Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - A quand une stratégie claire face à la pandémie ?

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Le lundi 16 novembre 2020

A l’instar de plusieurs autres pays d’Europe, la France semble avoir franchi un nouveau pic épidémique la semaine dernière. « Grâce au confinement, comme au mois de mars, le virus commence à moins circuler. Depuis dix jours consécutifs, le nombre de nouveaux diagnostics de Covid-19 diminue, le taux de positivité des tests et le taux d’incidence baissent. Tout porte donc à croire que nous avons passé un pic épidémique », a ainsi commenté Olivier Véran au cours d’un entretien accordé au groupe de journaux régionaux Ebra.

Trop tôt pour envisager un déconfinement
Cependant, la situation dans les établissements hospitaliers demeure le plus souvent complexe et les déprogrammations continuent à concerner une part importante de l’activité. Aussi, le ministre de la Santé juge qu’il est encore prématuré se prononcer sur le déconfinement de la population, alors que dès ce week-end le Premier ministre a répété que si la réouverture des commerces non essentiels pouvait être envisagée dès le 1er décembre, ce n’était sans doute pas le cas des restaurants, bars, salles de spectacle et autres centres sportifs, tandis que les rassemblements demeureront encore longtemps proscrits. « Tant que l’épidémie est à ce niveau-là elle peut repartir, donc il ne faut pas s’arrêter (...) il faudra dans la durée être encore vigilant et actif et ensuite on pourra discuter du déconfinement », décrypte le ministre de la Santé. En tout état de cause, les discours politiques préparent les esprits à l’idée que bien plus certainement que d’un déconfinement, les mois à venir seront plus sûrement placés sous le signe de l’allègement.

Nécessité d’un cap solide pour offrir de vraies perspectives et garantir une meilleure efficacité
Ces réponses ambivalentes du gouvernement suscitent le courroux et la circonspection de plus en plus marqués au sein de la population et chez les experts, dont beaucoup préféreraient un programme clair où l’atteinte de tel ou tel indicateur entraînerait telle ou telle mesure et non le sentiment croissant de constants changements à vue. Surtout, contrairement à Olivier Véran, nombreux sont ceux qui considèrent que le déconfinement doit être anticipé dès aujourd’hui.

C’est dans ce sens que trois experts de santé publique, les professeurs Philippe Amouyel, Luc Dauchet et Emmanuel Hirsch ont signé dans le Journal du Dimanche une tribune en forme de mode d’emploi. Pour eux, un déconfinement efficace doit davantage impliquer les citoyens et reposer sur une utilisation massive des tests antigéniques, ainsi que sur la surveillance de la circulation du virus grâce aux eaux usées.

De son côté, l’épidémiologiste Antoine Flahaut, membre du Conseil scientifique invite à s’appuyer sur les tests sérologiques et juge que le déconfinement devrait être adapté en fonction des niveaux de séroprévalence observés : là où les niveaux seront les plus bas (inférieurs à 15 %), la vigilance la plus forte devrait s’appliquer.

Ce dernier insiste également sur l’importance d’équiper les lieux publics français de capteurs de CO2 à diodes permettant de renseigner sur le niveau de renouvellement de l’air. Il estime encore que la politique de traçage doit être durablement améliorée pour renforcer son efficacité ce qui suppose notamment de se donner les moyens d’un vrai isolement des patients positifs (par une meilleure pédagogie auprès des citoyens mais aussi des entreprises, par une plus grande lisibilité des dispositifs de soutiens et aussi éventuellement par les sanctions en cas de non respect).

L’ensemble de ces contributions témoigne bien de la sensation de vide laissée par l’action du gouvernement qui sans doute ne pourra très longtemps se contenter de répéter des messages d’appels au maintien de la vigilance pour dessiner une véritable stratégie qui permette de sortir de l’ornière actuelle.

A.H.