Luttes et mobilisations

Actu.fr - Trois mois après la grève de la faim, un nouveau préavis de grève à l’hôpital du Rouvray

Septembre 2018, par Info santé sécu social

Trois mois après la grève de la faim et la signature du protocole de sortie de crise, les syndicats du centre hospitalier du Rouvray menacent d’une nouvelle grève, mi-septembre.

Publié le 20 Sep 18

En mai et juin 2018, huit salarié de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime), avaient mené une grève de la faim et occupé les locaux de leur direction. Mi-septembre, ils éprouvent des difficultés à faire appliquer le protocole de sortie de crise décidé alors.

En mai et juin 2018, huit salarié de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime), avaient mené une grève de la faim et occupé les locaux de leur direction. Mi-septembre, ils éprouvent des difficultés à faire appliquer le protocole de sortie de crise décidé alors.

Aucun des responsables du Centre hospitalier du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) n’a voulu répondre à 76actu. La tension, arrivée à son zénith avec la grève de la faim de 18 jours, n’est pas retombée. Inquiète de la bonne application du protocole de sortie de crise signé le 29 juin et témoin d’un nouveau pic de sur-occupation, l’intersyndicale a déposé un nouveau préavis de grève pour le jeudi 27 septembre 2018.

Un point du protocole de sortie de crise non respecté
Ils avaient promis, fin juin, de « ne pas relâcher la vigilance ». Malgré l’arrivée au 1er octobre, comme prévu, de 11 des 30 postes gagnés, les syndicats du Rouvray sont méfiants… Délégué CGT, Sébastien Ascoet cible le président de la Commission médicale d’établissement (CME) et la directrice des soins : « Ils naviguent à contre-courant. » Trois jours avant de signer du protocole de sortie de crise, les syndicats voulaient le départ de cette dernière.

En cause, l’application mise à mal d’un point du protocole. Il a été convenu, en juin, que la mobilité des agents depuis l’hôpital psychiatrique vers les services de jour, en externe, serait gelée jusqu’à fin 2018. Ce point a pour objectif de poser « une photographie des effectifs », explique le délégué CFDT Jean-Yves Herment, « pour voir où sont les besoins ». Depuis août, six réunions ont été faites avec la directrice des ressources humaines en ce sens.

« Nous avons avec elle un dialogue social de qualité », assurent les syndicats. Une nouvelle réunion aura lieu jeudi 20 septembre à 14h, avant laquelle la direction refuse de s’exprimer, même si l’on ignore si elle s’y rendra. Selon les syndicats leur travail – confié dans le cadre du protocole – est rendu impossible par le non gel de la mobilité.

Interrogée sur son suivi du protocole, l’Agence régionale de santé (ARS) rappelle être « intervenue en appui de la direction afin d’identifier des points de sortie de crise », mais dit n’être en contact avec la direction du Rouvray que « dans le cadre du droit commun des relations entretenues avec les gouvernances de tous les hôpitaux ». Contacté, le ministère de la Santé n’a pas répondu à nos sollicitations.

Au moins six agents auraient donc été envoyés vers des structures externes. Conséquence directe, la dernière réunion du mois de septembre n’a pas permis d’avancer, faute de chiffres stables. Pas de doute pour l’intersyndicale, les deux dirigeants pré-cités « font partir des agents en externe pour nous court-circuiter, pour qu’on se plante », dit Jean-Yves Herment.

« On a pu enfermer des gens dépressifs la nuit »
Résultat, il y a moins d’agents pour accueillir les patients, menant les unités à la sur-occupation. Selon un chiffre que la direction de l’hôpital n’a pas voulu confirmer, le taux d’occupation était de 107 % à la mi-septembre. En mars, la sur-occupation chronique de l’hôpital avait enclenché la grève. « Dès que nous avons relâché la pression ou que nous avons été en congés, début juillet, c’est reparti pire qu’avant », pose Sébastien Ascoet :

Il n’y a plus de lits, donc on ouvre les chambres d’isolement avec un lit au sol et un seau. On laisse la porte ouverte mais on ne peut pas tout surveiller, on a pu enfermer des gens la nuit.

Selon Jean-Yves Herment, « certains patients ont été envoyés vers Abbeville », 100 kilomètres plus loin. Contacté, ce centre hospitalier a démenti avoir reçu « ce genre de transfert » et avoir été « en contact avec le Rouvray ». Selon un document que nous avons pu consulter, ce transfert a bien été envisagé en raison d’un manque de lits, sans qu’il ne soit pour autant mis en pratique.

Un préavis de grève déposé « pour avertir les salariés »
Contrairement à ce que le dépôt d’un nouveau préavis de grève pourrait faire penser, les syndicats n’ont « pas du tout envie de repartir en grève ». Comme le soulignent les délégués CGT et CFDT, « nous nous sommes engagés à travailler à la mise en place du protocole, et nous ne faisons que ça ». Ils regrettent de ne pas pouvoir se déplacer pour soutenir « les copains » en grève à l’hôpital Pinel d’Amiens (Somme), au CHU de Saint-Étienne (Loire), ni même de pouvoir soutenir les salariés sur la sellette de l’entreprise Novandie, à Maromme (Seine-Maritime).

« On rame, ce n’est pas simple d’avancer, mais ce qu’on est allés chercher, c’est à nous, à toi et à nos patients, on veut le mettre au bon endroit », s’insurge Jean-Yves Herment. Il était des huit grévistes de la faim et réclame « des garanties » pour ne pas « bosser pour rien ». Une assemblée générale est prévue mardi 25 septembre dans le centre hospitalier, « pour avertir les salariés ». Le 27 septembre, jour du préavis, ils se rendront au colloque de l’Agence régionale de santé sur la psychiatrie, organisé à Caen (Calvados).

Aucun ne souhaite la reprise du bras de fer. Mais Anne Aubrun, déléguée Sud et gréviste de la faim, résume l’état d’esprit : « Ça dépendra de notre seuil de tolérance… » Et le Plan Santé, annoncé mardi 18 septembre par Emmanuel Macron, ne les met pas en confiance : « On ne va pas le commenter, il ne dit rien sur la psychiatrie, donc il n’y a rien à commenter. »