Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM -Covid-19 en France : on se perd en conjecture !

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Covid-19 en France : on se perd en conjecture !

Paris, le vendredi 16 novembre 2020

La confusion règne en cette fin de première semaine de confinement : confusion sur les données épidémiologiques, confusion sur les mesures à prendre, confusion sur l’évolution de l’épidémie dans un avenir proche.

Santé publique France, Pennsylvanie : même désarroi ?
Le bulletin épidémiologique de cette semaine traduit une certaine fébrilité des systèmes de surveillance, victimes, peut-être du manque de recul avec lequel les épidémiologistes se voient contraints de publier des chiffres.

Ainsi, le « point épidémiologique hebdomadaire Covid-19 » sur lequel la presse (dont le JIM) se penche chaque semaine avec avidité s’ouvre sur un avertissement de mauvais augure : « en raison d’un défaut de remontées de données sur les tests par le système d’information SI-DEP vers Santé Publique France, les indicateurs basés sur les données des tests de diagnostic réalisés par les laboratoires de biologie médicale sont sous-estimés en semaines 43 et 44 ». Il se clos tout aussi piteusement par cette précision de taille glissée en dernière page : « on entend comme admission en réanimation l’admission en services de réanimation, en unités de soins intensifs et en unités de surveillance continue* ». Soit 19 326 lits au 31/12/2018 (5 432 de réanimation, 5 832 de soins intensifs et 8 062 de soins continus) selon la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). SPF reconnaît ainsi que le taux d’occupation en réanimation, répété à l’envie, y compris par les autorités ministérielles, ne correspond tout simplement pas à la réalité !

Malgré ces difficultés de comptage, digne d’un dépouillement électoral en Pennsylvanie, la progression de l’épidémie est importante, qu’il s’agisse des indicateurs précoces ou des marqueurs de gravité (voir tableau ci-dessous).

Les trois scénarios d’Olivier Véran
Amplifiant l’impression de flottement au sommet, Olivier Véran s’est laissé aller hier à des prévisions, contestées, nous le verrons, dans sa propre administration.

Partant du principe, basée sur une « intime » conviction « que le confinement est bien respecté par les Français » (ce qui est confirmé par certains indicateurs techniques mais largement contredit par certains observateurs comme le Pr Gilles Pialoux), le locataire de l’Avenue de Ségur estime qu’il faut s’attendre à « un pic de 6 000 patients en réanimation » (et en soins intensifs et en soins continue, aurait-il dû ajouter) à la mi-novembre. La courbe redescendrait ensuite et la vague serait « moins intense que la première vague ».

Deuxième scénario du ministre de la santé « si nous ne respectons pas suffisamment le confinement (…) nous connaîtrons un risque fort de saturation au niveau national dès la mi-novembre avec plus de 7 000 patients atteints de Covid en réanimation ». La deuxième vague serait alors « plus haute et plus longue que la première » avec une stabilisation « au moins jusqu’à la mi-décembre ».

Dernier scénario, purement hypothétique : selon le ministre, sans confinement, la France aurait connu, le 11 novembre, quelque 9 000 patients Covid en réanimation et tous les services auraient été alors saturés.

Riposte : guerre de religion au sommet de l’État
Près d’un an après son identification en Chine, force est de constater que les autorités ne se sont pas encore fait de religion en matière de riposte à la Covid-19.

Ainsi, Europe 1 nous apprend que dans une note confidentielle, le Directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, dresse un constat alarmant quant à l’efficacité du confinement actuel et prévoit que l’inflexion de la courbe sera plus lente qu’au printemps avec "un plateau haut et prolongé". Il rapporte ainsi que, selon les modélisations dont il dispose : « il ne semble pas possible d’obtenir un taux de reproduction du virus à 0,7, comme en avril, mais plutôt à 0,9 ».

Pour expliquer l’inefficacité relative du confinement actuel, le Pr Salomon pointe les décisions de maintenir les visites en EHPAD et de laisser ouverts les établissements scolaires.

Cette note semble d’ailleurs faire bouger les lignes.

Ainsi, Jean-Michel Blanquer après avoir juré dimanche que l’éducation ne saurait être une nouvelle fois sacrifié sur l’autel de la santé publique a proposé, hier, des « demi-groupes » dans les lycées… (avant de les fermer la semaine prochaine ?)

F.H.