Les professionnels de santé

JIM - Assistants médicaux, paiement au forfait… : les généralistes n’en veulent pas !

Juin 2019, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 7 juin 2019

A la demande de la mutuelle du médecin, l’institut IFOP a interrogé 200 médecins généralistes libéraux pour déterminer leur perception de certaines mesures gouvernementales dédiées à l’organisation des soins, notamment celles sur lesquelles les partenaires conventionnels planchent actuellement. Les résultats de cette enquête révèlent, pour le moins, un certain scepticisme !

Paiement au forfait : pour les médecins, c’est non…pour l’instant
Il apparaît en premier lieu que la progression du paiement au forfait ou à l’épisode de soins est loin de recueillir les suffrages des omnipraticiens.

Ainsi, 55 % disent non à la « remise en question du paiement à l’acte ». Mais ce profond désaccord pourrait s’effriter avec le temps, ainsi « l’opposition à la mesure croît avec l’ancienneté : "seuls" 39% des médecins ayant moins de 15 ans d’ancienneté y sont opposés contre 58% à 63% à partir de 15 ans d’ancienneté » notent ainsi les auteurs de l’étude.

CPTS, assistants médicaux : des usines à gaz incompréhensibles
Autre mesure phare soutenue par Agnès Buzyn et l’Assurance-maladie : le développement des CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé). Sur ce point c’est l’incompréhension qui domine : 75 % des personnes interrogées disent ne pas en maîtriser les tenants et les aboutissants.

Concernant les assistants médicaux destinés à « dégager du temps médical » selon la formule consacrée, à la méconnaissance (un médecin sur deux ne sait pas s’il sera éligible aux aides qui seront mises en place) s’ajoute la méfiance, puisque seuls 35 % des médecins consultés par l’IFOP se disent intéressés !

Délégation de tâches…oui mais pas aux pharmaciens !
Les praticiens ont également été interrogés sur une autre tendance lourde de ces dernières années : la délégation de tâche, qui est acceptée par les médecins de famille, sauf lorsqu’elle est en faveur des officinaux !

Ainsi « les médecins généralistes sont largement favorables à une délégation de certaines tâches médicales (examen de vue, lunettes…) aux orthoptistes (78%) et majoritairement partisans d’une délégation d’actes aux infirmiers de pratique avancée (60%). En revanche, ils s’opposent très largement à la délégation des tâches médicales aux pharmaciens (80%) » indique l’IFOP.

Salariés ? A aucun prix !
Ces différents résultats mettent en lumière l’attachement des médecins généralistes de ville à la médecine libérale. Aussi, 33% d’entre eux indiquent qu’ils ne pourraient pas envisager d’intégrer une structure salariée quel que soit le niveau de rémunération. Ce souhait est encore plus marqué chez les afficionados de l’exercice isolé (38 % disent non au salariat contre 27% pour ceux qui sont rattachés à un cabinet de groupe). Quant aux médecins ouverts à la question, ils n’y consentiraient qu’en échange d’une rémunération élevée : en moyenne 8377 euros bruts mensuels…

Pour finir sur une note positive pour le gouvernement, notons que l’élargissement du numerus clausus recueille pour sa part l’adhésion des médecins : ainsi 71 % s’y disent favorables et pensent que cela va contribuer à réduire l’étendue des déserts médicaux.

Frédéric Haroche