Le social et médico social

Centre d’observation de la société - Le nombre d’allocataires du RSA diminue depuis 2021

Octobre 2022, par Info santé sécu social

Le nombre de foyers allocataires du RSA baisse nettement. En juin 2022, il atteignait 1,88 million, soit 195 000 de moins que depuis janvier 2021 selon le ministère des Solidarités1. Il se situe désormais à un niveau inférieur à celui de la crise sanitaire et au plus bas depuis 2017. Notre modèle social a joué son rôle d’amortisseur et le soutien public massif à l’activité a évité une récession qui aurait fait basculer une grande partie de la population dans la pauvreté.

Pour autant, le nombre de ménages allocataires demeure très élevé, largement supérieur aux 1,2 million des années 2000. Le RSA n’est d’ailleurs qu’un indicateur parmi d’autres de la pauvreté, que l’on pourrait qualifier d’« administrative » parce que, sous certaines conditions, elle reçoit un soutien de la collectivité. Bref, la prudence reste de mise.

Le nombre global de ménages allocataires de minima sociaux, toutes prestations confondues, a fortement progressé entre 2010 et 2015, marqué une pause, puis a augmenté à nouveau entre 2017 et 20202, avec une progression très nette 2020 du fait de la crise sanitaire. Il a dépassé les quatre millions en 2020, ce qui correspond à environ sept millions de personnes couvertes. Ce chiffre regroupe quatre principales allocations : le RSA (personnes pauvres de plus de 25 ans), l’allocation de solidarité spécifique (chômeurs en fin de droits), l’allocation adulte handicapé et le minimum vieillesse.

Jusqu’à la fin des années 2000, hormis la phase de montée en puissance du revenu minimum d’insertion au début des années 1990, le nombre total de foyers allocataires de minima sociaux stagnait autour de trois millions. La hausse de la pauvreté des adultes (RMI puis RSA) était compensée par la baisse de celle des plus âgés (minimum vieillesse ou veuvage). La réduction du nombre de personnes âgées pauvres était liée en particulier à l’amélioration du niveau de retraite des femmes, du fait de la hausse de leur taux d’activité depuis les années 1970.

Depuis le milieu des années 2000, le nombre d’allocataires du minimum vieillesse semblait avoir atteint un plancher. Les carrières professionnelles des femmes continuent à s’améliorer et elles sont donc sont moins nombreuses à toucher le minimum vieillesse, mais de plus en plus de salariés arrivent à l’âge de la retraite avec des pensions amputées par les effets de période d’inactivité, de chômage ou de temps partiel notamment. En 2019, pour la première fois depuis le début des années 1990, on a constaté une augmentation du nombre d’allocataires. Elle est marquée pour l’année 2020, mais elle résulte surtout de l’effet de la revalorisation de cette allocation (+ 100 euros mensuels entre 2018 et 2020).

Le nombre de ménages qui touchent l’allocation de solidarité spécifique (chômeurs en fin de droits) reste stable, voire diminue depuis 2015. En revanche, celui de ceux qui perçoivent l’allocation adulte handicapé a progressé de manière continue depuis 20 ans, dépassant le million. Ceci s’explique par sa revalorisation, mais reflète aussi un retrait du marché du travail de personnes marquées physiquement. Pour partie, il s’agit d’une politique de traitement du chômage : les allocataires n’étant plus comptabilisés comme demandeurs d’emploi. Enfin, le nombre d’allocataires du RSA, qui diminue donc aujourd’hui, a augmenté de 35 % au cours des dix dernières années.

Le nombre total d’allocataires de minima sociaux s’est fortement accru entre 2008 et 2015 (+ 25 %). Après une pause entre 2015 et 2017, il a repris sa progression. Une rupture de série à partir de 2016 rend difficile les comparaisons pour les années récentes, mais si l’on utilise la nouvelle méthodologie, le nombre total d’allocataires a augmenté de 6 % (+ 220 000 personnes) entre 2018 et 2020, en partie du fait de la crise, en partie aussi des revalorisations.

Si l’activité économique redémarre, le nombre d’allocataires devrait se réduire dans les prochaines années, avec la baisse du chômage. L’enjeu aujourd’hui est surtout que ces allocations continuent à suivre, au minimum, le rythme de l’inflation et ne perdent pas de pouvoir d’achat. Pour les plus âgés cependant, l’amélioration des carrières féminines ne compensera pas toujours les effets du chômage et de la précarité sur l’ensemble des carrières à long terme sur les générations qui arrivent à l’âge de la retraite, qui sont encore celles nées à la fin des années 1950 et au début des années 1960, mieux loties que les suivantes.

Notes :

Les données portent sur des ménages, qui peuvent être composés de plusieurs personnes. En moyenne, on en compte 1,6 par foyer allocataire