Industrie pharmaceutique

Journal International de Médecine (JIM) - « Invraisemblable crise » du Lévothyrox : un effet nocebo ?

Décembre 2017, par Info santé sécu social

L’année 2017 ne pouvait se conclure sans une ultime polémique sur « l’invraisemblable crise » du Lévothyrox comme l’ont qualifiée cinq professeurs d’endocrinologie* qui signent, à ce sujet, une tribune dans le journal Le Monde.

Ils expliquent, en guise de préambule, que leur « conscience leur impose » de dire ce qu’ils en pensent.

Après avoir, données scientifiques à l’appui, exposé que les excipients ne pouvaient être mise en cause dans les effets indésirables rapportés par les patients et que ces derniers, banals et peu spécifiques, ne sauraient être évocateurs d’un déséquilibre thyroïdien, les auteurs explorent la seule piste crédible, selon eux, celle de l’effet nocebo.

Et aux cinq universitairex de rappeler « le mot « nocebo » désigne un phénomène bien connu. Dans les essais thérapeutiques, certains patients ressentent une amélioration de leurs symptômes alors qu’ils reçoivent le placebo, dénué de principe scientifiquement actif autre que psychologique. L’effet nocebo en est le miroir : les sujets ressentent des effets indésirables, bénins, en réponse à une exposition inoffensive ».

Tout concorde en faveur de l’effet nocebo ?

Pour eux, « le rapport de pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé du 10 octobre va (…) exactement dans ce sens ». Ainsi, dans celui-ci « lesdits effets indésirables sont strictement identiques, que les patients soient hyper ou hypothyroïdiens, voire normaux ! De plus pour le très modeste niveau de déséquilibre hormonal constaté, a priori, aucun effet clinique n’est raisonnablement attendu ».

Les auteurs soulignent également que « le rapport ne dit rien sur les enfants recevant le Lévothyrox nouvelle formulation, chez qui les pédiatres semblent unanimement n’observer aucun effet indésirable ».

Pour eux, au total, c’est, pour les patients, le « sentiment d’être mis devant le fait accompli, l’amplification médiatique, un certain silence médical contrastant avec l’activisme des associations » qui est venu crér suspicion et angoisse.

S’éloigner de la Nouvelle-Zélande…
Ils rappellent à ce titre ce qui a été observé en 2007-2008 en Nouvelle-Zélande avec la crise de l’Eltroxin (lévothyroxine produite par GSK) où « le simple changement d’excipient (suppression du lactose) et de la couleur des comprimés a entraîné une multiplication par 2 000 des déclarations d’effets indésirables ! L’analyse externe effectuée par une agence anglaise (…) a mis en avant le manque d’information et le rôle des médias ».

…pour se rapprocher de la Belgique
Pour les signataires de cet éditorial, comme les parlementaires et d’autres avant eux, la prévention de telles crises réside dans l’amélioration de l’information.

« On aurait pu s’inspirer de l’expérience belge : un carton informatif dans les boîtes de la nouvelle formulation de L-Thyroxine semble avoir évité ce type de crise. On s’interroge sur le rôle plus utile qu’auraient pu jouer les associations de patients. L’emballement médiatique n’a fait qu’aggraver les choses et conduit à une judiciarisation probablement sans issue ».

* Les professeurs Xavier Bertagna, Philippe Bouchard, André Grimaldi, Jean-Louis Wémeau et Jacques Young

F.H.


Le 29 décembre 2017
...les excipients peuvent modifier l’absorption intestinale du princeps, et les génériques sont à mettre à la poubelle. Gênant, non ?

Dr Bernard Albouy

Pas que l’effet nocebo
Le 29 décembre 2017
Effet nocebo assurément mais aussi coïncidence de troubles subjectifs inévitables sur une telle population d’age mur (plusieurs millions !) qui surviennent dans le même temps que la mise sur le marché du Lévothyrox "nouvel excipient".

