Les retraites

Capital - Budget de la Sécurité sociale un effort pourrait être demandé aux retraités

Août 2020, par Info santé sécu social

ADELINE LORENCE PUBLIÉ LE 31/07/2020

Le député Modem, Cyrille Isaac-Sibille, a été nommé rapporteur de la partie assurance vieillesse du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021. S’il imagine qu’en cette période certaines prestations comme les pensions pourraient être sous-revalorisées, il espère pouvoir réussir à mettre l’accent sur les questions de prévention.

Capital : À l’automne, comme tous les ans, le budget de la Sécurité sociale pour 2021 sera débattu au Parlement. Celui-ci, plus que les autres, sera contraint à cause d’un fort manque de ressources ?
Cyrille Isaac-Sibille  : Pour le moment, nous ne connaissons pas encore précisément les chiffres. Bien sûr, nous savons qu’il y aura une baisse des ressources liée au recul de la masse salariale mais aussi aux dépenses maladie supplémentaires. Il va donc être compliqué, dans ces circonstances et sans connaître précisément les chiffres, de savoir quelle teneur aura ce PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale, NDLR). Du côté de la branche vieillesse, en ce qui me concerne, je veux faire le lien entre la santé au travail, la prévention, la retraite et l’autonomie.

Capital : Olivier Véran, le ministre de la Santé, a déjà annoncé que, pour ce futur budget, un milliard d’euros sera consacré à l’autonomie, mais pour quelles actions ?
Cyrille Isaac-Sibille : Nous devons rapidement mettre les moyens pour la revalorisation des métiers liés au grand âge et notamment pour le personnel travaillant dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Mais je plaiderai aussi pour qu’une partie de ce budget soit consacrée à la prévention et au vieillir en bonne santé. Si le personnel est mieux formé sur la prévention ce sera forcément un gain pour les personnes âgées. Le rôle de ce PLFSS sera aussi d’amorcer la pompe pour le financement de la future loi sur le grand âge et l’autonomie.

Capital : Qui dit nouvelles dépenses dit aussi nouvelles recettes. Pensez-vous qu’il faudrait demander un effort aux retraités ?
Cyrille Isaac-Sibille : Même si rien n’est encore défini, il risque d’être difficile l’année prochaine de revaloriser toutes les pensions au même niveau. On pourrait, comme cette année, se retrouver avec des évolutions différentes (En 2020, les retraités gagnant moins de 2.000 euros ont bénéficié d’une revalorisation de 1% de leur pension contre 0,3% pour ceux gagnant plus, avec des seuils intermédiaires pour ceux gagnant entre 2.000 et 2.014 euros, NDLR). Mais il faut que l’on réfléchisse à un meilleur mécanisme pour éviter les effets de seuil car cette année certains retraités (dont les revenus oscillent entre 2.000 et 2.014 euros, NDLR) devront attendre octobre pour se voir appliquer leur juste revalorisation.

Capital : Où comptez-vous trouver d’autres recettes ?
Cyrille Isaac-Sibille : Une commission d’enquête sur la fraude sociale doit rendre ses conclusions en septembre. Il faudra voir en fonction de cela sur quels thèmes nous pourrions faire des économies. Je pense notamment aux fraudes qui peuvent exister sur la retraite. Il est fondamental d’aller chercher les économies. Nous allons aussi devoir attendre le rapport de Laurent Vachey, qui doit être remis le 15 spetmebre, sur la préfiguration de la 5e branche de la Sécurité sociale pour estimer les réels besoins et réfléchir à la façon de trouver un équilibre entre le financement de l’autonomie et de la retraite.

Capital : Faudra-t-il envisager de créer une nouvelle cotisation pour financer la perte d’autonomie ?
Cyrille Isaac-Sibille : Il faut mener une réflexion sur ce sujet et d’abord travailler sur l’acceptation de la cotisation. C’est une question d’approche. Si vous voulez faire cotiser un jeune de 20 ans pour l’autonomie, il faut lui expliquer que cela peut servir pour les personnes âgées mais aussi pour lui, si à la suite d’un accident il se retrouve handicapé.