Le droit à la santé et à la vie

JIM - Coupures d’électricité : les patients sous respirateur ne sont pas prioritaires !

Décembre 2022, par Info santé sécu social

Paris, le mardi 6 décembre 2022

La réglementation ne prévoit pas d’épargner de coupures d’électricité les patients sous respirateurs artificiels à domicile.

Y-aura-t-il des coupures d’électricité cet hiver ? La question inquiète désormais tous les Français, alors qu’une grande partie du parc nucléaire français est malheureusement à l’arrêt, faute d’entretien suffisant. Depuis quelques jours, le gouvernement mène une communication subtile, prévenant les Français que des "délestages" (comprenez des coupures de courant occasionnelles de 2 heures) pourront avoir lieu, tout en indiquant qu’il n’y a pas lieu de paniquer.

Les autorités ont évidemment anticipé ce risque et un arrêté du 5 juillet 1990 donne une liste des services prioritaires qui ne pourront en principe jamais subir de délestages. Parmi eux, on trouve fort logiquement les établissements de santé. Notre service de santé ne sera donc a priori pas affecté par la crise énergétique ou en tout cas qu’indirectement du fait de la désorganisation inévitablement provoquée par ces coupures d’électricité.

Mais à la lecture de l’arrêté, on constate que les personnes utilisant un dispositif médical vital à domicile et notamment les personnes sous respirateurs artificiels ne font pas partie du public prioritaire. Invité ce lundi sur le plateau de BFM TV, Laurent Méric, porte-parole d’Enedis (filiale d’EDF qui gère le réseau électrique), a confirmé que "les personnes à haut risque vital ne font pas partie des clients prioritaires" et qu’ils étaient "éventuellement délestables" selon une formulation que l’on peut qualifier de malheureuse.

Devant le regard inquiet des journalistes sur le plateau, le responsable d’Enedis a toutefois tenu à rassurer les téléspectateurs, indiquant qu’il existait bien une procédure spécifique pour protéger ces patients. Ces derniers sont ainsi invités à se manifester auprès de leur agence régionale de santé (ARS) qui les signalera ensuite à Enedis. Si ces patients sont concernés par un délestage, Enedis les préviendra 48 heures à l’avance. "On a une attention particulière à leur égard, ils ont un numéro de téléphone dédié, on va les appeler pour voir s’ils ont pris des précautions" tente de rassurer Laurent Méric. Si nécessaire, ces patients seront envoyés "dans un endroit qui ne sera pas délesté pour que la plus grande garantie leur soit apportée".

Des explications loin de satisfaire les oppositions, qui se sont engouffrées dans la brèche et utilisent depuis 24 heures les propos du porte-parole d’Enedis pour multiplier les attaques contre l’exécutif. A l’extrême-droite, Marine Le Pen dénonce des "propos ahurissants" tandis que Jordan Bardella, nouveau président du Rassemblement National, fustige un gouvernement "qui semble avoir perdu de vue tout respect élémentaire des Français et plus particulièrement des plus fragiles". A gauche, le député LFI Damien Maudet commente : "cinq ans de Macron pour en arriver là, terrorisant de penser qu’il en reste cinq autres".

L’affaire a pris une telle importance que le Président de la République lui-même a pris la parole sur le sujet. Actuellement en déplacement en Albanie, le chef de l’Etat a dénoncé ce mardi matin "des scénarios absurdes qui font peur aux gens" et a recadré "les autorités et entreprises publiques dont le rôle n’est pas de transférer la peur ni de gouverner par la peur". Comme souvent, le Président de la République semble découvrir dans la presse la communication de ses propres troupes.

Grégoire Griffard