Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

France Info : Covid-19 : "On est à saturation complète" avec des patients "extrêmement jeunes", affirme le directeur du CHU de Martinique

Août 2021, par infosecusanté

France Info : Covid-19 : "On est à saturation complète" avec des patients "extrêmement jeunes", affirme le directeur du CHU de Martinique

Plus du tiers des patients en réanimation ont entre 19 et 35 ans au CHU de Fort-de-France. Les services sont totalement saturés. Impossible de prendre en charge certains patients qui pourtant devraient être placés en réanimation.

Article rédigé par franceinfo
Radio France

Publié le 10/08/2021

"Il y a presque la moitié de l’hôpital qui travaille pour la prise en charge des patients Covid, on est à saturation complète", a expliqué mardi 10 août sur franceinfo Benjamin Garel, le directeur général du CHU de Martinique. Face à une dégradation de la situation sanitaire, un nouveau confinement d’une durée de trois semaines a été annoncé la veille par le préfet, et débute ce mardi à 19h en Martinique.

franceinfo : Quelle est la situation actuellement à l’hôpital, combien de nouveaux patients avez-vous par jour ?

Benjamin Garel : On est dans une situation de tension extrême. On est à saturation complète parce que, dans les lits d’hospitalisation, il y a à peu près la moitié des patients qui dans les précédentes vagues auraient relevé de la réanimation. Aujourd’hui, on est incapables de les prendre en réanimation.
Chaque jour, on accueille une trentaine de nouveaux patients, et une dizaine sort de l’établissement. Ces nouveaux patients sont extrêmement jeunes. Le virus a beaucoup circulé lors des fêtes de fin d’année, et cela touche principalement des jeunes que l’on n’avait pas l’habitude de voir, parfois en pleine santé, qui n’ont pas de comorbidité.

C’est la première fois que l’on est débordé. On a eu des vagues très différentes. La première, c’était surtout de la logistique. Pour la deuxième, on a eu une épidémie de dengue très forte en même temps. Et puis la troisième, on a frôlé la saturation. Alors que là, on est complètement débordés.

Quand on parle de saturation de l’hôpital, est-ce que cela signifie que vous devez faire des choix entre différents patients ou différents niveaux de gravité ?

Oui, c’est au quotidien, et c’est ce qui demande tant d’énergie aux soignants. Ils sont obligés de choisir. Tous les jours, on travaille avec un comité d’éthique pour faire ces choix de la manière la plus humaine possible.

D’habitude, pour un patient grave, ils vont être un infirmier pour deux patients. Et là, actuellement, ils sont un infirmier pour quatre patients. Voire même un pour douze patients, dont certains sont dans un état extrêmement grave.

240 médecins partent mardi 10 août de métropole vers la Guadeloupe et la Martinique. C’est un renfort bienvenu ?

C’est un effort énorme que fournit la métropole, mais ça ne suffira pas pour ne plus être débordés. On va rester dans des conditions de soin très dégradées. Ils vont tout de même nous permettre d’ouvrir un nouveau grand service, qui devrait mettre deux à trois jours à se remplir. Mais ce n’est pas sûr, ça dépend de l’épidémie. Ils vont aussi renforcer les équipes, qui sont parfois en sous-effectif énorme, et cela devrait nous permettre d’ouvrir cinq lits de réanimation en plus.

Le taux de vaccination est très faible. Moins de 22% de la population a reçu une première dose sur l’île. Souhaitez-vous des mesures pour encourager ou contraindre à la vaccination ?

Convaincre est un point essentiel. Il y a vraiment un déni très très fort. Sur les réseaux sociaux circule énormément le fait que l’hôpital n’est pas en tension, et que les chiffres qu’on annonce sont faux, que c’est une maladie qui ne tue pas, alors que l’on voit tout le contraire à l’hôpital. On est assez désemparés par rapport au scepticisme qui existe. Il faut, je pense, d’abord expliquer la situation dans laquelle on est, et après cela amener les gens vers la vaccination. Ce que je vois, c’est que la contrainte marche très mal.