Les retraites

L’Humanité - Retraites : un rapport mi-chèvre mi-chou

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Si les besoins en ressources explosent avec la crise, le COR n’opte pas pour un nouveau serrage de vis des pensions.

Échaudé d’avoir vu ses travaux instrumentalisés par l’ancien premier ministre Édouard Philippe lors de sa tentative de réforme des retraites, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a ressorti les « p’t-être ben qu’oui, p’t-être ben qu’non » dans son rapport annuel publié jeudi. Oui, la crise sanitaire et économique a creusé un trou abyssal. Mais « cette forte dégradation du déficit serait de nature essentiellement conjoncturelle »,affirme le Conseil, qui prend garde de fixer un cap : « Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux (de dépenses) sont trop ou pas assez élevés. »

Pour le COR, la chute de 10 % du produit intérieur brut (PIB) causée par le premier confinement a accru les besoins de financement de 23,4 milliards d’euros. Le reconfinement (-1 % de PIB) alourdirait la note de 1,6 milliard. Résultat, il faudrait attendre 2045 pour voir un retour à l’équilibre en cas de croissance de 1,8 % chaque année. À 1,5 % par an, ce serait vers 2053, voire 2070. Mais ces scénarios ne prennent pas en compte une multiplicité de facteurs, au premier rang desquels l’abondement de l’État, premier employeur, ou les niveaux des cotisations en constant recul. Le Conseil présente donc un second prisme : celui de la part des dépenses par rapport au PIB. Si la crise accroît cette part aux alentours de 15,2 % du PIB en 2020, du fait de la contraction de l’économie, les dépenses reviendraient ensuite dans les années 2020 vers les 13,6 % de 2019, puis en dessous, du fait de l’indexation des pensions sur les prix, non plus sur les salaires.

Les idéologues de l’allongement de l’âge légal de départ, comme des cotisations, brandiront les chiffres spectaculaires des besoins de financement. Car le ratio dépenses-PIB leur est défavorable : la réforme Delevoye-Philippe ne visait-elle pas à caper la dépenses retraites à 14 % du PIB  ?

par Stéphane Guérard ,