Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Situation sanitaire en France : l’optimisme et le principe de réalité face à la peur des variants

Février 2021, par Info santé sécu social

Paris, le mardi 10 février 2021

Hier, nous l’avons évoqué, le ministre de la Santé, Olivier Véran a développé une vision optimiste de l’évolution de la situation sanitaire, soulignant : « Il est évidemment possible qu’on ne soit jamais reconfiné ». Si une telle perspective est aujourd’hui considérée avec autant de foi que celle d’un nouveau renforcement des mesures, c’est en raison de la stabilité persistante des indicateurs, avec en outre désormais une légère tendance à la baisse. Le nombre de nouvelles infections détectées présente ainsi une diminution de plus en plus significative (- 4 % en une semaine en moyenne), tandis que continue à progresser le nombre de dépistages (+2 %). On relève par ailleurs également une légère décélération à l’hôpital, avec un recul de 1 % des admissions sur une semaine. Ainsi, même en réanimation, le nombre de lits libéré excède désormais celui des lits nouvellement occupés. La tension hospitalière reste stable (estimée à 64,6 %).

Le variant britannique majoritaire dans les Yvelines
Cependant, encore et toujours l’inquiétude tenaille de nombreux responsables hospitaliers et la progression de la circulation des différents variants d’intérêts fait redouter une explosion soudaine des cas. C’est notamment en Ile-de-France. Il faut dire que dès l’édiction des nouvelles règles concernant la fermeture systématique des classes des enfants contaminés ou dont les parents seraient contaminés par les variants 20H/501Y.V2 (sud-africain) et 20J/501Y.V3 (brésilien), plusieurs établissements franciliens ont été concernés, confirmant une circulation déjà active de ces deux variants, tandis que même s’il n’entraîne la cessation de l’activité scolaire qu’à partir de trois cas, le variant 20I/501Y.V1 (dit britannique) perturbe également un nombre croissant de structures. De fait, selon des analyses préliminaires réalisées par les laboratoires Biogroup, ce dernier variant est à actuellement à l’origine de 37,7 % des tests positifs dans la région parisienne, ce qui marque une progression importante, puisque le taux était de 24 % la semaine dernière. Le variant britannique serait par ailleurs déjà majoritaire dans les Yvelines avec 52 % des tests positifs concernés.

Seul un confinement permettra d’éviter le pire ?
Dans ce contexte et alors que les échos de Mayotte où la situation liée au variant sud-africain est qualifiée de « hors de contrôle » constituent une alerte sérieuse, les appels à un confinement immédiat se multiplient parmi des responsables hospitaliers d’Ile-de-France. Ainsi, dans une tribune publiée dans Le Monde Bruno Riou, directeur médical de crise de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), exhorte : « La situation actuelle de la crise due au Covid-19 en France est alarmante. Après une deuxième vague à l’automne 2020, les contaminations persistent à un niveau très élevé et continuent d’augmenter depuis de nombreuses semaines malgré des mesures restrictives de plus en plus importantes. L’épidémie n’est pas contrôlée, loin s’en faut. Se surajoute à ce phénomène déjà inquiétant l’arrivée de variants plus contagieux du SARS-CoV-2, en particulier le variant dit « anglais ». Inéluctablement, il deviendra prédominant dans quelques semaines sans que personne n’imagine sérieusement pouvoir limiter ce processus. L’épidémie connaîtra alors une accélération comme cela est déjà survenu dans d’autres pays. Je suis intimement persuadé que seul un confinement est à même d’éviter ce scénario avec ses conséquences redoutables en termes de mortalité et de morbidité, pour les patients Covid-19 et non-Covid-19 » écrit-il.

Seul un confinement permettra d’éviter le pire ?
Certains éléments de la démonstration peuvent néanmoins être discutés. Ainsi, les contaminations ne connaissent pas aujourd’hui de hausse. Surtout, certains exemples étrangers peuvent interroger sur la capacité d’un confinement à éviter l’inexorable progression du variant anglais : ainsi aux Pays-Bas, en dépit de la fermeture du pays depuis début janvier, le variant 20I/501Y.V1 représente aujourd’hui 60 % des infections. Par ailleurs, l’exemple néerlandais révèle que cette prédominance n’empêche cependant pas le pays de constater une diminution du nombre de cas. Si le confinement peut expliquer cette tendance, d’autres mesures pourraient permettre d’espérer une situation semblable. Enfin, le docteur Riou conclut son texte en évoquant « D’autres pays semblent l’avoir mieux compris et j’envie les Italiens qui ont retrouvé le chemin de leurs restaurants cette semaine ». Cependant, le choix italien de rouvrir partiellement les restaurants s’est fait en dépit de la menace qui pèse également sur la péninsule de la circulation des variants tandis que le pays enregistre une moyenne de 12 000 cas par jour et de 380 décès dans un pays de 60 millions d’habitants (et connaît lui aussi un plateau), soit une situation guère tellement plus satisfaisante que la France.

Le froid c’est maintenant !
En tout état de cause, très inquiète de la dégradation de la situation, l’AP-HP se prépare avec notamment la fermeture depuis le début de la semaine des urgences de l’Hôtel Dieu pour accroître les moyens de l’hôpital Cochin. Pourtant, l’établissement parisien est souvent le recours des sans-abris quand les conditions climatiques sont particulièrement difficiles. « Où vont-ils dormir ce soir ? » s’interrogeait hier l’urgentiste Gérald Kierzek regrettant que le choix ait été fait de privilégier des « prédictions » à la réalité.

Aurélie Haroche