Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Le Conseil scientifique justifie le confinement…mais ne le recommande plus !

Juin 2020, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 19 juin 2020 –

La commission d’enquête sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 a auditionné, hier, certains membres du conseil scientifique.

Institué le 11 mars et composé de 14 experts, le conseil scientifique s’est réuni, en visioconférence ou par téléphone, « plus de cent fois » au cours des trois derniers mois. Il a également été en contact avec le président, Emmanuel Macron et le premier ministre, Edouard Philippe, « tous les quinze jours ». Au total, il a produit sept avis principaux ayant guidé les décisions de l’exécutif pendant la crise, dont celle du confinement qui a été au cœur des débats durant cette audition.

Il a aussi été question de la légitimité de cette institution constituée dans l’urgence et qui a semblé, parfois, se substituer au pouvoir politique.

Une accusation que balaye son président, le Pr Jean-François Delfraissy : « C’est le gouvernement qui décide ! Et ce qu’on a pu lire dans les journaux sur un troisième pouvoir sanitaire en France, c’est une vaste blague ! » Le président du conseil scientifique a juré que sa parole était « libre ». « Ma carrière, elle est faite. Je suis un vieux monsieur » a-t-il lancé.

Le confinement : « il n’y avait pas le choix »…
Devant les députés, le Pr Delfraissy a reconnu que l’avis proposant au gouvernement le confinement généralisé lui avait particulièrement pesé. « Je n’ai pas dormi pendant trois ou quatre nuits » a-t-il ainsi raconté.

C’est surtout au Pr Arnaud Fontanet qu’est revenue la difficile mission de défendre le confinement.

Un « choix sage et payant » a-t-il affirmé.

« Le confinement, à la date où la décision a été prise, on n’avait pas le choix », a-t-il poursuivi évoquant le nombre de malades anticipé par les modèles, qui auraient « submergé » les services de réanimation. « On est passés sur le fil » a-t-il encore conclu. Il a ainsi rappelé que quasiment tous les pays européens ont opté pour le confinement et que ceux qui ont tardé à confiner, comme le Royaume-Uni, l’avaient « payé cher ».

Il a néanmoins constaté que la Suède avait fait un choix différent, mais remarque que les épidémiologistes qui ont promu cette approche disent aujourd’hui avoir quelques « regrets ».

Néanmoins, en s’appuyant sur l’exemple de Taïwan, de la Corée du Sud ou encore de Singapour, le Pr Fontanet a reconnu que toute une série de mesures aurait pu éviter ce confinement : des campagnes massives de tests, le traçage précis des Covid + et de leurs contacts, le port du masque généralisé, l’hygiène des mains, la promotion du télétravail mais aussi la fermeture partielle des écoles et des transports.

Il a aussi expliqué pourquoi le Conseil avait préféré le confinement généralisé au confinement par région, qui aurait permis aux zones épargnées par le virus, comme l’ouest de la France, d’être exclues du dispositif.

Une hypothèse qui n’avait pas la préférence du Conseil devant la « facilité à contourner des frontières à l’intérieur d’un pays » explique Arnaud Fontanet. « Un confinement national a permis aux régions pas encore touchées de ne pas l’être. Je comprends que la situation a pu être un peu étrange pour l’ouest de la France » a-t-il encore expliqué.

Le caractère impératif du confinement est cependant loin d’être reconnu par tous. Ainsi, dans les colonnes du JIM, le Pr Jean-François Toussaint expliquait il y a une semaine « ma conviction est que dès le début du mois d’avril, il était possible, en s’appuyant sur ces données réelles, d’adopter une autre stratégie. Il apparaît très clairement, dans les données chinoises et italiennes, que le virus affecte très majoritairement les plus âgés. Si l’on avait voulu se concentrer sur ces faits, et non sur des modélisations qui se révèleront plus que douteuses, il aurait été possible d’agir différemment ».

…Mais aujourd’hui, si !
Le député Abad s’est alors interrogé, « si nous n’avions pas le choix, aurons-nous le choix en cas de deuxième vague » ?

Au moment où Pékin se reconfine, les conseillers ont redit que le risque d’une deuxième vague devait « être considéré », mais que le danger venait « d’abord d’Amérique du Sud ou d’Afrique ».

Mais, paradoxalement, si une recrudescence de l’épidémie était constatée par exemple cet automne, Jean-François Delfraissy ne recommande plus un confinement généralisé qui, selon lui, ne serait « ni possible, ni souhaitable », ni même accepté par la population. Il suggère plutôt un « confinement partiel », adapté aux « populations plus âgées, à risque ».

De l’art de se contredire sans se dédire…

F.H.