Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

France Info : 19 : ce que l’on sait de la suspension du vaccin AstraZeneca au Danemark, en Norvège et en Islande

Mars 2021, par infosecusanté

France Info : 19 : ce que l’on sait de la suspension du vaccin AstraZeneca au Danemark, en Norvège et en Islande

Ces trois pays ont pris la décision, jeudi, de faire une pause dans leur campagne de vaccination avec le produit du laboratoire suédo-britannique, en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins. La France, elle, a décidé "à ce stade" de le maintenir.

Publié le 11/03/2021

Nouvelle polémique autour du vaccin AstraZeneca. Le Danemark, la Norvège et l’Islande ont annoncé, jeudi 11 mars, leur décision de suspendre la vaccination contre le Covid-19 avec ce produit développé au Royaume-Uni avec l’université d’Oxford. En cause : un lien possible avec la formation de caillots sanguins chez certains patients. Franceinfo fait le point sur cette affaire.

Une suspension totale dans trois pays…

C’est le Danemark qui a ouvert le bal, en annonçant jeudi matin un arrêt de l’utilisation de ce vaccin jusqu’à nouvel ordre, par précaution. Le pays nordique indique avoir enregistré un décès d’une personne qui avait reçu le vaccin, ainsi que d’autres cas graves. "Nous n’avons pas renoncé au vaccin AstraZeneca, mais nous faisons une pause dans son utilisation", a expliqué le directeur de l’agence sanitaire, Søren Brostrøm. Cette suspension danoise a été rapidement suivie par l’Islande puis la Norvège.

… et partielle dans six autres

Ces décisions interviennent quelques jours après la suspension partielle – sur un lot précis, et pas sur l’ensemble des vaccins AstraZeneca – décidée en Autriche après le décès d’une infirmière de 49 ans qui a succombé à de "graves troubles de la coagulation" quelques jours après l’avoir reçu. Quatre autres pays européens, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg, avaient suspendu dans la foulée les vaccinations avec des doses provenant de ce lot, livré dans 17 pays et qui comprenait un million de vaccins. Mais une enquête préliminaire de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a souligné mercredi qu’il n’existait aucun lien entre le vaccin d’AstraZeneca et le décès survenu en Autriche.

Jeudi, c’est l’Italie qui a suspendu un autre lot du vaccin AstraZeneca, rapporte l’agence de presse Ansa. Cette décision fait suite aux morts suspectes en Sicile d’un soldat après un arrêt cardiaque et d’un policier, quelques jours après leur vaccination avec ce lot. Mais les causes exactes de ces deux morts et leurs liens éventuels avec le produit restent à établir.

Un possible lien entre la vaccination et la formation de caillots sanguins

La suspension dans ces pays intervient "après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes qui ont été vaccinées avec le vaccin d’AstraZeneca", a indiqué l’autorité sanitaire danoise. Elle a toutefois souligné que cette décision relevait de la "précaution" en attendant des conclusions des enquêtes sanitaires et qu’"à l’heure actuelle, on ne peut pas conclure à l’existence d’un lien entre le vaccin et les caillots sanguins". "Vu le nombre de personnes vaccinées, il est difficile pour moi de croire qu’il y ait un véritable problème, mais c’est important qu’une enquête approfondie soit menée", a déclaré à l’AFP Allan Randrup Thomsen, professeur de virologie à l’université de Copenhague.

Selon l’EMA, seuls 22 cas de thromboses avaient été signalés à la date de mardi pour plus de trois millions de personnes vaccinées dans sa zone (Union européenne, Norvège et Islande). L’agence a précisé que rien ne démontre à ce jour un risque d’une plus forte coagulation sanguine chez les personnes vaccinées contre le Covid-19. "Les informations disponibles à ce jour indiquent que le nombre de thromboembolies chez les personnes vaccinées n’est pas supérieur à celui observé sur l’ensemble de la population", a assuré l’EMA dans un communiqué transmis à l’AFP.

Un vaccin toujours défendu par le Royaume-Uni

Après ses annonces, Londres a défendu le vaccin développé par le laboratoire suédo-britannique et l’université d’Oxford, le jugeant "sûr et efficace", et assurant qu’il resterait utilisé outre-Manche. Le Royaume-Uni a déjà vacciné plus de 22 millions de personnes avec une première dose, utilisant pour l’heure uniquement les vaccins de Pfizer-BioNTech et d’AstraZeneca.

Un porte-parole du laboratoire a assuré jeudi que "la sécurité du vaccin a été largement étudiée dans les essais cliniques de phase 3 et les données examinées par des pairs confirment que le vaccin a été généralement bien toléré". Interrogé par l’AFP, Stephen Evans, professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a estimé que la position danoise "est une approche super prudente basée sur des cas isolés en Europe". Selon lui, "la balance bénéfice-risque du vaccin est toujours très en faveur [de ce] vaccin".

La France maintient AstraZeneca aussi

C’était l’un des points sur lesquels Olivier Véran était le plus attendu, lors de sa traditionnelle conférence de presse hebdomadaire, jeudi soir. Pour le ministre de la Santé, il n’y a "pas lieu de suspendre" les injections du vaccin d’AstraZeneca en France. "Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade", a-t-il affirmé. Il a pris cette décision après avoir saisi l’Agence nationale de sécurité du médicament.