Amerique du Nord

JIM - Joe Biden est-il bon pour la santé ?

Novembre 2020, par Info santé sécu social

JIM -Journal International de Médecine (JIM)

Washington, le lundi 9 septembre

Joe Biden occupera la Maison Blanche dès le 20 janvier prochain. Les questions de santé seront au cœur des défis qui attendent le futur président des Etats-Unis.

Le verdict est tombé ce samedi après-midi, sur toutes les grandes chaines d’infos américaines. Après quatre jours de suspens, dû à un dépouillement particulièrement lent dans plusieurs Etats, CNN, Fox News ou encore CBS ont déclaré Joe Biden vainqueur de l’élection présidentielle de 2020. A bientôt 78 ans, l’ancien sénateur deviendra donc le 20 janvier prochain le 46ème président des Etats-Unis. Donald Trump, qui n’a pas encore reconnu sa défaite et promet encore des recours juridiques en tout genre, devra donc quitter la Maison Blanche.

Parmi les toutes premières mesures de son futur mandat, le président élu a déclaré qu’il prendrait un décret pour que les Etats-Unis réintègrent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), que le président Trump a quitté le 8 juillet dernier. Un signe que les questions de santé seront au cœur de l’ère Biden.

La lutte contre l’épidémie, priorité absolue du futur président
La future administration aura bien sûr pour priorité absolue de lutter contre l’épidémie de Covid-19, qui a déjà tué près de 244 000 Américains et en tue encore entre 1 000 et 1 200 par jour. Joe Biden a ainsi déjà nommé son propre conseil scientifique, qui doit l’aider à élaborer son futur plan de lutte contre la pandémie. Un groupe de travail qui sera dirigé par l’ancien ministre de la santé Vivek Murthy et l’ancien président de la FDA David Kessler.

Tout au long de la campagne présidentielle, l’ancien vice-président a adopté un ton compassionnel sur l’épidémie, insistant sur les souffrances des victimes et promettant qu’il écouterait les conseils des scientifiques. Son arrivée au pouvoir marquera donc, sur la forme au moins, une rupture totale avec la gestion quelque peu erratique de l’épidémie mené jusque là par l’administration Trump. Habituellement neutre dans les questions politiques, la communauté scientifique avait majoritairement soutenu Biden durant l’élection et notamment le magazine Nature qui lui a apporté son soutien officiel le 3 octobre dernier.

Concrètement, Joe Biden a notamment indiqué qu’il fera tout pour imposer une obligation nationale de porter le masque dans les lieux publics, ce qui pourrait être difficile à mettre en place dans un Etat fédéral. Le futur président veut également garantir des congés maladie payés pour les travailleurs infectés et s’assurer que tous les Américains, même ceux qui n’ont pas d’assurance, puissent bénéficier de test gratuit (des questions qui nous paraissent particulièrement incongrus à nous Français). Si tout va bien, l’administration Biden devra également rapidement mettre en place un plan de vaccination massive de la population américaine.
Vers un renforcement de l’Obamacare
Mais la gestion de l’épidémie ne concernera, on l’espère, que les premiers mois de la présidence Biden, sur le plan strictement sanitaire du moins. Sur le long terme, la grande question de santé aux Etats-Unis reste celle de l’Obamacare. Mesure phare de la présidence de Barack Obama (dont Joe Biden était le vice-président), l’Affordable Care Act de 2010 a permis à plus de 20 millions d’Américains d’obtenir une couverture maladie. Mais le dispositif est régulièrement critiqué pour sa complexité et son coût exorbitant (1 760 milliards de dollars en 10 ans).

« Obamacare est une affaire personnelle » a déclaré à plusieurs reprises l’ancien sénateur. Contrairement à l’aile gauche du parti démocrate, Joe Biden ne souhaite pas remplacer Obamacare par un système de couverture universelle à l’européenne. Le futur président souhaite donc mener une réforme a minima, en renforçant les subventions permettant aux ménages les plus pauvres de contracter une assurance privé et surtout en créant une assurance publique fédérale qui viendra concurrencer ces assurances privés souvent hors de prix.

Joe Biden risque cependant de ne pas avoir les mains totalement libres sur la question. D’abord parce que les Républicains sont pour l’instant en bonne voie de conserver la majorité au Sénat, la chambre haute du Congrès, ce qui limitera fortement les prérogatives législatives de l’administration Biden. Ensuite et surtout parce que la justice aura également son mot à dire sur la question. Dès ce mardi, la Cour Suprême à majorité conservatrice se penchera en effet sur la constitutionnalité de l’Affordable Care Act.

Quentin Haroche