L’Anticapitaliste Hebdo du NPA

Hebdo L’Anticapitaliste - 542 (05/11/2020) - Leur austérité à l’hôpital, nos morts

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Frank Cantaloup

17 450 nouvelles hospitalisations Covid au cours de la semaine écoulée, en hausse de 62% par rapport à la semaine précédente, dont 2605 entrées en réanimation. La deuxième vague est brutale, massive sur tout le territoire. Plus brutale que la première, si l’on tient compte du fait qu’aujourd’hui, masques, distanciation et couvre-feu sont la norme, ce qui n’était pas le cas au printemps.

Grâce au personnel des hôpitaux, la première vague a pu être franchie, au prix de 32 000 morts directs et d’un confinement de 55 jours payés au prix fort, notamment par l’abandon des autres pathologies. La situation est aujourd’hui bien différente, mais en pire. L’été n’a pas été mis à profit pour embaucher et ouvrir des lits. Les mesures ont été trop tardives, plus dictées par la volonté de maintenir la chaine des profits que par un véritable souci de santé publique.

Personnels écœurés et démotivés
Depuis 20 ans, ce sont plusieurs dizaines de milliers de lits qui ont été supprimés, 8000 sur les deux dernières années. Mais pour Macron, « ce n’est pas une question de moyens, mais d’organisation ». Olivier Véran promet de son côté 12 000 lits de réanimation. Le président du Conseil national professionnel d’anesthésie-réanimation lui répond vertement : « Où il a vu ces lits ? Avant le Covid, 10% de nos 5000 lits de réanimation étaient fermés, faute de personnel. On estime aujourd’hui ce taux entre 15 et 20%. On est dans un jeu de poker menteur. » Alors qu’en Espagne par exemple, de véritables hôpitaux sont créés en urgence pour accueillir les milliers de malades qui vont nécessiter une oxygénothérapie, non seulement Macron et Véran n’ont pas créé de lits, mais les projets de fermeture ont continué pendant l’été. 300 lits à Caen, 80 à l’HP de Sotteville-lès-Rouen…

Les personnels sont donc non seulement fatigués, mais ils sont aussi démotivés. Les applaudissements ne se sont pas transformé en ouverture de lits. Écœurés car aucune campagne massive de test n’a été réalisée dans les hôpitaux, pour une raison très simple que nous connaissons touTEs : cela aurait encore réduit le personnel. Au point qu’aux Hospices civils de Lyon, la direction avoue dans ses circulaires qu’il faut faire travailler les personnels covid+ qui ne présentent que des symptômes légers…

Alors beaucoup sont partis de l’hôpital, notamment les plus formés et donc les plus épuisés. Partout des postes infirmiers sont vacants. Rappel des vacances, jours de congés annulés, Ségur et promesses d’une prime n’y feront rien, l’hôpital va se noyer et le personnel le sait. TouTes redoutent de devoir affronter une pénurie absolue de lits, synonyme de tri, d’abandon des malades. Les lits d’hospitalisation que les Macron et Véran n’ont pas créés, les personnels qu’ils n’ont pas embauchés : nos morts de demain !

Absurdités de leur confinement
Alors que la vague montait, le gouvernement a tardé à en prendre la mesure. Ses mesures ont toujours été trop tardives, et mal orientées. Le dépistage qui s’effondre, les masques et le télétravail pas imposés en entreprise, le décret du 29 août qui remet les salariéEs fragiles au travail, l’absence de réquisition de bâtiments et d’embauches pour dédoubler les classes…

La clef d’explication en est donnée par Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef : un reconfinement conduirait à un « écroulement total de l’économie ». L’Allemagne a recommencé à confiner à 10 000 cas/jour, la France à 40 000, alors que les capacités hospitalières allemandes sont trois à quatre fois supérieures. Encore une fois les plus fragiles vont être confrontés au confinement, à leur confinement, souvent absurde, mais s’il fallait résumer : plus dur pour nos vies, nos amours, notre culture mais plus light pour les profits. Il durera donc sûrement plus longtemps. Il va donc générer de plus en plus d’opposition, alimentant le covido-sceptisme.

Ni défense de leur confinement, ni demande d’exception sans fin à la liste des confinéEs, au mouvement ouvrier d’avancer ses propres solutions : revenu garanti pour éviter d’avoir à choisir entre contamination et survie, réduction radicale du temps de travail et arrêt des productions inutiles, renforcement et embauches dans la santé, l’école, la culture, protection des salariéEs les plus fragiles au niveau santé, et préparation d’une nouvelle politique de tests en sortie de confinement…