On ne sait plus dire la vérité, il faut préserver les dingues, les mystiques, les psychorigides, les maniaques, au mépris des plus raisonnables que l’on entraîne et déboussole dans des histoires à coucher dehors. Ca évite la crise mais ça en appelle d’autres, car les dingues, les mystiques, les psychorigides et autres maniaques nourrissent leurs tares de ces évènements.

Ah si les politiques ne cherchaient pas systématiquement à ne pas déplaire...parce qu’à regarder Agnès Busyn (que j’apprécie par ailleurs) tenter de louvoyer chez Bourdin alors qu’on sent bien qu’elle a une conception plus précise d’une vérité indicible dans cette société qui se préoccupe trop de ses dingues, mystiques, psychorigides et autres maniaques, eh bien ça me fait une peu de peine !

http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/agnes-buzyn-face-a-jean-jacques-bourdin-en-direct-984833.html

Dr EG

Veut-on encore ridiculiser les autorités françaises ?
Le 29 décembre 2017
Je comprends la réaction des Professeurs sur l’effet nocebo. Mais quelle faute de la part de Merck et de l’Agence du médicament d’avoir unilatéralement changé l’excipient sans donner d’information. L’excitation médiatique est abusive mais pourquoi Merck persiste t-il à imposer la nouvelle formule alors que l’ancienne est utilisée en Europe et pourquoi l’agence du médicament persiste t-elle dans son attitude ? Veut-on encore ridiculiser les autorités françaises ?

Dr Gérard Fabre

Nocebo/placebo, notre ignorance
Le 29 décembre 2017
L’effet nocebo/placebo a été identifié cliniquement et chiffré pharmacologiquement. En dehors de tout mécanisme scientifiquement mesurable, des modifications importantes de symptômes pathologiques en réponse à n’importe quel traitement ont lieu. C’est peu discutable en 2017.
Attribuer ce phénomène à des facteurs psychologiques (au demeurant jamais clairement décelables) c’est reconnaitre notre ignorance. Attitude scientifique hautement honorable.

Sans cet "aveu" aucune recherche ne peut voir le jour. Tentons de définir, même caricaturalement en face de quoi on est. Une "énergie" de nature X, positive comme négative, se met en route quand quelqu’un est en situation d’être malade, reconnu et "soigné" comme tel dans le système socio-culturel auquel il appartient. À vous les savants et les malins de pousser le bouchon un peu plus loin, il y a urgence pour nous tous !

Dr François-Marie Michaut

La médisance va plus vite que la vérité  !
Le 29 décembre 2017
Lancez un "faux bruit" aujourd’hui et il vous reviendra très vite, publié un peu partout ! Grâce aux réseaux sociaux, au bouche à oreille, aux divers médias et le tour est joué. Mon associé me disait un jour : si tu veux qu’un bruit se répande, dis à ta concierge : "ne dites surtout pas que c’est moi qui vous l’ai dit !"- et tu verras dans les 48 heures tout le quartier sera au courant. C’est le même phénomène ici : prenez le 1’effet secondaire publié sur une notice et dites à la bonne personne que vous l’avez constaté et très vite tout le monde va le ressentir et il sera mis à l’index.

N’oublions pas que si l’Aspirine était découverte aujourd’hui elle n’aurait jamais le visa d’exploitation !

Dr Richard Guidez

Questions un peu malignes
Le 29 décembre 2017
Quel est le pourcentage d’observance pour le Levothyrox et quel est ce même pourcentage chez les plaignants ? 100% ! Suis-je mauvaise langue !
Quel est le pourcentage de patient(e)s (tiens une parenthèse ?) qui en prennent pour maigrir (sous couvert, évidemment, d’une ordonnance médicale) probablement zéro, si si !

Effet nocebo ou effet non placebo de changer mes habitudes au point de risquer de priver des enfants (et les étrangers frontaliers ou non) de leur médicament, de surcharger les tribunaux et d’entretenir le conspirationniste.
Et, comme d’habitude le pire est pour demain : Bonne et heureuse année.

Dr Robert Chevalot