Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Lancement de la vaccination contre la grippe sur fond de Covid-19

Octobre 2022, par Info santé sécu social

Paris, le mardi 18 octobre 2022

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière débute ce mardi alors que la France est touchée par une 8ème vague de Covid-19.

Craint par les épidémiologistes depuis deux ans, le risque d’une double épidémie grippe/Covid-19 semble désormais réel. Alors que le respect des gestes barrières a fortement reculé et que les contaminations par SARS-CoV-2 étaient jusqu’à il y a peu en hausse (autour de 56 000 tests positifs par jour actuellement), l’hiver prochain pourrait être le théâtre de cette double contagion qui mettrait les services hospitaliers à rude épreuve. C’est dans ce contexte inquiétant qu’est lancée ce mardi la campagne annuelle de vaccination contre la grippe saisonnière.

Sont éligibles à la vaccination les sujets de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les obèses, les personnes à risque de forme grave en raison de comorbidités et les professionnels de santé. Le vaccin sera réservé à ce public prioritaire jusqu’au 15 novembre. A compter de cette date, toute personne pourra se faire vacciner mais à ses frais si elle ne fait pas partie du public cible.

Médecins, pharmaciens, infirmiers et sage-femmes sont habilités à administrer le vaccin. Lors de la précédente campagne de vaccination, 56,8 % des plus de 65 ans et 34,3 % des moins de 65 ans éligibles s’étaient faits vacciner, des chiffres en progression mais jugés insuffisant.

La HAS recommande la double vaccination

Plusieurs éléments laissent craindre que l’épidémie de grippe de l’hiver 2022-2023 soit particulièrement rude. Tout d’abord, l’épidémie a été assez sévère dans l’hémisphère sud lors de l’hiver austral, notamment en Australie où plus de 300 personnes sont décédées. Ensuite et surtout, les confinements et les gestes barrières ont permis de réduire fortement la circulation des virus grippaux lors des deux précédents hivers, ce qui a altéré l’immunité naturelle de la population.

La vaccination contre la grippe saisonnière démarre 15 jours après le lancement d’une campagne de vaccination de rappel contre la Covid-19. Les publics cibles sont quasiment les mêmes, à une incongruité près, puisque les personnes âgées de 60 à 64 ans (soit plus de 4 millions de personnes) sont éligibles à une dose de rappel contre la Covid-19 mais pas à la vaccination antigrippale.

Les deux campagnes devaient au départ être lancées le même jour pour plus de lisibilité, mais le rebond épidémique de la Covid-19 a incité les autorités à avancer la campagne d’immunisation contre cette maladie. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de recevoir les deux vaccins concomitamment si possible mais le ministère de la Santé reconnait « qu’un certain nombre de concitoyens ont des réticences malgré l’absence avérée de risque ».

Doute sur l’efficacité accrue des vaccins bivalents

Particularité de cette nouvelle campagne de vaccination contre la Covid-19, l’arrivée sur le marché de nouveaux vaccins dits bivalents qui ciblent spécifiquement les sous-variants d’Omicron. Développés par les laboratoires américains Pfizer et Moderna, ces vaccins ont été validés par l’Agence européenne du médicament (EMA) et la HAS.

Pourtant, le 11 octobre dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé dans un communiqué que l’efficacité accrue de ces vaccins bivalents par rapport aux précédents vaccins contre la Covid-19 n’était pas démontrée. Aucune étude clinique n’a en effet été réalisée sur ces vaccins ciblant en partie le variant BA5 (actuellement majoritaire en France) et les données en laboratoire n’ont montré qu’une « neutralisation légèrement supérieure du variant Omicron » selon Joachim Hombach, secrétaire exécutif du groupe d’experts qui conseillent l’OMS.

« Nous ne pouvons pas associer ces mesures de laboratoire à une augmentation de la protection » assure Joachim Hombach, qui conclut que « les données actuellement disponibles ne sont pas suffisantes pour étayer l’émission d’une recommandation en faveur des doses de rappel contenant des vaccins bivalents ». Une déclaration de l’OMS qui ne fait que complexifier encore un peu la situation sur le front vaccinal.

Grégoire Griffard