L’hôpital

JIM - Enfin des ratios soignants/patients…inapplicables ?

Avril 2022, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 29 avril 2022

Répondant à une revendication de longue date des professionnels, un décret paru au Journal Officiel fixe un ratio entre nombre de lits et nombre d’infirmiers et d’aides-soignants dans les unités de réanimation et de soins intensifs.

Le texte fixe les conditions techniques de fonctionnement de ces services (nombre minimal de lits, composition des équipes, formation nécessaire…), et définit pour chaque type de services hospitaliers un nombre de lits par infirmiers et aides-soignants. Le texte prévoit ainsi deux infirmiers pour cinq lits ouverts et un aide-soignant pour quatre lits ouverts pour les services de réanimation. Les unités de soins intensifs polyvalentes ou de spécialité, de cardiologie, d’hématologie et de neurologie vasculaire doivent, elles, disposer d’un infirmier pour 4 lits, et d’un aide-soignant pour 4 lits le jour et 8 lits la nuit.

Si on ne peut que louer cette nouvelle réglementation, elle intervient à un moment critique et est sans doute inapplicable.

Des ratios à l’heure des plans blanc !

Partout en France depuis plusieurs semaines, les établissements de santé déclenchent les plans blancs, faute de personnels.

A l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), première institution hospitalière de France, 15 % des lits sont actuellement fermés et il manque 8% d’infirmiers.

« On est perpétuellement sur la brèche. La situation est vraiment difficile pour tout le monde. On ne tourne pas comme on devrait tourner. Les professionnels font un énorme travail pour ne pas refuser de patients, pour fonctionner 24h/24, mais dans des conditions anormalement difficiles » indiquait Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP ce mercredi sur franceinfo. « Il nous manque 8 % d’infirmières depuis six mois » détaillait-il déplorant « une sorte de désaffection, de ras-le-bol, de difficultés, de fatigue depuis cet été ». « D’habitude on a à peu près 4 ou 5 % des lits qui ne sont pas ouverts parce qu’il y a un problème ponctuel ou qu’on désinfecte, etc. Depuis six mois, ça oscille entre 14 et 16 %. On a 10% de lits de plus fermés » constatait-il.

Le diagnostic est simple : « depuis le début des années 2000 et le passage aux 35 heures, il y a un dérochage des salaires à l’hôpital qui m’a fait dire depuis des années que ça craquerait si on n’augmentait pas les infirmières » rappelle-t-il.

Dans ce contexte, appliquer des ratios soignants/patients reviendrait donc à fermer encore davantage de lit.

Comme l’écrivait les signataires d’une tribune dans le journal Le Monde en novembre dernier « un choc d’attractivité » à l’hôpital est plus que jamais nécessaire et il ne pourra se traduire que par de très substantielle augmentation de salaires pour les infirmiers et les aides-soignants.

Gabriel Poteau