Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Déploiement des tests antigéniques : vers un rendez-vous raté ?

Octobre 2020, par Info santé sécu social

Paris, le mardi 20 octobre 2020

Le Président de la République a reconnu les « vraies difficultés » de la stratégie de dépistage choisie par la France lors de sa dernière entrevue télévisée. Pour contribuer à les réduire, Emmanuel Macron mettait en avant l’intérêt des tests antigéniques.

Aussi, ce week-end, le ministère de la santé a (théoriquement) ouvert la voie à leur large déploiement avec la publication de deux arrêtés au Journal officiel.

Initialement, les tests antigéniques n’étaient utilisables que dans le cadre d’opérations collectives de dépistage pour les personnes asymptomatiques et les résultats devaient être confirmés par une RT-PCR.

Les textes publiés ce week-end permettent désormais que ces tests antigéniques puissent être réalisés dans une « situation de dépistage individuel » par les médecins, pharmaciens et infirmiers et bénéficier d’un remboursement par la Sécurité sociale.

Les indications de ces tests répondent aux recommandations de la HAS et à un algorithme complexe (un de plus !). Les asymptomatiques qui sont « cas contact » (reconnus comme tels par l’Assurance-maladie) ou ciblés par les investigations autour d’un « cluster » (investigations diligentées par une Agence régionale de santé) doivent continuer à être testés par RT-PCR uniquement. Quant aux personnes avec des symptômes, elles n’accéderont aux tests antigéniques qu’à trois conditions : impossibilité d’obtenir un RT-PCR sous 48 heures, ne pas dépasser quatre jours après les premiers symptômes, ne pas être un public à risques (plus de 65 ans, malade chronique). Le gouvernement n’a donc pas choisi d’adopter une position plus audacieuse, telle celle préconisée par l’Académie de pharmacie. Cette dernière préconisait que pour les patients symptomatiques et les cas contacts, le test RT-PCR (sur prélèvement nasopharyngé ou salive) puisse être complété par un test rapide d’orientation diagnostique antigénique, si le résultat de la PCR ne peut être obtenu dans les 24 heures. La stratégie plus timorée du gouvernement empêchera-t-elle les tests antigéniques de jouer leur rôle, c’est-à-dire d’améliorer réellement l’efficacité du traçage ?
Désaccord sur les tarifs
Autre écueil : ces tests ne seront accessibles aux patients qu’après des discussions sur les tarifs avec l’Assurance maladie.

Pour l’heure, la caisse propose une rémunération de 30 euros pour les pharmaciens (qui devront recevoir une formation au prélèvement) et les infirmiers, et 42 euros pour les médecins. Ces montants incluent l’achat du kit de test (entre 7 et 9 euros).

« La proposition tarifaire est insuffisante, car il faut qu’on achète le test, les protections, qu’on remplisse la fiche de renseignement du patient et qu’on renseigne le fichier Sidep » fulmine Catherine Kirnidis, présidente du syndicat d’infirmiers SNIIL dans les colonnes des Échos. Pour les visites à domicile, les IDEL ne toucheraient une majoration que de 3,15 euros supplémentaires « pour attendre 20 minutes chez le patient le résultat du test (…) Ce n’est pas rentable si je ne peux faire que deux rendez-vous par heure », ajoute-t-elle.

Les médecins, eux, pourraient donc bénéficier d’une majoration de 17 euros sur le tarif de base de la consultation à 25 euros. Trop peu pour les syndicats qui estiment que ce tarif, qui comprend l’achat du test, l’équipement de protection, l’acte de prélèvement, la lecture et communication du résultat aux patients, la gestion des déchets d’activité de soins et la gestion des patients pendant au moins une demi-heure, est insuffisant.

« La CNAM veut donc nous faire travailler bénévolement, voire même à perte. La médecine est peut-être une vocation, mais ce n’est pas un sacerdoce » raille ainsi la FMF (Fédération des médecins de France).

Aussi, les syndicats demandent la fourniture des tests aux médecins par l’Assurance Maladie, une consultation prise en charge en tiers payant et une majoration de l’acte de 20 euros.

Seuls les pharmaciens semblent satisfaits des propositions de la CNAM et Philippe Besset (Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France) calcule que les officines pourraient réaliser jusqu’à 1 million de tests antigéniques par semaine.

X.B.