Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

France Info : Covid-19 : "Ce qui nous fait peur" à Marseille, c’est l’"augmentation exponentielle des cas graves", alerte un professeur

Septembre 2020, par infosecusanté

France Info : Covid-19 : "Ce qui nous fait peur" à Marseille, c’est l’"augmentation exponentielle des cas graves", alerte un professeur

Face à l’augmentation du nombre de cas d’infections au coronavirus dans les Bouches-du Rhône, le professeur Lionel Velly, membre du service d’anesthésie-réanimation du CHU La Timone à Marseille, dit craindre une saturation des lits disponibles pour accueillir les malades.


Près de 25 000 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés en France dans les trois derniers jours. Dans les Bouches-du-Rhône des médecins ont alerté sur la situation qui se dégrade de plus en plus. "Ce qui nous fait peur", c’est l’"augmentation exponentielle des cas graves qui arrivent dans nos unités", s’est inquiété ce lundi sur franceinfo le professeur Lionel Velly, membre du service d’anesthésie-réanimation du CHU La Timone à Marseille. "Il nous faut des renforts", alerte-t-il.

franceinfo : Votre service est-il saturé ?

Lionel Velly : Notre service est presque saturé, avec une augmentation des cas en PACA qui est importante, et en particulier dans les Bouches-du-Rhône. On a plus 12 patients en 24 heures en PACA et en particulier plus 6 dans les Bouches-du-Rhône. Sur La Timone, nous avons 16 lits disponibles pour les patients Covid-19 et nous sommes actuellement à 13 lits et bientôt 14 avec un patient qui vient d’arriver.

Il vous reste donc deux places. Sentez-vous une accélération des contaminations ces derniers jours ?

On a eu une situation ultra-stable, surtout l’été, avec peu de patients. A partir de fin août, avec le passage des détections Covid-19 positives chez les patients âgés, on a eu une augmentation exponentielle. C’est ça qui nous fait peur. Cette augmentation exponentielle des cas graves qui arrivent dans nos unités.

On est dans la même situation qu’au printemps ?

Ce n’est pas un tsunami comme en mars puisque le jour du confinement, il y avait zéro patient dans nos unités et on s’est retrouvé avec 160 patients quinze jours après. Donc là, on est sur une augmentation qui est plus linéaire, mais un flux continu.

Allez-vous être contraints de déprogrammer des interventions ?

C’est un risque. La première étape a été de répondre à cette phase et la réponse a été remarquable dans l’ensemble des services de réanimation. La deuxième phase est de répartir la charge en s’unissant à tous les établissements ensemble sur Marseille pour essayer d’éviter de saturer un site et nous faisons transférer des patients en cas de saturation. Il y a un formidable réseau de toutes les réanimations des Bouches-du-Rhône. Et puis l’étape d’après, effectivement, celle où on ne voudrait pas aller, mais si on est contraint, on sera obligé de le faire, de faire des déprogrammations de chirurgie.

Dans quel état d’esprit est votre service ?

On est triste que ça revienne. On aurait aimé ne pas avoir fait cette deuxième vague, mais on est déterminé à y répondre quelle que soit son amplitude. Il nous faut des renforts. C’est un maître mot. Il nous faut des renforts parce qu’on a des maternités, parce qu’on a du personnel en vacances, parce qu’on a du personnel qui a été fatigué de la première vague.

Et il va falloir pour assumer une deuxième phase de prises en charge des renforts en personnel. Nous, c’est un gros service de réanimation, on va fonctionner avec 70 infirmières et sur ce ratio-là, on va avoir 10% d’absentéisme qu’il va falloir remplacer pour ouvrir l’intégralité des lits.

Est-ce qu’il est encore temps d’agir ? Quel appel voulez-vous lancer ?

Pour moi, c’est le respect des gestes barrières. Tous les jours, on fait ce respect des gestes barrières en travaillant à proximité de patients qui sont Covid-19 et on a aucune contamination de notre personnel. Donc, ces gestes barrières sont fondamentaux.

La grippe arrive. Les symptômes peuvent ressembler au Covid-19. Appelez-vous les Français à se faire vacciner massivement ?

Totalement. On va être en permanence dans le doute en se demandant si c’est du Covid-19 ou de la grippe. Par exemple, nous avons une épidémie de rhinovirus qui va mimer de nombreux symptômes du Covid-19 et on s’aperçoit que pas mal de patients vont être positifs en rhinovirus. On va avoir le même problème avec la grippe et une vaccination antigrippale va nous permettre de soulager déjà le système de santé pendant la période hivernale.

Qu’avez-vous envie de dire aux Français qui ne veulent pas se faire vacciner ?

Qu’il y a chaque année des décès en réanimation, aussi bien chez les jeunes que chez les personnes âgées à cause de la grippe et que grâce à la vaccination, avec une efficacité qui peut être variable, on n’a pas ces formes graves lorsqu’on est vacciné. C’est indispensable vu la période qu’on va vivre avec le coronavirus lors de cet automne où on va avoir une charge de travail qui va être très importante et surtout une occupation des lits très importante.