L’hôpital

L’Humanité - Obligation vaccinale des soignants. « Les personnels stigmatisés ne lutteront pas, ils partiront »

Septembre 2021, par Info santé sécu social

Mercredi 15 Septembre 2021
Loan Nguyen
Cécile Rousseau

Les salariés des hôpitaux et des services médico‑sociaux doivent présenter une preuve de vaccination à partir de ce mercredi. Dans ces secteurs déjà durement touchés par le sous-effectif et des conditions de travail dégradées, les agents craignent le pire.

Une sanction qui tombe comme un couperet. Une goutte d’eau dans un vase déjà rempli à ras bord de colère. À partir de ce mercredi, les soignants devront justifier du respect de l’obligation vaccinale pour pouvoir continuer à exercer leur métier. Si l’immense majorité d’entre eux (en poste dans les hôpitaux et les Ehpad) ont reçu au moins une injection, 88 % selon Santé publique France, près de 300 000 personnes n’auraient pas entamé ce parcours. Un chiffre toutefois complexe à vérifier.

Mis à pied sans salaire
Sans attendre, de la Fédération hospitalière de France en passant par la Direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), la même inflexibilité a été exprimée quant à l’application des sanctions. À compter du 15 septembre, seront mis à pied sans salaire tous ceux qui n’ont pas reçu au moins une injection. Dans une période où les forces vives ne cessent de quitter l’hôpital public – selon un sondage de l’Ordre national infirmier, 40 % d’entre eux envisagent de changer de métier –, un sous-effectif catastrophique est redouté.

Nous sommes pour la vaccination, mais n’avons pas le luxe de perdre des milliers de soignants.
MIREILLE STIVALA Secrétaire générale de la CGT santé

« Dans les DOM-TOM, il y a eu report des suspensions, rappelle Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT santé. On ne voit pas pourquoi cela ne s’applique pas partout. Nous sommes pour la vaccination, mais n’avons pas le luxe de perdre des milliers de soignants. Ça fait des années que nous alertons sur les problèmes de démographie médicale et paramédicale, mais c’est de pire en pire. Si cette question ne doit pas masquer les vrais problèmes, elle risque bien de les accentuer. On se demande comment on va finir l’année entre le Covid et les autres épidémies. Si certains directeurs d’hôpitaux sont préoccupés, d’autres vont s’en servir pour mener à bien des restructurations. »