Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Le nouveau variant de SARS-CoV-2 objet de toutes les attentions

Décembre 2020, par Info santé sécu social

Paris, le lundi 21 décembre 2020

La première intervention officielle du ministre de la Santé britannique évoquant l’identification d’un nouveau variant de SARS-CoV-2 sur le territoire britannique remonte au lundi 14 décembre. Devant la Chambre des Communes, Matthew Hancock a ainsi précisé : « Nous avons actuellement identifié plus de 1 000 cas avec ce variant principalement dans le sud de l’Angleterre, même si des cas ont été répertoriés dans 60 circonscriptions différentes ». Depuis, le discours samedi du premier ministre, Boris Johnson signalant la vigilance suscitée par la propagation de ce nouveau variant dont le niveau de contagiosité pourrait être nettement plus important, une véritable alerte a été activée dans le monde entier.

Une circulation sporadique de la mutation N501Y déjà repérée en avril au Brésil
Ce nouveau variant porte le nom de VUI - 202012/01. Il présenterait un nombre de mutations plus important que les autres variants (17) repérés depuis l’identification initiale de SARS-CoV-2. VUI - 202012/01 se caractérise par ailleurs par un changement du 501ème acide animé constituant la protéine Spike (baptisé mutation N501Y). Si elle est aujourd’hui sous le feu des médias, la mutation N501Y circulait déjà « sporadiquement » depuis plusieurs mois et a par exemple été isolée « en Australie en juin-juillet, aux Etats-Unis en juillet et au Brésil en avril », signale Julian Tang, de l’université de Leicester, cité par Le Monde.

Un virus stable en dépit de millions de mutations naturelles
La présence de cette mutation il y a déjà plusieurs mois conduit une nouvelle fois à rappeler que les mutations d’un virus tel que SARS-CoV-2 sont innombrables et tout à fait attendues. Le généticien et président de la Ligue contre le cancer, Akel Kahn a ainsi rappelé ce week-end que « trois cent mille mutants de CoV-2 ont été séquencés dans le monde ». Néanmoins, en dépit de cette évolution parfaitement classique, une certaine stabilité de SARS-CoV-2 a également pu être observée. Ainsi, l’Académie américaine des sciences constatait en novembre que les différences entre les virus circulant aujourd’hui et ceux isolés au début de l’épidémie sont restreintes (concernant une trentaine de « lettres » de la séquence génomique sur 30 000 et 15 acides animés). Au total, les autorités scientifiques ont recensé huit variants réels (sans compter VUI - 202012/01).

Plus contagieux
Au-delà de ces constatations, la flambée que VUI - 202012/01 aurait provoquée dans le Sud-est de la Grande-Bretagne interroge quant à sa potentielle dangerosité accrue et sa possible transmissibilité plus importante. Les premières données partielles des autorités britanniques évoquent un variant qui serait 70 % plus contagieux que les autres ; tandis que VUI - 202012/01 serait à l’origine de 62 % des contaminations à Londres depuis le mois de septembre. Néanmoins, « Rien ne suggère que les symptômes soient différents, que les tests soient différents ou que le résultat clinique soit différent pour ce variant » a indiqué le directeur général de la santé britannique Chris Whitty, confirmant les propos rassurant du Premier ministre sur la dangerosité de la souche.

On trouve ce qu’on séquence

Néanmoins, les chiffres concernant sa transmission ont très vite conduit l’ensemble de l’Europe à suspendre tout échange avec la Grande-Bretagne. Une telle fermeture pourrait néanmoins être trop tardive pour empêcher toute propagation, comme le révèle l’identification du nouveau variant dans plusieurs pays d’Europe récemment et notamment en Italie, au Danemark et aux Pays-Bas. En France, les 500 séquençages réalisés ces derniers jours n’ont pas permis d’identifier le nouveau variant, a indiqué ce matin le ministre de la Santé. Cependant, il n’exclut nullement que la souche puisse circuler en France ; d’autant plus que les séquençages sont bien moins nombreux en France qu’en Grande-Bretagne. D’ailleurs, la recommandation faite par l’Organisation mondiale de la Santé aux autorités nationales de renforcer leurs capacités de séquençage pourrait tout à fait s’appliquer à la France. Si elle dispose de moyens importants en la matière, la France ne s’est en effet pas montrée en pointe dans ce domaine depuis le début de l’épidémie.

Les vaccins menacés ?
Reste enfin une question essentielle posée par la circulation plus active de ce nouveau variant : peut-elle affecter l’efficacité des vaccins. Si on sait que cette question des mutations est un enjeu majeur pour la mise au point de vaccin, les premiers éléments d’investigation des chercheurs suggèrent que bien que concernant la protéine spike, les modifications qui caractérisent VUI - 202012/01 ne devraient pas avoir d’impact majeur sur l’efficacité des vaccins aujourd’hui développés. « Beaucoup d’équipes travaillent déjà sur ce variant pour comprendre dans quelle mesure cette combinaison de mutations pourrait affecter une réponse d’anticorps de personnes naturellement immunisées après avoir eu le virus ou de personnes vaccinées. Ce n’est pas parce que deux petites régions de la protéine ont changé que le reste ne sera pas neutralisé par les anticorps », explique dans Le Monde Étienne Simon-Lorière, de l’Institut Pasteur. Du côté politique, alors qu’est attendu aujourd’hui le feu vert des autorités européennes pour l’autorisation du premier vaccin contre la Covid-19, le ton se veut catégorique. « D’après tout ce que nous savons à l’heure qu’il est et à la suite d’entretiens qui ont eu lieu entre les experts des autorités européennes », ce nouveau variant « n’a pas d’impact sur les vaccins qui restent tout aussi efficaces » a ainsi déclaré le ministre de la Santé allemand Jens Spahn.

Aurélie Haroche