L’Anticapitaliste Hebdo du NPA

Hebdo L’Anticapitaliste - 636 (10/11/2022) - Santé au travail, crimes de l’amiante : justice possible ?

Novembre 2022, par Info santé sécu social

Les responsables de l’AVA (une des associations de défense des victimes de l’amiante) ont annoncé qu’une audience judiciaire impliquant les membres du Comité permanent amiante se tiendrait le 9 mars 2023.

Vers 1970, les industriels de l’amiante perdent le marché des USA. Des études montrent les ravages de l’amiante sur celles et ceux qui l’emploient et le mettent en œuvre, le risque amiante n’est plus couvert pour les assurances, privées, du travail. Ils sont décidés à ne pas reproduire la même erreur en Europe.

« Promouvoir l’usage contrôlé de l’amiante »
Une conférence se tient en 1971 à Londres, rassemblant tout ce qui compte dans le petit monde des fabricants et diffuseurs d’amiante1. Pour la France, la stratégie est de créer une structure de lobbying efficace, avec un mot d’ordre choc : « Promouvoir l’usage contrôlé de l’amiante ». Le sinistre Comité Permanent amiante (CPA) est né.

L’opération est menée de main de maître :

– L’amiante est un produit miracle, isolant parfait et anti-feux, apte à de multiples usages.

– Mais il présente des dangers, il faut donc en faire un usage sécuritaire en édictant des règles strictes.

Le CPA est une structure tripartite État, patrons, syndicats, qui édicte ces normes qui ne seront jamais appliquées.

Des experts sont là pour dire la vérité scientifique : médecins dévoyés, hauts fonctionnaires serviles, experts patronaux sans conscience. Et l’argent coule à flots : colloques, voyages, brochures, films, rien n’est trop beau.

Terrible bilan : avec les morts du passé et la courbe des maladies de l’amiante actuellement détectées, le pronostic fait en 1997, lors de l’interdiction — 100 000 morts au minimum —, sera dépassé.

Imposer la justice
En France, s’opposer à la construction d’une « bassine » destiné à capter l’eau au profit de quelques agriculteurs de l’industrie agro-alimentaire peut vous envoyer en prison. Mais participer et couvrir une opération des industriels qui tue des dizaines de milliers de personnes, c’est sans risque.

Le Parquet et certains juges complaisants bloquent depuis des dizaines d’années les plaintes des victimes, et refusent que les membres du CPA soient inquiétés.

L’AVA a choisi un moyen judiciaire qui est la citation directe, qui permet, en principe, de faire comparaître les gens cités lors d’une audience, sans que le Parquet ne puisse s’y opposer.

Ses avocats ont ainsi obtenu que 14 éminents membres du CPA soient appelés à comparaître en mars 2023.

Quasi en même temps, les victimes d’Eternit, fabriquant mondial de toitures en amiante-ciment, viennent d’apprendre que l’avis de la Cour d’appel de Paris sur leur demande de procès pour des plaintes datant de plus de 30 ans… était repoussé de six mois.

Hors d’Europe, les fabricants d’amiante continuent à vendre et diffuser leur poison dans les logements, les usines, les toits, et même dans les vêtements, talc pour bébés, etc. Les marchands de mort savent qu’ils ne seront jamais jugés… sauf si la colère des victimes explose enfin pour imposer la justice.

Exigeons la séquestration des profits réalisés sur l’amiante et des biens des fabricants, diffuseurs et complices de leurs crimes, pour indemniser les victimes.

En France, et partout dans le monde.

1.Lire le remarquable polar Ravages, de Anne Rambach. Tout y est de cette opération d’assassinat de masse en bande organisée.