L’Anticapitaliste Hebdo du NPA

L’Anticapitaliste N°561 du 25 mars 2021 - covid-19. Retour sur la faillite vaccinale

Mars 2021, par Info santé sécu social

Ils nous auront tout fait ! De Buzyn en janvier 2020 (« Les risques de propagation du coronavirus sont très faibles ») au confinement faute de réactifs en passant par le stock « stratégique » de masques détruits et donc « inutiles »… le temps d’en importer, le fiasco du dépistage sans « suivi-isolement » ou la fermeture de 1200 lits de réanimation. Et voilà le double fiasco vaccinal — dans la conception et la distribution.

Fiasco « français » de Sanofi et de l’institut Pasteur tout d’abord. On évoque des rivalités de projets à Pasteur (Tanguy vs. Escriou) et/ou le (mauvais) choix du vecteur rougeole « bien connu » pour aller plus vite , et enfin et surtout des erreurs de qualité de réactifs sans ajustement/vérification des doses au passage à l’humain. Idem ou presque pour Sanofi : Marie-Paule Kieny, présidente du Comité vaccin, évoque une « vraie erreur de débutant ». Le vaccin des flacons Sanofi « contenant en réalité trois fois moins de protéine spicule que ce qu’ils voulaient ».

Des échecs, une pénurie
Ces erreurs et conflits (et le négligé de la piste des vaccins ARN) sont liés, à l’évidence, à la compétition individuelle du « publish or perish » (publier ou mourir) et la recherche sur projets, mais aussi à la perte de savoir-faire due aux restructurations et fermetures chez Sanofi (passage de onze à cinq centres), amplifiées par Paul Hudson (DG de Sanofi depuis septembre 2019) avec notamment la poursuite des suppressions de postes.

Ces échecs, tout comme ceux de grosses multinationales comme GSK ou Merck, ont causé une pénurie (française et européenne) de vaccins, ni Astra Zeneca ni Pfizer et Moderna ne pouvant combler le vide ainsi créé, d’autant qu’ils avouent avoir surestimé leur capacité de production pour vendre (largement). Significatif est le fait que, malgré des demandes répétées, les accords et les négociations tant européennes que françaises restent entourées d’opacité…notamment sur les prix.

Reste une dimension bien française : démarrer avec 100 « super » congélateurs – 80° pour 14 000 Ehpad (plus les hôpitaux et les pharmacies), dont seulement 54 étaient opérationnels début janvier, donne une idée de la qualité de l’estimation logistique par le cabinet privé McKinsey et consorts. On a célébré cinq vaccinations à Nice le 30 décembre comme un « exploit logistique »… Jean Castex déclare que «  [l’]on augmente la cadence par semaine » mais il oublie la 21e place de la France (sur 27) en Europe. Chacun connaît quelqu’un qui devrait être vacciné et doit attendre.

La faillite de Sanofi (et d’autres) aurait dû causer une réquisition des chaînes de production pour la production immédiate en masse des vaccins éprouvés et donc la levée des brevets pour dépasser les limites des firmes individuelles (et non de coûteux accords de licence).

Sans oublier le problème de l’espacement des doses pour gérer la pénurie : une immunité insuffisante favorise une pression de sélection génératrice de mutants échappant… Quant à l’arrêt de 24h de l’injection de l’Astra Zeneca, qui comme le confinement sans confinement nécessiterait un article en soi, il est lui aussi exemplaire de la « communication » gouvernementale et de la pagaille y afférente.

Gérard Chaouat