Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Covid : l’ombre d’une nouvelle vague, le risque...

Juin 2021, par Info santé sécu social

Covid : l’ombre d’une nouvelle vague, le risque du plafond vaccinal

Il faudrait vacciner au moins 80% de la population pour éviter un rebond épidémique à la rentrée... et la France en est encore très loin.

par Nathalie Raulin
publié le 25 juin 2021

L’appétence des Français pour le vaccin s’émousserait-elle ? La campagne vaccinale donne des signes d’essoufflement d’autant plus préoccupants que le variant delta menace. Depuis le 18 juin, le nombre de candidats à la primo-injection est en net recul. Selon les relevés de la Direction générale de la santé, du 9 au 23 juin, le nombre de premières doses est passé de 406 000 à 236 600. Dans le même temps, les injections pour la deuxième dose ont bondi de 278 400 à 443 700. « 200 000 primo-injections par jour, c’est trop peu, a regretté jeudi le Premier ministre, Jean Castex, lors de son déplacement dans les Landes. Il faut faire beaucoup mieux. »

C’est qu’on est encore très loin du seuil minimal de 80% de la population immunisée qui éloignerait un risque de rebond épidémique à la rentrée : le 23 juin, 26,5 % de la population (17,6 millions de personnes) étaient totalement vaccinés, 48,8 % (32,7 millions de personnes) étant en attente d’une deuxième dose. Il s’en faut encore d’une quinzaine de millions de personnes pour que le compte y soit.

Indifférents et réticents

Pour éviter la panne, l’exécutif fait feu de tout bois. L’instauration du pass vaccinal, sésame pour prendre l’avion ou participer à de grands événements, tout comme l’ouverture des vaccins aux 12-18 ans à la mi-juin, a permis d’alimenter la demande devenue chancelante à l’approche de l’été. L’obligation de recevoir le rappel dans son centre de vaccination initial y a contribué, nombre de futurs estivants ayant différé leur intention de vaccination. La décision du ministre de la santé, Olivier Véran, de ramener à trois semaines le délai entre deux injections de Pfizer ou de Moderna n’a pas suffi à relancer la machine vaccinale.

Car la campagne rentre dans le dur. Il s’agit désormais de toucher les indifférents et les réticents, à défaut des ouvertement hostiles. Quitte à user de la menace : si la « couverture vaccinale des soignants » ne progresse pas, « je pourrais être amené à proposer une vaccination obligatoire […] vraisemblablement en septembre », a indiqué ce jeudi un Véran indigné que le taux de vaccination des soignants en Ehpad plafonne à 42 %.

« Course de vitesse »
L’enjeu principal est d’emporter la conviction, d’abord des plus susceptibles de développer des formes graves (personnes de plus de 65 ans restées à l’écart d’un mouvement vaccinal qui touche désormais 85 % de leur classe d’âge, personnes atteintes de comorbidité, publics précaires ou marginalisés). Une stratégie à laquelle la Caisse nationale d’assurance maladie prend une part active : « Nous sommes engagés dans une course de vitesse entre la vaccination et le variant indien », insiste le docteur Dominique Martin, médecin-conseil national. Mardi, 3 millions de SMS ont ainsi été adressés aux bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire pour les inviter à appeler un numéro coupe-file pour obtenir un rendez-vous. Grâce aux partenariats noués avec des associations caritatives et des collectivités locales, on peut se faire vacciner dans les antennes des Restos du cœur ou dans les bus itinérants aux pieds des tours des quartiers… Quant aux Français atteints de comorbidités, 1,2 million de personnes atteintes d’affections longue durée ont à leur tour reçu un SMS, ce jeudi, les alertant sur la possibilité d’un rendez-vous prioritaire.

« On travaille aussi à une « offre rebond », précise le docteur Martin. Chaque assuré social qui contactera sa caisse, pour quelque motif que ce soit, se verra proposer une offre d’accompagnement pour décrocher un rendez-vous vaccinal. » Les médecins traitants sont aussi mis à contribution. Début juillet, la liste de leurs patients non vaccinés leur sera communiquée. A charge pour eux de faire pencher la balance en faveur du vaccin.