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Infirmiers.com - Assistant médical : « une infirmière répond à tous ces critères » selon la DGOS

Octobre 2018, par Info santé sécu social

Deux jours après que le Président de la République, Emmanuel Macron et la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, aient levé le voile sur les 54 mesures de la réforme « Ma santé 2022 : un engagement collectif », la directrice de l’offre de soins, Cécile Courrèges et son équipe, ont organisé une rencontre avec la presse. « Préciser les attendus des mesures de la réforme, leur impact et les perspectives d’action », telle était l’ambition de cet échange. L’occasion d’obtenir quelques réponses sur une réforme jugée très « médico-centrée » par la profession infirmière.

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Que cela soit pour les assistants médicaux ou pour les infirmiers de pratique avancée, beaucoup de points restent à préciser.

Depuis l’annonce de la réforme « Ma santé 2022 », un grand nombre d’infirmiers et de leurs représentants regrettent l’absence de mesures spécifiques les concernant et fustigent un manque de considération à l’égard d’une profession qui manque cruellement de reconnaissance. L’inquiétude enfle et le gouvernement semble sourd face à ce cri d’alarme. C’est une réforme structurelle et non une réforme d’urgence, se justifie Cécile Courrèges, directrice de l’offre de soins. Ah la sempiternelle réforme structurelle ! Pour les enjeux immédiats, les difficultés du quotidien comme la charge de travail, la perte de sens, pour n’en citer que deux, il faudra donc repasser … La profession infirmière, majoritaire en termes d’effectifs, ne semble pourtant pas être prioritaire.

Assistants médicaux, qui se cache derrière ce nouveau métier ?
Lors de la présentation de son plan santé, Emmanuel Macron a annoncé la création de 4000 postes d’assistants médicaux, « nous en créerons autant qu’il faudra », a assuré le président. Un métier aux contours encore flous… Selon l’un des membres de l’offre de soins, la démarche n’est pas de savoir qui va devenir assistant médical mais plutôt de cibler les missions de ce qui n’est pas tout à fait encore un nouveau métier mais qui a une fonction d’aide aux médecins. D’après lui, les assistants médicaux sont plus que nécessaires au vu de la réduction de l’offre de soins, inscrite dans la pyramide des âges des médecins. Nous avons besoin d’une mesure de court et moyen terme pour libérer du temps aux médecins. Ils pourront ainsi se concentrer sur les activités de soins avant, pendant et après la consultation. Cela permettra un élargissement de l’offre de soins mais aussi de voir les patients de façon plus qualitative poursuit-il.

Les missions des futurs assistants médicaux seront à la fois soignantes et administratives. Parmi elles, figurent la mise à jour du dossier médical, l’aide à l’accueil, l’échange avec le patient sur son dépistage, la vérification de l’état des vaccinations, la prise des constantes ou encore l’aide à des examens complémentaires telles que l’électrocardiogramme. Ce qui est clair, c’est qu’une infirmière de facto répond à tous ces critères parce que son décret de compétence lui permet de tout faire mais cela n’exclut pas que d’autres types de professionnels, y compris sous des conditions de formation complémentaire, puissent répondre aux missions énumérées, explique Cécile Courrèges, directrice général de l’offre de soins (DGOS). Cette confluence des fonctions soignantes et technico-administratives a bon dos mais ne serait-ce pas de la délégation de tâches ? Réponse des plus laconiques : Ah non ce n’est pas de la délégation de tâches ! avant de poursuivre : Je crois qu’il faudra faire attention à ne pas se focaliser du point de vue de la profession infirmière sur cette mesure qui répond vraiment à une nécessité du maintien de l’offre de soins et qui représente un progrès majeur pour les usagers. Aux oubliettes les préoccupations des infirmiers qui sont déjà, malgré-eux, des « en même-temptistes », place à la création d’un nouveau métier qui semble sortir du chapeau : Nous n’avons pas encore discuté avec les professionnels sur cette mesure pour cibler toutes les missions attendues et les profils qui pourraient correspondre mais elle a fortement été demandé par certains professionnels entendez par certains médecins.

Lorsqu’il s’agit d’une mesure qui pourrait inclure les infirmiers de près ou de loin, tout est à négocier et renégocier…Quant à la rémunération de cette nouvelle fonction, il y aura des négociations conventionnelles.

Infirmiers de pratique avancée, quelle rémunération ?
Au numéro 33 des 54 mesures du plan « Ma santé 2022 », le déploiement de la pratique avancée infirmière dans de nouveaux domaines d’intervention. Son développement sera accompagnée d’une reconnaissance statutaire à l’hôpital et prise en compte dans le cadre conventionnel pour les professionnels libéraux, rappelle Cécile Courrèges. Concernant le salaire des IPA, rendez-vous à la sortie des promotions en 2020. C’est en cours de discussion mais il y aura une revalorisation car il y a une montée en compétence. Et pour les professionnels paramédicaux qui s’engagent dans des protocoles de coopération, nous allons créer une prime pour valoriser le fait qu’ils s’intègrent dans ces logiques. Là encore, le montant de la prime reste inconnue.

Que cela soit pour les assistants médicaux ou pour les infirmiers de pratique avancée, beaucoup de points restent à préciser. Invité de France Inter jeudi 20 septembre, le premier ministre, Edouard Philippe s’est voulu rassurant : les mesures sur les infirmières, parce que c’est un métier indispensable, elles viendront. Il s’agit de mieux les associer à la pratique médicale, de leur faire confiance. Il faut leur faire confiance, j’en suis absolument convaincu.

Inès Kheireddine
Journaliste
ines.kheireddine@gmail.com
@Ineskheireddine