Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - La Suède était-elle la seule à avoir raison ?

Juin 2021, par Info santé sécu social

Stockholm, le vendredi 28 mai 2021

Quatorze mois après le début de l’épidémie, la Suède, seul pays européen à n’avoir jamais confiné sa population, n’a pas vraiment à rougir de son bilan.

« Nous apercevons le début de la fin » a déclaré ce jeudi le premier ministre suédois Stefan Lofven. Face à la baisse du nombre de cas et d’hospitalisation et à l’accélération de la vaccination dans le pays (35,5 % des habitants ont reçu une première dose), le chef du gouvernement a annoncé une diminution progressive des restrictions à partir du 1er juin prochain.

L’occasion de se rappeler que, contrairement aux idées reçues, la Suède a bien mis en place quelques restrictions pour lutter contre la Covid-19. Ainsi, les rassemblements dans les lieux publics sont interdits et les cafés et restaurants doivent fermer à partir de 20h30. Mais jamais la Suède n’a mis en place de confinement strict, contrairement à l’ensemble des pays européens. Elle a préféré miser sur des recommandations et la bonne volonté des citoyens.

Moins de morts par habitant en Suède qu’en France

Cette stratégie originale mise en place par les autorités suédoises et par l’ « épidémiologiste en chef » Anders Tegnell a été très décriée hors et à l’intérieur de la Suède (notamment sur les plateaux de télévision en France). Pourtant, le bilan suédois est loin d’être aussi catastrophique que ce que les médias européens avaient pu prédire. Loin de là. Avec 1 419 morts par million d’habitants, la Suède est dans la moyenne des pays européens et compte moins de morts par habitants que la France (1 669 décès) ou l’Italie (2 083), des pays qui ont pourtant procédé à des confinements stricts de leur population.

L’évolution de la courbe des décès en Suède pourrait d’ailleurs battre en brèche l’idée que ce sont les confinements qui permettent de « briser » l’épidémie. Comme ses voisins européens et sans jamais avoir confiné, le royaume a connu une première vague au printemps 2020 puis une seconde plus longue à partir de novembre 2020.

Certes la Suède a un très mauvais bilan par rapport à ses voisins scandinaves norvégiens, finlandais et surtout danois, mais la comparaison n’est pas totalement pertinente puisque la Suède a une densité de population pondérée supérieure à celle de ces pays et que ses habitants sont très concentrés dans les villes.

Les Suédois sont restés libres
Si l’absence de confinement n’a donc pas provoqué d’hécatombe en Suède, elle a lui a peut-être permis d’éviter les nombreux contrecoups des politiques drastiques mises en place par ses voisins européens. D’un point de vue économique, le PIB suédois n’a chuté « que » de 2,8 % en 2020 contre 8,2 % pour la France ou 11 % pour l’Espagne.

D’un point de vue sanitaire, l’absence de confinement pourrait aussi avoir eu des effets bénéfiques. On sait en effet que dans les pays qui ont confiné leur population, d’autres affections potentiellement mortelles comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires ont été moins bien prises en charge. Ainsi les examens de dépistage du cancer du sein ont baissé de 30 % au Royaume-Uni contre 10 % en Suède. Si l’on s’en tient strictement à la mortalité ajustée sur l’âge, elle n’a augmenté que de 1,5 % en Suède en 2020 contre 6,7 % en France ou 12,9 % en Espagne. Et depuis le mois de février 2021, la Suède est en sous-mortalité.

Enfin, dernier élément difficile à quantifier et pourtant primordial, les Suédois ont pu, tout au long de cette épidémie, conserver leur liberté.

Alors que des centaines de millions d’Européens étaient soumis à des restrictions sans précédent, les Suédois ont pu continuer à mener une vie relativement normale.

Ce n’est sans doute pas un hasard si 55 % des Suédois sont satisfaits de la gestion de l’épidémie par leur gouvernement (l’un des taux les plus élevés d’Europe) contre seulement 32 % des Français.

Quentin Haroche