Maternités et Hopitaux publics

Infirmiers.com - Suicides d’infirmiers : les tutelles toujours silencieuses, la colère monte

Septembre 2016, par Info santé sécu social

par Aurélie TRENTESSE.

La vague de suicides d’infirmiers qui sévit depuis ces dernières semaines ne devrait laisser personne indifférent. Pourtant, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, persiste à ne pas s’exprimer sur le sujet. Les infirmiers sont très remontés et ils le font savoir sur tous les canaux : télévision, réseaux sociaux, radio…

Les infirmiers en ont marre du manque de considération...

Ce mercredi 31 août 2016, le Magazine de la santé diffusé sur France 5 est revenu durant quelques minutes sur les cinq suicides d’infirmiers de ces dernières semaines. Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), était l’invité de l’émission et s’est exprimé sur le sujet. “Malheureusement, nous avons moins de considération que les vitres cassées de l’hôpital Necker”, déplore-t-il. “Cinq personnes se sont suicidées et pas un mot”. Questionné par Michel Cymès sur la dégradation des conditions de travail, Thierry Amouroux constate qu’ “on demande aux hôpitaux de réduire leur budget année après année. La première variable d’ajustement est le personnel. Les hôpitaux comptent de moins en moins d’infirmiers pour de plus en plus de patients. Ainsi, les IDE enchaînent les actes techniques et n’accompagnent plus les patients. D’autant que nous sommes dans une logique de traçabilité. C’est pourquoi beaucoup de jeunes diplômés abandonnent leur métier et les plus anciens dépriment. Aujourd’hui, nous demandons un moratoire sur les économies faites sur la santé”.

Joint par téléphone, Karim Mameri, secrétaire général de l’Ordre national des infirmiers (ONI), estime que “le mutisme de la ministre des Affaires sociales et de la Santé devient indécent”. Pourtant, la ministre, dans son discours prononcé le 2 février 2016 à l’occasion de la remise du rapport de l’Observatoire national du suicide, soulignait que “le suicide est un drame de santé publique. Ce sont des vies brisées, des familles endeuillées, des professionnels de santé. C’est une société qui s’interroge, aussi, sur sa part de responsabilité. Le suicide est peut-être l’acte individuel le plus absolu, mais il est aussi révélateur d’un échec collectif”. Le président de l’Ordre national des infirmiers, Didier Borniche, interviendra sur RTL ce mercredi 31 août 2016 à 18h afin de revenir sur ces drames et sur les actions à mener. Marisol Touraine sera-t-elle à l’écoute ?

« Ouvrez les yeux madame la ministre ! »

Sur la page Facebook du site infirmiers.com, les infirmiers ne manquent pas d’exprimer leur colère face au silence de plus en plus pesant de Marisol Touraine. Ainsi, Al s’interroge : “madame la Ministre, que faut il faire pour capter votre attention ! Il est grand de reconnaître cette profession en souffrance, passer du temps dans les services afin d’observer la charge de travail. Ministre de la Santé n’est pas seulement un titre mais une responsabilité !”. “On nous demande de faire preuve d’empathie (avec toujours moins de moyens tant matériels qu’humains) et, en retour, nous sommes traités avec la pire des cruautés !”, se désole Patrick. “Malheureusement, les pokémon, le burkini, c’est bien plus intéressant comme sujet que de pauvres IDE ou personnel soignant qui se suicident à cause d’un manque de considération et de conditions de travail nous empêchant de faire correctement notre job”, s’indigne Steph. “Qu’attendez-vous madame Marisol Touraine pour ouvrir les yeux et voir les dégâts de votre politique qui consiste à supprimer des emplois sans tenir compte des besoins et des conditions de travail du personnel soignant , et par conséquence des malades aussi. Honte à vous pour la détresse de ces soignants qui les poussent au suicide. Ouvrez les yeux !”, implore Mounette.

La ministre devrait prochainement s’exprimer sur le sujet. Bien sûr, au-delà des paroles, les infirmiers attendent des actes. Il est urgent de faire en sorte que les infirmiers puissent exercer leur profession dans des conditions de travail décentes pour leur bien-être, celui des patients et, pas des moindres, celui de la société.