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JIM - Après les urgences et tout l’hôpital : les libéraux prêts à la fronde ?

Novembre 2019, par Info santé sécu social

Paris, le mercredi 13 novembre 2019

Alors que la colère gronde à l’hôpital public et qu’aura lieu, demain, une mobilisation nationale dont beaucoup espèrent qu’elle sera massive, les libéraux préviennent : eux aussi pourraient bien rentrer dans la danse.

Dans un communiqué commun, la CSMF, la FMF, MG France et le SML* dénoncent la teneur de leur dernier entretien avec le ministre de la santé et menacent d’une grève des gardes.

Un 15 déguisé en 113

Agnès Buzyn les a en effet réunis, vendredi, pour les informer de l’avancée de son « plan de refondation des urgences » et en particulier de son fameux SAS (Service d’accès aux soins) soit la mise en place d’un numéro unique pour les soins non programmés.

Rappelons qu’en pratique, l’avenue de Ségur projette que d’ici l’été 2020 soit mise en place « une plateforme disponible par différents canaux, que ce soit en ligne ou par téléphone, qui deviendra le lieu d’information et d’orientation unique sur tout le territoire pour toutes les questions de santé ». Ce SAS qui devrait être joignable par téléphone en composant le 113 pourra orienter les patients vers une consultation en ville (avec la promesse d’obtenir un rendez-vous chez un généraliste dans les 24 heures), une téléconsultation ou vers un SAU (Service d’accueil des urgences), éventuellement via l’envoi d’une ambulance. Le service en ligne comportera une carte recensant les structures disponibles à proximité de chez soi (cabinet médical ou paramédical, pharmacie de garde, urgences avec estimation du temps d’attente…). Malgré ces belles intentions, la guerre de tranchées semblait inévitable alors que les différentes parties prenantes sont loin d’être d’accord. Ainsi, la Fédération Hospitalière de France (FHF) est favorable à un numéro unique regroupant les 116-117 le 15 et le 18, les médecins généralistes, eux, tiennent au contraire à leur numéro spécial, le 116-117, et enfin les pompiers aimeraient que la police soit associée au futur SAS afin de mieux coordonner leur action avec les forces de l’ordre.

Comme prévu, alors que s’achevaient les cérémonies du 11 novembre, la guerre de positions s’est finalement engagée et ce sont les praticiens de ville qui ont tiré les premiers.

Ainsi les syndicats pointent un « 15 sous un nouvel habillage » qui ne « répond ni aux enjeux de l’organisation des urgences ni à ceux de la réponse aux demandes de soins non programmés » et craignent que les urgences vitales soient encore davantage perdues parmi les « appels concernant les soins non programmés ».

Une contre proposition en quatre points
Pour ces organisations « un véritable Service d’Accès aux Soins » devrait plutôt reposer sur quatre piliers : « l’extension des horaires de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) en l’alignant sur les horaires des gardes hospitalières qui débutent à 18h et englobent le samedi matin et après-midi pour tous les médecins généralistes et spécialistes concernés ». Un SAS « s’appuyant sur une filière spécifique aux soins de ville pour les soins non programmés, concrétisée par un numéro dédié. Une régulation des demandes de soins non programmés gérée par des organisations libérales, grâce à une régulation libérale éventuellement délocalisée. Une valorisation de la prise en charge de ces soins non programmés ».

Et de prévenir que s’ils n’ont pas satisfaction sur ces quatre points, ils n’auraient « plus d’autre possibilité pour se faire entendre que de s’engager résolument dans une grève des gardes ».

F.H.

RÉFÉRENCE
* CSMF : Confédération des syndicats médicaux Français, FMF : Fédération des médecins de France, SML : Syndicats des médecins libéraux