Les mobilisations dans les hôpitaux

JIM - Déçus des réponses d’Agnès Buzyn, les hospitaliers préparent une Saint Valentin sans hôpital

Janvier 2020, par Info santé sécu social

Paris, le lundi 20 janvier 2020

Ils sont dans l’émotion. Elle est dans l’action. Tel est le résumé que semble faire dans Le Figaro Agnès Buzyn, ministre de la Santé, de sa rencontre avec une délégation de six chefs de service, venus évoquer leur souffrance et leurs inquiétudes après qu’un millier d’entre eux ont menacé le ministre de la Santé en début de semaine dernière d’une démission administrative collective. « Ils sont dans l’émotion de ce qu’ils vivent, et je les comprends. Moi, je veux leur montrer que je suis aussi dans l’action, à leurs côtés, dans la mise en œuvre de mesures concrètes », explique-t-elle. Ainsi, rappelle-t-elle comme dans un communiqué publié vendredi soir que « 150 millions d’euros ont d’ores et déjà été alloués aux établissements pour acheter, sans attendre, le matériel indispensable au travail des soignants au quotidien : équipements et petits matériels, ou petites opérations de travaux qui impactent le quotidien des services de soins ».

Patience
Le ministre de la Santé a également enjoint les chefs de service à être patients alors que beaucoup lui ont rappelé que l’urgence était une augmentation des salaires les moins élevés afin d’éviter la fuite de l’hôpital public. « Dès la fin du mois, 200 000 soignants bénéficieront d’une prime mensuelle de 100 € par mois sur la base des mesures annoncées ces derniers mois », répond le ministre de la Santé qui a conscience qu’aujourd’hui l’ensemble des mesures n’est pas encore perçu concrètement par le personnel. Un discours qui a profondément déçu les participants au rendez-vous. « Nous avons réclamé une modification rapide du système de la tarification à l’activité : la ministre nous promet de futurs groupes de travail. On a fait valoir que la progression prévue de 2,4% du budget de l’Hôpital ne suffisait pas : elle prétend le contraire. On a demandé des précisions sur l’ampleur et les conditions de reprise de la dette hospitalière annoncée fin novembre : elle nous annonce un projet de loi pour la fin de l’année… », énumère citée par Libération le professeur Agnès Hartemann, dont le témoignage pour expliquer les raisons de sa démission a été largement repris.

Impuissance
Doit-on conclure à un dialogue de sourd ? C’est peut-être plus désolant encore, car les chefs de service paraissent avoir eu plus certainement le sentiment d’un ministre impuissant. Ainsi, constatent-ils avec effarement que le ministre ne peut leur promettre davantage. « La ministre n’a pas de mandat pour aller plus loin sur la revalorisation des salaires des agents hospitaliers, même si elle ne nie pas le besoin » reconnaît d’ailleurs son entourage. Mais les membres des collectifs Inter-Urg et Inter-Hôpital n’attendront pas le prochain rendez-vous donné dans deux mois et préparent déjà le 14 février une journée « Hôpital mort » ; une perspective qu’il redoute fortement.

Aurélie Haroche