la panade les allocataires.

C’est la CGT qui a engagé le bras-de-fer pour protester contre les conditions de travail des conseillers de services à l’usager (CSU). Ces nouveaux agents, qui ont tous moins de deux ans d’expérience, sont chargés d’accueillir et d’orienter les allocataires. Or, depuis le début de l’année, ils se retrouvent totalement débordés par le nombre de demandes, ce qui provoque des files d’attente jusque sur le trottoir.

Pas de chance

La direction de la CAF a donné jeudi, lors d’une conférence de presse, trois explications à cet encombrement. D’abord, le mois de février est traditionnellement chargé à cause des demandes annuelles de renouvellement des droits. Ensuite, la CAF a dû faire face à un afflux de sollicitations lié à la création de la prime d’activité (qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi). Cette nouvelle prestation a bénéficié à 52.000 bénéficiaires, dont 17.000 nouveaux allocataires. La moitié est domiciliée à Marseille, soit environ 8.000 dossiers supplémentaires à traiter.

Dernière explication avancée par la Caisse : les vacances de février sont tombées le 6 février. Comme chaque année, ou presque, serait-on tenté de dire. « Nous avions un peu moins d’agents que d’habitude avec une charge exceptionnelle », concède Jean-Pierre Soureillat, directeur général de la CAF des Bouches-du-Rhône.
Une quatrième explication peut être avancée. Le « demi-succès » - selon les termes de Jean-Pierre Soureillat - de la réforme du fonctionnement de la CAF menée en 2014 qui a conduit au développement de la numérisation pour les demandes d’allocation. Mais si pour des étudiants ou des actifs peu âgés, l’usage d’un ordinateur et d’Internet ne pose pas de problème, pour les personnes âgées ou non-francophones, cela relève du casse-tête.

« Beaucoup de nos allocataires ne sont pas capables de se débrouiller seul avec les outils numériques », reconnaît aujourd’hui Jean Chappellet, administrateur provisoire de la Caisse. Résultat, ces personnes, qui sont parfois les plus précaires, préfèrent venir remplir leurs dossiers dans les centres d’accueil, avec l’aide des conseillers de services à l’usager, eux-mêmes peu expérimentés et donc vite débordés.

Retour à la normale

Les discussions entre la CGT et la direction ont permis quelques avancées. Alors que la CGT demande l’augmentation d’une prime de 4 % à 15 %, les négociations, qui se mènent au plan national, pourraient aboutir à une hausse de 6 %. Le syndicat réclame également 50 embauches. La direction en propose 15 immédiatement. Ces nouveaux agents prendront leur poste dès la semaine prochaine, assure-t-elle.

La CAF se dit prête également à revoir l’organisation du travail dans les centres d’accueil avec des « détachements temporaires » d’une heure ou deux pour résorber les files d’attente. Elle propose, enfin, un plan de formation des CSU pendant trois mois, ce qui nécessiterait de fermer les trois centres d’accueil marseillais tous les jeudis. « Mais on ne pourra le faire qu’en revenant à une situation normale », précise Jean-Pierre Soureillat. Comprendre, une fois la grève terminée. Les discussions se poursuivent.