Le droit à la santé et à la vie

Appel à Madame Agnès Buzyn Ministre de la santé - Un réseau national de centres de santé pour lutter contre les déserts médicaux

Août 2017, par Info santé sécu social

Dr Alain FROBERT Gériatre en exercice

Les déserts médicaux sont les premiers signes de la catastrophe sanitaire en cours.

La médecine libérale traditionnelle a abandonné les territoires ruraux et abandonne aujourd’hui les villes moyennes, Paris et les quartiers défavorisés des grandes villes.

Les cotisations de millions de salariés financent notre système de protection sociale mais l’offre de soins reste pour la médecine ambulatoire quasi exclusivement libérale.

C’est ce système qui a conduit aux déserts médicaux et à la détérioration des soins dans les services d’urgence des hôpitaux.

Nous demandons la création d’ un vaste réseau de centres de santé sur l’ensemble du territoire national partout où l’offre de soins est insuffisante.

Pour que les soins ambulatoires, les actes de prévention et d’éducation sanitaire soient accessibles à tous quels que soient ses revenus, sa culture, sa situation géographique.

Nous voulons que ces soins soient de la plus haute qualité et réellement coordonnés avec le système public de santé.

Car les soins sont très inégalitairement répartis et chacun n’a pas les mêmes chances de guérir d’un accident cérébrocardiovasculaire ou d’un cancer selon l’endroit où il habite, selon son niveau de connaissances des ressources du système de santé.

La mortalité peut pour ces maladies passer du simple au triple.

Pour répondre aux besoins des usagers la médecine ambulatoire réalisée dans ces centres de santé doit intégrer plusieurs dimensions indissociables :

 La permanence de l’accueil et la gratuité des prestations

 Les actions adaptées d’éducation sanitaire et de prévention

 Des soins pluridisciplinaires centrés sur la médecine générale

 La participation des usagers et des équipes des centres à la gestion

Les professionnels de telles structures médecins généralistes et spécialistes , paramédicaux et personnel social seront tous salariés.

A ce titre, ils bénéficieront de tous les avantages des salariés en terme de temps légal de travail ,de congés payés, de protection sociale et de retraite.

Le financement de telles structures sera budgétisé et indépendant du paiement à l’acte, le principal financeur sera la sécurité sociale.

Les centres seront gérés paritairement par les représentants du personnel médical et non médical les représentants des usagers et les représentants des caisses.

La direction de chaque centre sera assurée par un(une) directeur(directrice) élu(e) par l’équipe du centre pour une période donnée.

Le réseau des centres de santé ainsi définis aura une mission de service public.

Il constituera un maillon du service public de santé, s’associant au service public des hôpitaux et du CHU de sa région sanitaire, des passerelles seront possibles pour les personnels et un système de lien informatique du dossier médical se fera entre ces structures.

La médecine libérale ne peut avoir le monopole de l’exercice ambulatoire d’autant plus que son existence même doit beaucoup aux cotisations obligatoires des salariés.

La liberté d’exercice n’a jamais voulu signifier qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul type d’exercice, la médecine libérale payée à l’acte.

C’est ce qu’a voulu défendre contre toute innovation l’Ordre des médecins qui s’est opposé par exemple au conventionnement des médecins et plus récemment aux lois de santé pourtant bien timides de Marisol Touraine.

L’ordre des médecins qui veut encore peser sur toute modification du système de santé en avançant ses propositions soit disant issues de la consultation de 35 000 médecins sans se soucier de l’avis des 165 000 autres qui ne veulent plus de son système.

L’Ordre des médecins pour lequel l’adhésion est obligatoire pour tout médecin est le premier défenseur de l’exercice libéral, il a été le défenseur de tous les archaïsmes médicaux s’opposant à la médecine de groupe, aux lois libéralisant la contraception et l’avortement.

Il représente le vieil ordre médical et grâce aux cotisations obligatoires, qui représentent chaque année un pactole de 75 millions d’euro, il garde son pouvoir d’immobilisme et de nuisance.

Les médecins qui se reconnaitront dans un nouveau service public de santé, dont le réseau national des centres de santé fera partie, ne veulent plus avoir l’obligation d’adhérer à cet ordre périmé et ne veulent plus financer ses divagations.

Les questions éthiques , le sens des soins ambulatoires, les règles déontologiques dans un service public de santé pourront être abordées par des règles communes , par des instances internes avec droit de regard des usagers.

Nous n’avons nul besoin des entraves de l’Ordre des médecins pour cela.

Pour signer la pétition  : https://www.change.org/p/un-r%C3%A9seau-national-de-centres-de-sant%C3%A9-pour-lutter-contre-les-d%C3%A9serts-m%C3%A9dicaux