Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Regain épidémique dans le monde et de vigilance en France

Juillet 2020, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 17 juillet 2020

Certains pays du monde semblent connaître aujourd’hui un regain de l’épidémie de Covid-19. En France, si « le virus continue à circuler sur le territoire » selon la formule gouvernementale et si certains indicateurs sont à surveiller la situation reste très largement sous contrôle, ce qui n’exclut pas des pics d’inquiétude.

Notons pour commencer, que dans le monde, si l’on observe bien une augmentation du nombre de cas identifiés chaque semaine ( + 1,6 millions de cas du 10 au 17 juillet, + 1,4 millions du 3 au 7 juillet, + 1,3 millions de cas du 26 juin au 3 juillet), le nombre de décès, reste relativement stable (35 000 vs 34 000 vs 32 000).

D’ailleurs, certains scientifiques émettent désormais l’hypothèse d’un virus plus contagieux mais moins virulent pour expliquer ces données contradictoires, même si bien sûr ils peuvent également refléter une meilleure identification des patients.

Quoi qu’il en soit, aucun continent n’échappe désormais à des mesures de reconfinement.

150 millions de reconfinés et nous, et nous et nous ?
Les 125 millions d’habitants de l’État du Bihar sont ainsi de nouveau confinés depuis hier alors que l’Inde a franchi le million de cas confirmés depuis le début de la pandémie de coronavirus. Aussi, à l’initiative des gouvernements régionaux, les restrictions de circulation se multiplient.

L’Inde cumule ainsi à ce jour le plus grand nombre de personnes reconfinées dans le monde. Mais elle est loin d’être le seul pays d’Asie du Sud à craindre une expansion de l’épidémie : beaucoup de gouvernements redoutent que la « région » devienne le prochain épicentre de la pandémie. « Le Covid-19 se propage à une vitesse alarmante en Asie du Sud, foyer d’un quart de l’humanité », a ainsi déclaré un responsable régional de l’IFRC la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).

Au Proche-Orient, en Israël, c’est un choix original qui a été adopté : le reconfinement du week-end.

Les restrictions entrent en vigueur à partir de ce vendredi après-midi et jusqu’à dimanche matin, période sur laquelle s’étend le week-end dans le pays. Commerces et loisirs sont concernés. Pour l’instant, il n’est pas interdit de sortir de son domicile, mais cette mesure pourrait être décidée par la Knesset dès la semaine prochaine.

Aux Etats-Unis, on bat chaque jour de sinistres records, avec plus de 68 000 nouveaux cas enregistrés en l’espace de 24 heures.

Mais, là aussi, notons que cette augmentation du nombre de cas ne s’accompagne pas d’une hausse significative des décès, dont le nombre reste stable, autour de 5000 par semaine depuis le début du mois de juin.

En Europe les risques de résurgence sont également pris au sérieux. Pour ne citer qu’elle, l’Allemagne a pris des dispositions pour permettre des mesures de confinement renforcées au niveau local. Les autorités allemandes pourront également instaurer « des interdictions de sortie » dans des zones géographiques limitées.

En France, on constate surtout, pour l’heure un regain d’inquiétude et de vigilance.

Une situation presque sous contrôle
Ainsi, la situation y est toujours maitrisée, bien que le taux de reproduction effectif du virus soit désormais calculé au-dessus de 1 et que SOS médecins ait réalisé 577 interventions pour suspicion de Covid-19, selon le bilan de mercredi soir, soit 6% de l’activité totale, un chiffre qui a doublé en un peu plus d’une semaine. Cependant, les passages aux urgences évoluent assez peu, représentant 0,5% de l’activité totale. Par ailleurs, les nouvelles admissions à l’hôpital (119 recensées jeudi) évoluent peu depuis le début du mois, de la même manière que le taux de tests positifs, qui reste relativement stable autour de 1,1 % en moyenne.

Le virus semble surtout se propager dans des régions qui avaient été relativement épargnées lors du pic épidémique du printemps. L’ARS (Agence régionale de santé) Nouvelle-Aquitaine indique ainsi que « depuis début juillet, des frémissements au niveau des indicateurs sont observés » : un taux de reproduction effectif d’1,32, dix clusters en cours d’investigation, un nombre de cas testés positif au Covid-19 qui a doublé entre fin juin et début juillet…

Aussi, la Gironde est désormais considérée comme un « département en situation de vulnérabilité » par Santé Publique France.

On notera également le taux d’incidence en Seine-Saint-Denis, qui est désormais supérieur à 10 (10,1 nouveaux cas détectés pour 100 000 habitants) alors que le département avait été le plus touché en mars-avril. Paris a également dépassé ce seuil de vigilance avec une incidence de 11,3 pour 100 000. N’oublions pas non plus le cas, à part, de la Guyane en plein pic épidémique et sur lequel nous sommes régulièrement revenus ces derniers jours.

Inertie dans les aéroports ?
Dans ce contexte de regain de vigilance, les professeurs Eric Caumes et Philippe Juvin ont déploré ce matin l’insuffisance des contrôles dans les aéroports français pour les personnes rentrant de l’étranger.

« Il y a des clusters qui se développent à partir de personnes qui reviennent de voyage et qui n’ont pas été mises en quarantaine », pourtant « seule mesure efficace » contre la propagation du virus, a affirmé le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, sur BFMTV/RMC.

« Certains pays dans lesquels on part en vacances sont plus exigeants que nous nous le sommes vis-à-vis des gens qui viennent chez nous », a-t-il regretté, soulignant que la quarantaine était appliquée notamment dans certains pays asiatiques.

Le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l’Hôpital Pompidou, s’est également dit « surpris » car « tous les jours des avions atterrissent sur le territoire national, certains venant de pays où l’épidémie est très active, et on demande aux gens, tenez-vous bien, de remplir une attestation sur l’honneur dans laquelle ils disent qu’ils n’ont pas de symptômes ! ». Rappelons que les tests PCR ne sont pour le moment pas imposés aux voyageurs revenant de zones « rouges » (ils relèvent du volontariat).

Dans ce contexte, le e-pèlerinage organisé hier par le Diocèse de Lourdes n’était sans doute pas de trop…

X.B.