Branche maladie de la sécurité sociale

L’Humanité - CPAM. Stop au démantèlement des accueils des assurés sociaux en Île-de-France

Mars 2016, par Info santé sécu social

À l’occasion des 70 ans de la Sécurité Sociale en octobre 2015, le discours du Président de la République fut applaudi par le Directeur Général et le Président du Conseil (CFDT) de la CNAM, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés.

François Hollande ne fut pas avare de belles paroles, déclarant que la Sécu était inscrite dans notre ADN et fondait notre identité collective. Il appelait à la préserver pour qu’elle soit toujours mieux aux services des assurés sociaux et remplisse toutes ses missions au plus près de la population et de ses besoins de Santé.

Le Président omettait de dire en déclarant son attachement à la Sécu que les 10 milliards d’économie imposées par Le « Pacte d’Austérité » au budget de la Protection Sociale se traduisent par des diminutions de budgets à la CNAMTS avec des conséquences immédiates dans les Caisses Primaires de l’Assurance Maladie. Une volonté politique affichée d’adapter le modèle social à « notre époque » qui selon le Président n’aurait plus rien à voir avec celle de la Libération… rejoignant en cela le discours et le programme du MEDEF.

La loi de financement de la Sécurité Sociale 2016 pour la 1ière fois entérine une progression de seulement 1.75%, quand il faudrait à minima 3.8% dans les hôpitaux pour maintenir en moyens et en personnels les capacités de soins actuels.

Les Caisses Primaires en Ile de France sont frappées de plein fouet par ces choix de « maitrise » budgétaire et subissent une nouvelle vague de fermetures des services d’accueils du public.

La Cpam des Hauts de Seine le lundi 15 novembre, après les attentats meurtriers, fermait huit centres d’accueils des assurés sociaux dans 8 villes pour raison de sécurité. Depuis ils n’ont jamais rouverts, les assurés d’Issy Les Moulineaux, de Villeneuve La Garenne, de Levallois Perret… n’ont plus dans leur ville de présence de l’Assurance Maladie. Comme par hasard les centres fermés à la suite des attentats font partie de la liste des 11 centres sur les 22 du département dont la direction avait programmé la fermeture.

A Anthony, Malakoff et Montrouge la mobilisation CGT et le soutien des élus a permis la réouverture des centres le 4 décembre, mais pour combien de temps ! La direction n’a qu’une seule politique d’accueil, celle de l’accueil à minima des assurés. Qu’ils aillent sur Ameli, qu’ils prennent rendez-vous, qu’ils se débrouillent par internet, par téléphone… mais qu’ils ne viennent pas à la Sécu.

La Cpam de Paris applique avec zèle le même service minimum pour les assurés. Dans le 19ième, un des arrondissements les plus populaires de la capitale, le centre de La Chapelle a fermé définitivement ses portes en janvier. Il ne reste que 10 centres pour accueillir les 2.6 millions d’assurés parisiens ou se pressent 500 à 600 assurés/jour. Là aussi le discours est identique, que les assurés utilisent les canaux de communication moderne comme le mail et le téléphone, au pire qu’ils patientent et prennent un rendez-vous.

Les 6 autres CPAMs en Ile de France suivent cette même logique du moins disant social.

Dans le Val de Marne, il ne reste plus que 4 accueils pour 750 000 visiteurs/an. Dans le Val d’Oise, de 20 centres il n’en faudrait selon la direction que 4 « gros » à Cergy, Goussainville, Argenteuil et Sarcelles et 7 petits…et c’est tout, circulez ! En Seine et Marne, il ne reste plus que 5 centres et 10 petits « points » d’accueils dans un département grand comme la moitié de l’Ile de France. Dans l’Essonne, il ne reste plus que 3 centres ouverts et 11 agences assurant des permanences dont 5 uniquement sur rendez-vous… La direction est contrainte d’admettre malgré les fermetures l’augmentation de la fréquentation des assurés sociaux. En Seine Saint Denis, la direction de la Caisse n’est pas non plus à court d’idée. Sur 24 sites ouverts, 9 doivent fermer d’ici 2017 et dans les 15 accueils restant, les assurés ne seront reçus que sur rendez-vous dans un département ou les conditions sociales des assurés sont les plus difficiles de l’Ile de France. Dans Les Yvelines, les assurés sont confrontés également aux fermetures des accueils.

Pour la CGT, c’est ensemble qu’il faut combattre cette casse méthodique. Les centres de Sécurité Sociale sont toujours une idée neuve.

Ces centres sont la seule structure à assurer un accueil de proximité, à pouvoir rendre avec efficacité les services attendus par les assurés sociaux, tant en ce qui concerne les renseignements sur les droits, la délivrance des prises en charge, que sur les conseils et orientations pour accéder aux soins, via la connaissance des droits, de l’implantation des structures hospitalières, des cabinets et établissements médicaux.

Cette conception du centre polyvalent de Sécurité Sociale, intégrant accueil et instruction, traitement des demandes de remboursements et prises en charge dans tout leur éventail : Maladie ; Maternité ; Accidents du Travail et Maladies Professionnelles ; Invalidité… est la seule à pouvoir garantir l’égalité d’accès aux soins.

Elle est à reconquérir face à une autre conception étriquée qui a spécialisé le traitement des dossiers à travers la mise en place de plate-forme de traitement derrières lesquelles disparait totalement la dimension humaine de la demande de l’assuré social. Cette logique a massifié et déqualifié les opérations de travail et surtout permis de supprimer des milliers d’emplois !

Elle est à reconquérir face au « Tout Internet » qui aggrave la fracture numérique, isole nombres de personnes déconnectées. Les personnes âgées et/ou celles privées d’accès Internet sont coupés de leurs Services Publics et confrontés seuls à la complexité de maintes situations pour accéder aux droits Sécurité Sociale : salariés précaires ; avec multi-employeurs, intérimaires, accidentés du travail…

Une Sécurité Sociale de haut niveau à reconquérir, ça Monsieur Hollande c’est une idée neuve !