Les retraites

BFM TV : 62 ans, 64 ans : l’âge de départ, point critique de la réforme des retraites

Août 2019, par infosecusanté

62 ans, 64 ans : l’âge de départ, point critique de la réforme des retraites

Frédéric Bergé avec AFP (Aurélie Carabin)
Le 3 Aout 2019

La fixation d’un âge de départ à taux plein est le point critique du (futur) nouveau système de retraite. Mais cet âge risque d’évoluer également avec l’équilibre financier du système et avec l’espérance de vie Il pourrait donc, à terme, s’avérer différent selon les générations à venir. Voici quelques sont les grandes questions posées autour de l’âge de départ dans la future réforme.

Un âge de départ à géométrie variable
L’âge dépendra des situations... et du niveau de pension souhaité. L’instauration d’un "âge du taux plein", de 64 ans pour la génération née en 1963, est assorti d’un système de décote/surcote.

Concrètement, les travailleurs verront leur pension minorée de 10% s’ils partent à 62 ans, de 5% à 63 ans. A 65 ans, ils bénéficieront au contraire d’une majoration de 5%, et de 10% à 66 ans. L’âge du taux plein devant évoluer avec l’espérance de vie, il atteindrait, selon les projections actuelles, 65 ans et 5 mois pour la génération 1980, et 66 ans et 3 mois pour la génération 1990.

Quid des régimes spéciaux ?
Les régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF) disparaîtront à terme mais des "départs anticipés" seront conservés pour les militaires. Chez les fonctionnaires de catégorie active, la possibilité de partir à 52 ou 57 ans sera maintenue uniquement pour les métiers régaliens dangereux (policiers, douaniers, etc.).

Les autres, comme les aides-soignantes, seront soumis aux mêmes règles que le privé et auront accès au compte professionnel de prévention (ancien compte pénibilité) permettant de partir avant 62 ans. Les départs à 60 ans persisteront pour les "carrières longues" entamées avant 20 ans.

Pourquoi instaurer un "âge du taux plein" ?
La nouvelle borne collective à 64 ans vise à assurer l’équilibre financier du système et des "retraites satisfaisantes" en incitant à "travailler plus longtemps", comme le veulent le gouvernement et le patronat. Elle compense ainsi la disparition dans le régime à points du mécanisme actuel de décote/surcote en fonction du nombre de trimestres cotisés, qui sert de référence pour calculer la retraite à taux plein.
Le Haut-Commissaire propose que l’âge du taux plein soit le même pour tous, contrairement à aujourd’hui où il est compris entre 62 et 67 ans en fonction de la durée travaillée.

Pour ne pas avoir de décote, les personnes nées en 1960 doivent valider 167 trimestres, une durée progressivement portée à 172 trimestres (43 ans) pour les personnes nées en 1973 et après, en vertu d’une réforme du précédent gouvernement. Hors départs anticipés pour carrières longues ou critères de pénibilité, "l’âge de départ moyen à la retraite est déjà de 63,4 ans", souligne Jean-Paul Delevoye qui insiste : "l’âge minimal ne peut toutefois pas constituer la référence de départ, sauf à remettre en cause l’équilibre du système et le niveau des retraites". Enfin, dans le cadre de la réforme proposée, les personnes aux carrières incomplètes qui, comme 20% de femmes, sont aujourd’hui contraintes d’attendre 67 ans, l’âge de l’annulation de la décote, pourront à l’avenir partir plus tôt, fait-il valoir.

Pourquoi les syndicats s’y opposent-ils ?
L’instauration d’une décote avant 64 ans est unanimement rejetée par les syndicats, certains y voyant un décalage de fait de l’âge de départ. "Les 62 ans deviennent complètement virtuels", estime ainsi le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, quand son homologue de la CGT, Philippe Martinez, dénonce un "enfumage". Tous deux appellent à la mobilisation, respectivement les 21 et 24 septembre.

À la CFTC aussi, "ça coince", selon sa négociatrice, Pascale Coton. Certaines femmes pourront partir plus tôt, soit, "mais combien elles vont toucher ?", s’interroge Dominique Corona, pour l’Unsa. Même la CFDT, demandeuse d’un système universel, y voit un "point rouge" et une mesure "injuste", selon son numéro un, Laurent Berger, qui plaide pour "davantage de libre choix" en fonction des carrières de chacun.

Enfin, certains redoutent que la mesure ne serve à l’avenir à justifier la modification de paramètres dans le régime actuel (accélération du calendrier allongeant la durée de cotisation, décote renforcée...), un temps envisagée par le gouvernement dès 2020 pour réaliser des économies.