Le chômage

Huff-post - Emplois aidés : Macron et son gouvernement les ressuscitent après les avoir enterrés

Juillet 2020, par Info santé sécu social

Les contrats aidés par l’État sont “le dispositif le moins efficace de toutes les politiques de l’emploi”, tranchait Muriel Pénicaud en 2017. Ce discours a bien changé.

Par Nabil Touati

EMPLOI - La perspective d’une rentrée particulièrement “compliquée” sur le front de l’emploi, notamment pour les 700.000 jeunes arrivant sur le marché du travail en septembre, a contraint le gouvernement à réviser ses orientations. Parmi les solutions mises sur la table lors de la présentation ce jeudi 23 juillet par Jean Castex du “plan jeunes”, la création de 120.000 nouveaux emplois aidés dont 60.000 contrats aidés dans le secteur marchand. C’est un virage à 180 degrés pour l’exécutif qui avait tant décrié ce type d’aides à l’emploi lors de son arrivée au pouvoir en 2017.

Mais la crainte des lourdes conséquences économiques de la crise sanitaire ne laisse au pouvoir en place d’autre choix que d’y recourir comme ses prédécesseurs, de droite et de gauche.

Il ne s’agit nullement pour le gouvernement de “retomber dans le traitement du chômage à coups d’emplois aidés”, a tenté de nuancer Élisabeth Borne sur Europe1. Ce retour des contrats aidés, réduits à peau de chagrin en 2017 par la nouvelle majorité (sauf en outremer), prévoit la création de 60.000 “contrats initiative emploi” (CIE) pour des jeunes rencontrant des difficultés particulières d’insertion dont une partie du salaire versé par les entreprises sera financée par l’État. Dans le secteur associatif ou public, les contrats aidés appelés “Parcours emplois compétences” (94.000 en 2019) seront également augmentés de 60.000 dès 2021.

Tremplin ou boulet pour l’emploi ?
Les contrats de travail subventionnés par l’État, “c’est le dispositif le moins efficace de toutes les politiques de l’emploi”, tranchait pourtant Muriel Pénicaud en septembre 2017 sur RTL et LCI. Mais sa remplaçante au ministère du Travail, Élisabeth Borne, estime désormais que “les contrats aidés, c’est un tremplin vers l’emploi”. Un changement de cap et de vocabulaire également perceptibles dans les propos d’Emmanuel Macron décrivant les nouveaux “contrats d’insertion”. Le chef de l’État a vanté leurs mérites ce mercredi à Chambord en parlant de “formes d’emploi très aidées par l’État”.

Pour se distinguer des politiques de contrats aidés menées par le passé, et surtout tenter de minimiser son revirement, l’exécutif met aujourd’hui en avant le volet formation et accompagnement... déjà obligatoire en 2012 en contrepartie de l’aide de l’État. Et les arguments martelés en 2017 par les membres du gouvernement, Édouard Philippe et Muriel Pénicaud en tête, pour dénigrer des contrats aidés jugés inefficaces pour trouver un emploi à moyen terme, ont été contredits par une étude publiée en 2019 par le ministère du Travail, comme l’avait souligné France 3, démontrant l’inverse.