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Essonne Info - L’ARS veut-elle mettre fin aux associations de santé ?

Mars 2016, par Info santé sécu social

Par Féliciane Barré | Publié le vendredi 4 mars 2016

C’est un grand changement qui s’annonce dans le domaine de la santé. L’Agence Régionale de Santé (ARS) met actuellement en place un nouveau schéma directeur. De ce fait, des associations essonniennes de santé risquent de disparaître.

La santé est devenu un sujet primordial pour la population. Il est maintenant nécessaire de faire de la prévention ou bien d’accompagner au mieux les personnes malades. L’Agence Régionale de Santé (ARS) est là pour mettre en place des politiques de santé dans chaque région. Elle a de larges compétences sur le champ de la santé dans toute sa globalité allant de la prévention aux soins à l’accompagnement médico-social. De plus, elle finance des associations départementales de santé qui s’investissent dans ce domaine. En Essonne, quelques-unes peuvent perdurer grâce à ce financement.

Cependant, depuis quelques temps, ces associations sont menacées. En effet, l’ARS souhaite créer un nouveau réseau tri-thématique unique regroupant l’oncologie, la gérontologie et les soins palliatifs. Ainsi, la longévité de ces associations se voit être assombrie puisque cela va engendrer la dissolution de celles-ci. En Essonne, elles sont quatre à être en danger. Essononco, un des réseaux de cancérologie, Hippocampes le réseau de gérontologie et enfin Népale et SPES, associations s’occupant des soins palliatifs. Toutes ne seront plus que souvenir à compter du 1er janvier 2017, date à laquelle doit être prêt ce nouveau schéma régional. Bien que l’Essonne soit impactée par ce changement, ce n’est pas le seul département. En effet, cela s’appliquera à tous les départements de France. Un bouleversement qui n’est pas apprécié par tout le monde.

Un nouveau réseau pour l’ARS

L’agence Régionale de Santé a décidé de changer le fonctionnement des réseaux qui gèrent l’oncologie, la gérontologie et les soins palliatifs. La cause de ce changement ? La Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) a publié en octobre 2012 un guide méthodologique à l’attention des ARS. Son titre est plus que révélateur : « Améliorer la coordination des soins : comment faire évoluer les réseaux de santé ? ». Suite à cela, l’organisation des réseaux de santé est remis en question et se doit d’appliquer des changements. « Conformément à ce guide, la réorganisation des réseaux de santé pluri-thématiques territoriaux s’axe principalement autour des thèmes gérontologie, cancérologie et soins palliatifs » affirme l’ARS. Par ce biais, tous les départements de France se doivent de changer leur fusil d’épaule.

L’Essonne sera, bien entendu, impactée par ces modifications. En effet, Essononco, Hippocampes, Népale et SPES seront dissoutes pour laisser place à un réseau qui divisera le département en deux : le nord et le sud. « La création d’un réseau tri-thématique sur l’infra-territoire Nord et l’infra-territoire Sud de l’Essonne permettra de renforcer la cohérence des parcours de santé d’une part, en optimisant les moyens matériels et humains existants sur le territoire et d’autre part, en mettant en place les outils nécessaires à la coordination de l’offre de soins et les services autour du patient » explique l’ARS. Depuis la publication de la méthodologie, l’ARS travaille à la création de ce nouveau réseau qui est long et fastidieux à mettre en place : trouver des infrastructures, des professionnels de santé voulant participer à ce réseau et tout terminer avant la date butoir.

Du côté des associations en Essonne, c’est l’incompréhension et la colère. Leurs dissolutions, ils ne l’a comprennent pas.

Essononco : une aide précieuse

« Ca fait douze ans que l’association existe » rappelle Moshé Itzhaki, directeur d’Essononco. Cette association fait partie du réseau de cancérologie du département. Elle prospère depuis longtemps et aide les personnes atteintes de cancer. Bien qu’elle ne prodigue pas de soins, elle assure la coordination entre la ville et l’hôpital. Ainsi, elle permet de préserver la qualité de vie des patients qui peuvent, parfois, se renfermer après leur séjour à l’hôpital, avec des soins prodigués en ville. Pour se faire, ce sont sept personnes qui travaillent à plein temps pour ce réseau.

La qualité de vie des patients et donc essentielle pour Essononco. « On veut améliorer la vie de ces malades et les aider, c’est notre vocation » commente Moshé Itzhaki. L’association fait bénéficier les patients d’une évaluation par l’équipe de coordination et leurs besoins sont pris en considération. Ainsi, les patients peuvent être directement mis en relation avec des organismes de financements, des psychologues ou des diététiciens. C’est un large service qu’apporte cette association. Les patients peuvent également participer à des ateliers en fonction de leurs besoins : activités physiques adaptées, sophrologie ou un retour à l’emploi.

