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Bfmtv.com : "Les pauvres sont des fraudeurs" : des associations partent en guerre contre les idées reçues

Janvier 2017, par infosecusanté

BFMTV.com

"Les pauvres sont des fraudeurs" : des associations partent en guerre contre les idées reçues

 06/01/2017

"Les chômeurs ne veulent pas travailler", "les pauvres sont des fraudeurs" : autant d’idées reçues que certains responsables politiques continuent de relayer. Excédées, une cinquantaine d’associations luttant contre la précarité lancent une campagne, jusqu’à l’élection présidentielle, pour démonter ces préjugés.

"Ne pas laisser dire n’importe quoi", c’est l’objectif affiché d’une cinquantaine d’associations de lutte contre la précarité. Excédées par les discours de certains politiques qui relaient des idées reçues sur les pauvres, elles lancent une campagne dans l’espoir de barrer la route à ces préjugés.

"Dire aujourd’hui que quelqu’un est chômeur parce qu’il ne cherche pas de travail, c’est une contre-vérité évidente. Il y a 300.000 emplois vacants et 3,5 millions de chômeurs. Dire qu’un SDF est sans domicile fixe parce qu’il n’a pas d’emploi c’est faux. Un SDF sur quatre a un emploi mais n’a pas de logement adapté", s’indigne François Soulage, le président du collectif d’associations "Alerte".

Il s’agit d’"affronter directement les candidats qui les relaient", a expliqué Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, lors d’une conférence de presse mercredi dans un centre d’hébergement parisien. "C’est un exercice un peu nouveau pour nous" mais "les associations en ont assez d’êtres sages. On ne peut pas subir un tel décalage entre la réalité de ce que vivent les personnes (...) et les discours politiques".

Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, les différents candidats tiennent à montrer qu’ils se préoccupent des plus démunis : Vincent Peillon en visite dans un centre d’hébergement, François Fillon dans un local d’Emmaüs. Pourtant les propos que tiennent certains hommes politiques continuent de réveiller la colère des organisations.

Dénoncer les "contre-vérités"

"Mieux vaut être migrant que sans-abri français" (pour bénéficier d’aides), "les étrangers volent le travail des Français", "les allocations chômage n’incitent pas à la reprise de l’emploi", "la protection sociale coûte beaucoup trop cher et ne sert à rien" : autant de phrases stigmatisantes que les associations comptent démonter.

"Nous dénoncerons les contre-vérités et l’instrumentalisation de la misère humaine à des fins politiciennes", a ajouté Florent Gueguen, directeur général de la Fnars, la Fédération des acteurs de la solidarité.

"Notre objectif, in fine, c’est que cette campagne présidentielle n’oublie pas les neuf millions de personnes qui vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté, qui sont très largement exclues du débat politique, exclues des propositions et des priorités des principaux candidats à l’élection".

"Un million de pauvres de plus en dix ans"

Selon l’Insee, le taux de pauvreté, c’est-à-dire la proportion de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté monétaire (60% du niveau de vie médian) de 1.008 euros par mois, a progressé de 0,2 points à 14,3% en 2015.

Avec "un million de pauvres de plus en dix ans", "50% de SDF en plus entre 2001 et 2012" et "une augmentation de 24% des expulsions locatives l’an dernier", "on est sur une pente extrêmement dangereuse", a alerté Christophe Robert. "Il faut obliger les candidats à partir de ce qu’est la réalité", a-t-il souligné.

"Si on arrive à faire comprendre que le RSA (revenu minimum pour personnes sans ressources, fixé pour un allocataire à 535,17 euros) ne permet pas de vivre dignement, on peut faire comprendre et accepter l’idée d’une augmentation du RSA", a cité François Soulage en guise d’exemple.

La campagne, qui débutera réellement fin janvier, se déclinera en un site démontant les idées fausses, des plateformes rassemblant les propositions des associations, et des visuels relayés sur les réseaux sociaux.

M.C.M. avec AFP, Johanne Portal et Pierre Corrieux