Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Huff-post - Coronavirus : le tracking complique la communication du gouvernement

Avril 2020, par Info santé sécu social

Le traçage numérique des malades du Covid-19 est-il à l’étude ? Sur ce sujet comme sur d’autres, les autorités françaises ne disent pas toujours la même chose.

Par Nabil Touati

D’abord hostile au traçage numérique, le gouvernement n’exclut pas dorénavant de cartographier des porteurs du coronavirus dans la perspective du déconfinement. Christophe Castaner a notamment opéré un spectaculaire retournement de veste sur ce sujet sensible des données personnelles de santé.

Invité du 20 heures de France2, ce dimanche 5 avril, le ministre de l’Intérieur s’est dit favorable au tracking à visée médicale, confirmant à Laurent Delahousse que l’exécutif souhaite utiliser certaines données des téléphones, notamment les coordonnées GPS, pour tracer les contaminations éventuelles au Covid-19. Alors que cette pratique est décriée car susceptible de violer les libertés individuelles et la vie privée, Christophe Castaner a estimé qu’elle pourrait tout de même être “soutenue” par les Français.

“Le tracking fait partie des solutions retenues par un certain nombre de pays, donc nous avons fait le choix de travailler en lien avec eux pour regarder ces solutions. Je suis convaincu que si elles permettent de lutter contre le virus et, si évidemment, elles respectent les libertés individuelles, c’est un outil qui sera retenu et soutenu par l’ensemble des Français”, a-t-il déclaré.

“Pas la culture française”
Pourtant, dix jours auparavant, Christophe Castaner disait l’inverse à Léa Salamé en condamnant fermement le caractère intrusif d’un tel traçage. “Cela n’est pas la culture française. Je fais confiance aux Français pour que nous n’ayons pas à mettre en place ces systèmes qui, au fond, atteignent la liberté individuelle de chacun pour être efficaces. Donc, ce n’est pas un sujet lequel nous travaillons”, affirmait-il le 26 mars dans l’émission “Vous avez la parole” sur France 2.

Le 24 mars à l’Assemblée, le ministre de la Santé désapprouvait également ”à titre personnel” le tracking pour contenir l’épidémie, tel qu’il a été réalisé en Corée du Sud, pays pionnier en la matière. Olivier Véran n’imaginait pas la France adopter une législation allant dans ce sens. Des réticences également exprimées par Édouard Philippe lors de son audition le 1er avril devant la mission d’information parlementaire. Le Premier ministre constatait alors l’absence d’un “instrument légal” autorisant la mise la place d’un dispositif de traçage des personnes infectées par le coronavirus SARS-CoV-2, tout en envisageant “peut-être” de pister la circulation du virus grâce à un tracking “volontaire”, impliquant donc le consentement des individus concernés, comme le recommande d’ailleurs la Cnil, la Commission nationale de l’informatique et des libertés. “C’est une question qui est, à ce stade, encore ouverte”, concluait Édouard Philippe.

“Il serait criminel de ne pas étudier toutes les solutions qui sont sur la table”, expliquait de son côté le secrétaire d’État au Numérique sur Radio Classique le 25 mars. Cédric O reconnaissait déjà regarder attentivement comment l’Allemagne, le Royaume-Uni et Singapour préparent des applications de géolocalisation à visée médicale. Mais d’assurer qu’”à ce stade” la France n’avait lancé aucune initiative similaire.

En Italie, le ministre de la Santé prévoit à l’issue (encore lointaine) du confinement “la mise en place d’une application sur smartphone, sur le modèle sud-coréen, pour cartographier les mouvements des malades diagnostiqués pendant les quarante-huit heures ayant précédé l’infection”, rapporte Le Monde.