Environnement et facteurs dégradant la santé

Journal de l’environnement - Maladies infectieuses : ce que le réchauffement nous concocte

Septembre 2017, par Info santé sécu social

Publié par anti-k.org

Romain Loury

La France a rapporté deux nouveaux cas de chikungunya chez deux personnes habitant dans le Var, département où le moustique tigre (Aedes albopictus) est solidement implanté. Il s’agit de cas autochtones, avec une transmission locale du virus. Celui-ci a probablement été introduit par une personne de retour d’un pays touché (un cas importé), piquée par un moustique devenu ainsi vecteur.

Publiée dans la revue Scientific Reports, une étude britannique dresse une liste de l’ensemble des maladies infectieuses dont la présence en Europe pourrait être attisée par le réchauffement climatique. Parmi les premières concernées, les maladies vectorielles. Un article de notre partenaire, le JDLE.

En matière de maladies infectieuses, les effets du réchauffement se font déjà sentir : ainsi le paludisme, désormais observé en Colombie et en Éthiopie à des altitudes dont il était jusqu’alors absent. Ou, chez le mouton, la fièvre catarrhale ovine (maladie de la langue bleue), maladie virale originaire des pays du Sud et qui ne cesse de progresser vers le nord de l’Europe.

Les différentes composantes du réchauffement

A ce jour, les études ayant trait à l’impact du climat sur les maladies infectieuses se sont principalement penchées sur la température, plus facile à prédire. Or la hausse thermique n’est que l’un des nombreux aspects du réchauffement en cours, parmi l’humidité, les précipitations, le vent et les évènements climatiques extrêmes, dont la prévision est moins aisée et tout aussi importantes pour les pathogènes.

Dans leur analyse de la littérature portant sur 157 organismes pathogènes (100 touchant l’homme, 100 l’animal, dont 43 touchant les deux), Marie McIntyre, de l’Institut of Infection and Global Health à l’université de Liverpool (Royaume-Uni), et ses collègues dévoilent pour la première fois un bilan complet de l’influence de différentes composantes climatiques sur ces pathogènes. Résultat : l’effet du réchauffement pourrait être pire que celui imaginé jusqu’alors.

Deux tiers des maladies liées au climat

Selon les auteurs, 99 de ces 157 maladies (63 %) sont liées à au moins une composante climatique, le plus souvent la température, l’humidité ou le niveau de précipitations. Et parmi celles-ci, deux tiers sont liées à au moins deux de ces composantes, indiquant que leur prédiction sera particulièrement complexe.

Jeudi 17 août, la France a rapporté deux nouveaux cas de chikungunya chez deux personnes habitant dans le Var, département où le moustique tigre (Aedes albopictus) est solidement implanté. Il s’agit de cas autochtones, avec une transmission locale du virus. Celui-ci a probablement été introduit par une personne de retour d’un pays touché (un cas importé), piquée par un moustique devenu ainsi vecteur. En septembre 2014, 12 cas autochtones ont ainsi été décrits dans un quartier de Montpellier.

Parmi les maladies les plus étroitement liées au climat, figurent les maladies vectorielles, ainsi que les maladies liées à l’alimentation, à l’eau et au sol. D’autres devraient être peu concernées par le réchauffement, telles que les maladies liées au contact entre personnes, qu’il soit sexuel, comme le VIH/sida, ou non, comme la grippe.

Le choléra en tête

Lié à neuf composantes climatiques, le choléra, dû à la bactérie Vibrio cholerae, remporte la palme de la maladie dont les liens avec le climat sont les plus forts, devant la douve du foie (maladie affectant les moutons, liée au parasite Fasciola hepatica), la maladie du charbon (bactérie Bacillus anthracis) et la maladie de Lyme (bactérie Borrelia burgdorferi, portée par les tiques).

Actuellement, « la plupart des études analysant les effets climatiques ne tiennent compte qu’un, ou au plus deux, composantes du climat. Nos résultats montrent qu’il faudrait aller plus loin si nous voulons vraiment comprendre les impacts futurs du climat sur notre santé », explique Marie McIntyre dans un communiqué de l’université de Liverpool.