Les mobilisations dans les hôpitaux

Communiqué de presse du Collectif Inter Hôpitaux

Janvier 2020, par Info santé sécu social

Le 17 Janvier 2020

Six représentants du CIH parmi les 1101 praticiens démissionnaires, ont rencontré le 17 janvier 2019, pendant plus de 2h30, la Ministre de la Santé, ses collaborateurs, et deux présidents de conférences de CME (de CHU et de CHG), et résument ci-dessous les divers points abordés.

« Nous avons alerté la Ministre à plusieurs reprises sur l’urgence d’envoyer un signal fort aux personnels hospitaliers non médicaux en leur attribuant 300 euros nets mensuels d’augmentation, pour espérer stopper l’hémorragie en améliorant l’attractivité. La ministre a insisté sur la grande disparité géographique des situations hospitalières. Pour elle globalement les CHG ont peu de problèmes paramédicaux mais une pénurie médicale alors que les CHU sont dans la situation inverse.

Pour la ministre et son équipe la question des effectifs n’est pas liée à une revalorisation des salaires mais une meilleure organisation des services afin d’éviter l’absentéisme et la fuite vers le libéral. Nous avons insisté largement sur le fait que les sources de l’absentéisme étaient liées aux conditions de travail à flux tendus permanents, déplacements de postes, absence de remplacements de grossesses et maladies ordinaires. Ces conditions sont issues directement du manque de moyens et d’effectifs. Cette remarque n’a pas été prise en compte ou évoquée pour des groupes de réflexion futurs. Madame la Ministre n’a toujours pas entendu notre message.

Concernant l’ONDAM hospitalier, la Ministre n’a pas accepté de discuter une augmentation supplémentaire de l’ONDAM hospitalier par rapport à ce qui a été voté en novembre 2019 (+ 2,3%). Par conséquent, la Ministre a refusé une augmentation générale des salaires, considérant que les primes spécifiques octroyées en novembre pourraient résoudre le problème de l’attractivité. Nous ne partageons absolument pas son analyse. Les infirmières françaises ont une rémunération au 28ème rang sur 32 pays de l’OCDE.

Nous lui avons également demandé des précisions sur la reprise de la dette. La Ministre a indiqué que la reprise de la totalité de la dette n’était pas envisageable ni souhaitable. Selon elle, la reprise du 1/3 de la dette sur 3 ans (10 Milliards sur 3 ans) permettrait aux hôpitaux publics d’économiser 800 Millions à 1 Milliard d’euros en évitant de payer les intérêts concernés par cette reprise partielle. L’argent économisé devrait être utilisé pour des investissements ou de l’emploi. Nous avons attiré son attention sur le fait qu’avec un ondam déficitaire les directions des hôpitaux risquaient d’utiliser cet argent pour combler leur déficit. Ce processus nécessite de toute façon un projet de loi qui ne pourra être voté qu’au cours de l’été et ne s’appliquera qu’en fin d’année 2020. Nous lui avons proposé que ce montant soit débloqué de façon anticipée grâce à un correctif budgétaire immédiat afin d’augmenter les salaires des soignants. La ministre a évacué cette possibilité et n’a donné aucune précision et garantie sur l’utilisation de cette somme ni même clairement sur son montant (d’autres organismes ne validant pas son calcul).

En ce qui concerne le mode de financement des hôpitaux (qui passe par la tarification à l’activité, T2A), la Ministre a confirmé la volonté du Gouvernement de passer à moins de 50% de T2A. Elle a parlé de groupes de travail incluant des CME et sociétés savantes qui devraient se mettre en place pour discuter d’alternatives à ce système. Les délais dans lesquels des changements pourraient intervenir n’ont pas été précisés. L’année d’exercice de la Taskforce sur des financements alternatifs semble avoir été perdue et la mise en place d’un financement MCO hors T2A reste donc de l’ordre des discussions.

Concernant la Gouvernance, la Ministre a annoncé sa volonté d’impliquer les soignants, médecins et usagers, et n’a pas écarté la possibilité de modifier la Loi HPST dans ce sens. Elle a affirmé sa volonté de redonner de l’importance aux services, sans en préciser les modalités.

En conclusion : la Ministre a convenu que l’Hôpital Public avait été sacrifié au cours des 10 dernières années par une politique d’austérité mais n’a visiblement pas compris l’urgence de la situation à savoir le risque d’effondrement imminent du système hospitalier public. Elle continue à penser que les mesures qu’elle a annoncées en novembre seront suffisantes et nous a même proposé un rendezvous dans 2 mois pour en mesurer ensemble les effets … » Ce n’est pas ce que nous demandions.

Nous n’avons donc pas pu obtenir de réponses aux demandes communes des collectifs et syndicats. Nous ne partageons pas du tout l’optimisme de la Ministre et restons très inquiets sur l’état actuel et l’avenir proche de l’hôpital public. Nous appelons tous les personnels des hôpitaux publics et les usagers à poursuivre le mouvement pour un plan d’urgence digne de ce nom. Le nombre de démissions de chefs de service et de structures continue d’augmenter.

Nous appelons avec les collectifs et les syndicats à une journée de grève des soins programmés et de manifestation le vendredi 14 fevrier. Nous n’acceptons pas de laisser mourir l’hôpital public.

Stéphane Dauger, Hélène Gros, Agnès Hartemann, Jean Luc Jouve, Xavier Mariette et Antoinette Perlat