L’hôpital

France 3 Bretagne : Santé : pourquoi les Urgences saturent comme le dénonce le syndicat Sud ?

Février 2020, par infosecusanté

France 3 Bretagne : Santé : pourquoi les Urgences saturent comme le dénonce le syndicat Sud ?


Jeudi 30 janvier à Rennes, les Urgences auraient pris en charge 73 patients, contre 23 places dans ce service. "C’est plus de 300% d’occupation" alerte SUD Santé Sociaux du CHU de Rennes. Le cas n’est pas isolé. Quelles sont les raisons de cette "saturation" ? Les explications divergent.

Par Séverine Breton avec Valérie Chopin

Publié le 31/01/2020

Plus de 300% d’occupation ! Le pourcentage interpelle. C’est le syndicat Sud Santé Sociaux du CHU de Rennes qui tire ainsi la sonnette d’alarme.

Dans un communiqué, il détaille : "Ce matin, avec 73 patients pour 23 places dans les couloirs et les boxes d’accueil, les urgences sont saturées à plus de 300%. Les soignants nous ont contactés pour alerter sur le danger en cours. Certains, en pleurs, sont au bord de l’effondrement."

Le cas n’est pas isolé. Quelques jours plus tôt, à Brest cette fois, 86 malades et blessés ont dû patienter des heures dans les couloirs des urgences du centre hospitalier. Le 14 janvier, à Quimper, une salle a même dû être ouverte pour accueillir 12 personnes qui attendaient sur des brancards.

Une situation que la direction du CHU de Rennes ne nie pas : "Hier (ndlr : jeudi 30 janvier) aux Urgences on a eu cumul de 3 à 4 jours avec un nombre plus important de patients : entre 170 et 200 personnes arrivant toutes les 24heures, contre 160 en moyenne. Un cumul un peu difficile pour les équipes des urgences" reconnaît Julie Courton, de la direction des ressources humaines.
Manque de bras ?

Quelles sont les raisons d’une telle "saturation ? La première est liée à un problème démographique. La population s’accroît et vieillit. On a davantage besoin de soins et de soignants. Or cela "tombe" à un moment où le nombre de médecins, lui est en baisse. Entre 2007 et 2017, on a perdu 9% des généralistes.

Résultat, les malades se tournent vers les Urgences, où le nombre de passages a doublé en 20 ans, passant de 10 millions en 1996 à 21 millions en 2017.

Des "Urgences" qui n’accueillent pas toujours que des patients qui nécessitent une prise en charge "urgente"... Selon le Ministère de la santé, 43% des entrées auraient nécessité de simples consultations médicales.

Les effets sont là : personnel débordé, impatience, frustration, le ton monte, et les gestes parfois deviennent violents : 3.500 agressions ont été signalées en 2018 pour le seul service des Urgences.

Une situation que les centres hospitaliers tentent de gérer au mieux : "L’enjeu pour nous c’est que ces patienst soient bien pris en charge aux urgences, poursuit Julie Courtron. Le challenge c’est de faire rentrer ceux qui le peuvent à domicile, et trouver un lit d’hospitalisation pour ceux qui en ont besoin. Hier midi, on avait 95 patients sur le secteur des Urgences et ce matin plus que 22, preuve qu’on a réussi à trouver une place d’hospitalisation pour ceux qui le nécessitaient !"

L’ambulatoire en question

Éviter que le patient passe la nuit à l’hôpital. Une solution qui pose question à certains syndicats. Face au nombre de besoins, les infirmiers doivent en effet "prioriser" : pas le temps d’écouter, de rassurer tous les patients. Ils doivent aussi trouver des lits d’hospitalisation pour les malades, c’est leur 2ème difficulté…

En 20 ans, en France, 100.000 lits ont fermé… En service cardiologie, pneumologie, traumatologie… D’où cette question de Sud : "Que fait-on des patients en attente de lits ?"

Attention : la grippe arrive !

Une situation critique, d’autant plus en cette période de l’année. L’épidémie de grippe arrive. La région Bretagne va être concernée. Côté direction, on se veut rassurant : "On est préparé pour cela... On a créé une centaine de lits d’aval ces deux dernières années pour résoudre à la problématique des patients qui restaient trop longtemps aux Urgences. En plus de cela, on a 250 postes non médicaux qui ont été créés pour accompagner ces ouvertures d’unités."

L’hôpital de Rennes a déclenché son dispositif "hôpital en tension" depuis plusieurs semaines.

L’an dernier, la moitié des services d’Urgences français ont fait grève pendant des mois. Le Ministère de la santé a débloqué 750 millions d’euros sur 3 ans. ’Insuffisant" disent les soignants. Une nouvelle journée de mobilisation pour la défense de l’hôpital public est prévue le 14 février !