Ce n’est pas tout. Les liens entre les patients sont également très forts et un point important à Essononco. Un comité de patients a été créé pour leur permettre d’échanger entre eux et ainsi leur permettre de garder un lien avec des personnes ayant le même parcours. De plus, il y a un an et demi, l’association a mis en place un évènement baptisé « Les Conviviales ». C’est en septembre 2015 qu’à eu la première édition à Morsang-sur-Orge dans le parc du château. Ce fut un vrai succès. « C’était dans une ambiance chaleureuse avec de stands, des patients qui pouvaient parler, c’était animé et c’était vraiment bien » confie Marjolaine Rauze, maire de Morsang-sur-Orge. Tout cela a permis un fonctionnement efficace et l’association a réussi à s’ancrer sur le territoire.

Des élus sur le front

Pourtant, la situation est sur le point de changer. Avec le nouveau réseau unique que l’ARS veut mettre en place, cela implique la disparition d’Essononco. « Ils veulent la faire disparaître car autre chose va se mettre en place » raconte, tristement, Moshé Itzhaki. « Je ne pense pas que ce soit une bonne décision, ce sera beaucoup plus général et donc moins efficace » poursuit-il. En effet, si l’ARS va jusqu’au bout, c’est un réseau au Nord et un autre au Sud qui va se créer. Un division qui ne plaît pas. « C’est contraignant de devoir amener un autre réseau alors que nous sommes bien implanté sur le territoire » déplore Moshé Itzhaki. Pour ne pas que son association ne disparaisse, Moshé Itzhaki a contacté le Conseil départemental mais aussi les maires de l’Essonne pour qu’ils le soutiennent dans sa démarche. « Une des patientes a lancé une pétition sur internet pour que les choses bougent » raconte Moshé Itzhaki. Cette patiente, c’est Florence qui a été atteinte d’un cancer et qui a pu refaire surface grâce à Essononco. « Sur les conseils des médecins et de l’hôpital je suis allée dans cette association » se souvient-elle. « On ne s’en rend pas forcément compte mais on a tendance à se renfermer. Et le fait d’y aller, ça m’a vraiment changer la vie ». Florence n’est pas la seule patiente à avoir fréquenter Essononco. Alors lorsque la rumeur de sa disparition a fait surface, ça a été un choc. « Je ne comprends pas pourquoi on veut la faire disparaître. Ils propose plein d’activités, on rencontre des patients mais aussi des spécialistes. Ca marche bien et on espère tous que ça va continuer ».

Les patients ne sont pas les seuls à crier à l’injustice. Des maires du département soutiennent Essononco, parmi eux, les maires de Morsang-sur-Orge ou Dourdan. « On a déjà un réseau départemental qui fonctionne bien et qui est cohérent avec les structures hospitalières. Créer ce réseau unique, ça va casser quelque chose » assure Marjolaine Rauze, maire de Morsang-sur-Orge. « Ce n’est pas justifiable. Essononco fonctionne parfaitement et donne de vrais résultats. Il va falloir se battre pour qu’elle reste en place » termine-t-elle. Bien que le réseau ne soit mis en place qu’en 2017, l’avenir d’Essononco mais aussi des autres associations reste flou. Aucune solution fiable n’a été proposée pour l’instant. « C’est le début de la bataille » lance Maryvonne Boquet, maire de Dourdan. « Je vais à une commission de l’ARS la semaine prochaine et je vais essayer de faire porter le message. Le réseau est bien ancré dans le département et il est fédéré avec plusieurs établissements hospitaliers, pourquoi tout changer ? ». Pour l’instant, l’ARS campe sur ses positions et précise que ce changement ne peut être que positif. « L’objectif de cette évolution nationale et, dans le cas présent, des futurs réseaux tri-thématiques Nord et Sud Essonne est de promouvoir, de faciliter et d’améliorer une offre de soins coordonnée, de proximité, de qualité et adaptée aux besoins des patients en situation de dépendance, atteints de pathologie cancéreuse ou nécessitant des soins palliatifs, et de prise en charge de la douleur » annonce l’ARS.

L’avenir d’Essononco, Hippocampes, Népale et SPES est donc flou. Leur existence ne tient qu’à un fil. Pourtant, certaines de ces associations se mobilisent. C’est le cas d’Essononco qui a lancé une pétition pour appeler à la survie du réseau de cancérologie.