Les mobilisations sur les retraites

JIM - L’arrêt maladie devient-il une façon détournée de faire grève ?

Décembre 2019, par Info santé sécu social

Paris, le jeudi 26 décembre 2019

Le procédé avait déjà ému dans le cadre du mouvement des urgences durant lequel on a assisté, dans certains établissements de santé, à des « arrêts maladies groupés » que certains avaient interprétés comme un moyen d’éviter les réquisitions de soignants. Le même phénomène, complexe à analyser, se déroule actuellement à la RATP.

Ainsi, le Parisien rapporte que les arrêts maladie chez les 3 000 conducteurs qui circulent sur les 16 lignes du métro parisien sont en forte hausse « parfois, de plus de 300 % » entre la première quinzaine de décembre 2018 et celle de 2019. Un phénomène qui s’est accentué lors de la deuxième semaine de grève. Entre les 16 et 19 décembre, ils ont été multipliés par quatre (137 en moyenne par jour, entre les 17 et 20 décembre 2018) pour atteindre 578 arrêts maladie en moyenne par jour. Le jeudi 19 décembre, le 15e jour de grève et journée de mobilisation interprofessionnelle, un pic de 646 arrêts maladie a été colligé.

On note la même évolution chez les chauffeurs de bus (+170 % la première semaine, +200 % la deuxième), et auprès des 850 conducteurs de RER avec un bond de plus de 300 % entre décembre 2018 et décembre 2019.

Le stress du non-gréviste

Mais ces arrêts maladie ne sont pas forcément un moyen de faire la grève à peu de frais. Ils peuvent aussi être liés au stress provoqué chez les non-grévistes par la cohue des usagers auxquelles ils assistent tous les jours et aux attaques des grévistes qui les accusent, parfois, de « traitrise ».

Ainsi, sur RTL, le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France, explique : « ce sont des chiffres à prendre avec précaution. Le seul arrêt que j’ai fait pour une personne de la RATP, c’était pour une conductrice de bus. Elle sortait d’un congé maternité, elle n’avait pas les moyens de faire grève et subissait la pression de ses collègues grévistes (…) Elle avait des angoisses, peur d’être stigmatisée, et donc elle ne dormait pas. Je lui ai fait un arrêt de trois ou quatre jours. Derrière un arrêt de travail, il y a toujours un symptôme qui fait que la personne n’est pas bien dans son travail. Ce sont rarement des arrêts de complaisance ».

Reste que la direction de la régie des transports parisiens annonce intensifier ses contrôles pour s’assurer de la véracité de ces actes.

Une attitude scandaleuse pour les syndicats qui dénonce un « gouvernement (…) prêt à tout pour décrédibiliser le mouvement. Les arrêts maladies, ce sont des médecins qui les délivrent, pas les agents de la RATP » soulignent-ils ainsi…

X.B.