L’Anticapitaliste Hebdo du NPA

Hebdo L’Anticapitaliste - 324 (18/02/2016) Servier Biogaran  : La pilule des licenciements passe mal !

Février 2016, par Info santé sécu social

Le laboratoire Servier Biogaran a annoncé la suppression de 610 postes de visiteurs médicaux sur 690, 90 % de sa division marketing. Alors ils ont manifesté pour la première fois de leur histoire devant le siège de Suresnes, derrière une banderole « Servier Biogaran, 345 millions de profits et 2 milliards de cash, 610 familles sacrifiées ».

Servier annonce déjà que la prochaine charrette sera pour les salariéEs de la production, avec l’objectif de réduire ses coûts de production de 25 %, sur trois ans, hors achat de matières premières.

Au-delà de la solidarité avec celles et ceux qui risquent de perdre leur emploi pour maintenir les bénéfices des actionnaires, c’est bien de la fin d’un modèle qu’il s’agit. C’est que le laboratoire Servier fait plus parler de lui pour le scandale du Mediator, ses amitiés particulières avec Sarkozy qui était l’avocat du groupe, ou son utilisation de barbouzes pour surveiller les personnels, que par la qualité de son « portefeuille » de médicaments.

En recherche de secteurs toujours plus juteux...

Amitiés particulières avec les pouvoirs en place, qui ont retardé au maximum le retrait des produits dangereux ou accordé des prix de vente surévalués, lobbying très agressif envers le monde médical : le petit laboratoire français du Dr Jacques Servier est devenu une multinationale de 20 000 salariéEs, dont 5 000 en France. Qu’on en juge...

C’est le Mediator, un anti-diabétique détourné de son usage comme coupe-faim, responsable de la mort de plus de 500 personnes par hypertension artérielle pulmonaire, avec le silence coupable des autorités de santé. L’Isoméride, un cousin du Mediator, retiré de la vente, comme les Duxil ou Survector, beaucoup trop dangereux. Et entre janvier 2012 et juin 2014, donc après le scandale du Mediator, l’association Regards citoyens a révélé que Servier a encore dépensé 13,22 millions en « cadeaux et contrats » auprès des médecins.

Aujourd’hui, les lanceurs d’alerte, comme le docteur Irène Frachon, ou la revue indépendante Prescrire, rendent plus difficiles ces connivences, alors que la politique d’austérité dans la santé multiplie les déremboursements de médicaments. Aussi, la nouvelle direction du groupe veut se réorienter vers des secteurs plus juteux, comme la cancérologie. En attendant, ce sont les salariéEs qui payent la note.

Frank Cantaloup