Environnement et facteurs dégradant la santé

JIM - Santé publique : on appuie sur le champignon

Mars 2018, par Info santé sécu social

Paris, le lundi 5 mars 2018 -

Si dans l’habitat, l’exposition aux polluants ou irritants est connue (sus au tabac, bougie, aérosol et autres fumées d’encens !) et celle aux perturbateurs endocriniens repérée (peinture à l’eau pour la chambre de bébé !), on ne parlait guère des moisissures présentes dans les logements français. Pointé en 2016 par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) comme « un problème fort de santé publique », ce risque fongique, parfois invisible, menace pourtant la santé des enfants dès leur naissance, des personnes asthmatiques ou insuffisantes respiratoires chroniques, de celles présentant une atopie ou une hypersensibilité ainsi que des immunodéprimés.

Prescrire… des conseillers
Pour les plus curieux de nos lecteurs, sachez que les microbes en cause sont surtout Aspergillus, Penicillium et Cladosporium. Sur prescription du médecin, des conseillers en environnement intérieur interviennent au domicile du patient pour préciser le risque et indiquer les moyens de lutte. Mais il manque une uniformisation des méthodes de prélèvements et de quantification des espèces fongiques ; la définition d’un critère de présence pourrait ainsi permettre de compléter l’évaluation de salubrité d’un immeuble. C’est du moins l’avis des participants au colloque récemment organisé par la DGS (Direction générale de la Santé) et la Société française santé environnement, soutenues par la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages.

Pas seulement les logements précaires !

Ces échanges entre professionnels qui se rencontrent peu (santé, construction, énergie, associatifs, autorités et acteurs publics) ont abouti à des recommandations précises dont celle d’améliorer la (re)connaissance de ce lien entre moisissure et santé par les professionnels de santé, les concepteurs/rénovateurs de bâtiments et le public lui-même.

Il n’est pas prévu de laisser moisir la situation : jusqu’à 20% des logements français seraient concernés. Et ne croyons pas que seuls les facteurs socio-économiques (précarité énergétique, sur-occupation de logements) sont en cause : les nouveaux habitats, performants en énergie, le seraient parfois un peu trop… en étanchéité, favorisant le développement fongique !

Dr Blandine Esquerre