Réforme retraites 2023

Attac - Le peuple bout, Macron est cuit !

Avril 2023, par Info santé sécu social

mardi 18 avril 2023, par Attac France

Attac s’est fait le relais de l’appel du mouvement social contre la réforme des retraites à boycotter l’allocution du monarque présidentiel en organisant partout devant les mairies des concerts de casseroles. Un appel dont l’écho a résonné avec des centaines de rassemblements partout en France. Le succès de cette mobilisation populaire contraste avec la solitude et le caractère prévisible du discours présidentiel.

Celles et ceux qui se sont retrouvé·es sur les places des mairies, plutôt que d’écouter le monologue présidentiel, ont fait le bon choix : dans son allocution enregistrée du lundi 17 avril, Emmanuel Macron a ressassé ses habituelles rengaines.

Il a tenté de justifier sa réforme en parlant de « changements nécessaires pour garantir la retraite pour chacun et produire plus de richesse pour notre nation ». Et de servir une nouvelle fois l’argument maintes fois démonté selon lequel « le nombre de retraités augmente » tout comme « notre espérance de vie ». S’il a reconnu que cette réforme n’était pas acceptée, il a persisté dans son obstination et son refus d’entendre l’opposition ainsi qu’une large majorité de la population en arguant que « la réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme ». Un discours révélateur de la conception qu’Emmanuel Macron a de lui et de son pouvoir : il n’y a pas d’alternative et si vous n’êtes pas d’accord, vous êtes dans l’immobilisme ou l’extrémisme.

Emmanuel Macron a présenté ses « ambitions ». Elles consistent notamment à recycler les mesures qui ont été censurées par le conseil constitutionnel en matière de pénibilité et d’emploi des seniors. Dans une présentation spécieuse de la question de la répartition des richesses, il n’a fait qu’évoquer des mécanismes comme la participation, l’intéressement et l’actionnariat salarié, évacuant la question des hausses des salaires et des cotisations qui permettrait justement d’abonder les caisses de retraite.

Revenant d’un mot sur la question des fraudes, sociales et fiscales, il a omis de préciser qu’il facilitait la seconde en supprimant des emplois dans l’administration fiscale. Et que les montants concernés sont dans des ordres de grandeurs bien différents : la fraude fiscale s’élève à 80 à 100 milliards d’euros par an, quand la fraude aux prestations sociales ne représente que 1 à 3 milliards d’euros par an. Pire, 30 à 40% des bénéficiaires des prestations sociales et minima sociaux n’en demandent pas le bénéfice, ce qui dégage une économie de 7 à 10 milliards d’euros par an.

Cela n’a pas empêché Emmanuel Macron de plaider pour un « accompagnement vers le travail » des bénéficiaires du RSA, ce qui signifie une potentielle généralisation de l’expérimentation du travail forcé des bénéficiaires du RSA.

Le président a par ailleurs déclaré que « l’État de droit est notre socle ». Il oublie que son gouvernement n’a de cesse de menacer les libertés et droits élémentaires : ainsi le Défenseur des droits a-t-elle récemment dénoncé l’affaiblissement de la liberté d’association tandis qu’un de ses ministres a remis en cause les subventions de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), que les Soulèvements de la terre sont menacés de dissolution, et que les interpellations classées sans suite se multiplient depuis un peu plus d’un mois en toute impunité.

« L’apaisement » appelé des vœux d’Emmanuel Macron aurait pu prendre une forme simple : le retrait de la réforme des retraites. Et une rupture franche avec la politique qu’il a mené avec brutalité au service des plus riches : augmentation des salaires, réforme fiscale incluant taxation sur les superprofits, taxe sur les transactions financières, impôt sur la fortune, lutte contre l’évasion fiscale, plan d’investissement dans une véritable transition écologique, développement des services publics et de la protection sociale…

On en est loin : non seulement Emmanuel Macron n’a changé en rien d’orientation, mais au contraire, il l’a confirmée. Or, elle est massivement rejetée par la population. Le combat contre la réforme des retraites, et pour une véritable justice fiscale, sociale et écologique, continue plus que jamais.

Les plus de 370 rassemblements recensés hier le montrent, ainsi que l’avalanche de messages nous sont parvenus pour signaler ces initiatives dans des petits villages comme des grandes villes : un bouillonnement démocratique s’exprime partout en France, contre le coup de force du gouvernement. Et la mobilisation s’amplifie dans tout le territoire.

D’ici le 1er mai, journée de mobilisation qui doit être massive, Attac appelle à un rassemblement large des forces progressistes, et soutiendra les initiatives qui fleurissent déjà et reflètent la détermination de la population pour qui le chemin démocratique est loin d’être terminé. Ce jeudi 20 avril, les syndicats majoritaires du rail appellent à un jeudi noir, une fenêtre dont il faut se saisir pour maintenir la pression et exiger l’abrogation de la loi portant réforme des retraites.