grandes pathologies, grandes épidémies

L’Humanité - Santé. Le défi de la vaccination antigrippe en pleine crise du Covid-19

Octobre 2020, par Info santé sécu social

La campagne de vaccination antigrippe durera jusqu’au 31 janvier 2021 en France métropolitaine, Martinique, Guadeloupe et à Mayotte.

Contexte de coronavirus oblige, les commandes ont augmenté de 30 % par rapport à l’an dernier. Le personnel soignant est fortement sollicité pour se vacciner.

L’hiver arrive… et la grippe aussi. Pour contrer une maladie qui pourrait venir grossir le nombre de lits à l’hôpital dans une période sanitaire déjà tendue, le gouvernement lance, ce mardi 13 octobre, une campagne de vaccination en métropole, après avoir commencé en septembre à Mayotte.

10 000 décès en moyenne chaque année
Chaque année, 2 à 6 millions de personnes sont infectées par la grippe, entraînant des dizaines de milliers de passages aux urgences, et 10 000 décès en moyenne. Ce taux pourrait fortement augmenter en raison de la pandémie de Covid, et du cumul des deux maladies. Comme tous les ans, les personnes les plus vulnérables recevront des bons de vaccination pour retirer directement le produit en pharmacie : personnes âgées de 65 ans et plus, personnes souffrant de maladies chroniques ou d’obésité, femmes enceintes. L’assurance-maladie prendra en charge leur vaccin à 100 %.

Nous nous devons d’être vigilants pour les patients que nous soignons, mais le vaccin de la grippe est médicalement controversé. CÉLINE LAVILLE, PRÉSIDENTE DE LA CNI

Mais, cette année, les personnels soignants sont enjoints à y avoir recours, comme insistait, jeudi dernier, le ministre de la Santé, Olivier Véran : « J’invite vraiment les soignants dans les hôpitaux, les Ehpad, et en ville, à se faire vacciner contre la grippe, c’est fondamental. » L’an dernier, ils étaient un tiers concernés : 67 % des médecins, 36 % des infirmiers et 27 % des aides-soignants. Un pourcentage que certains voudraient voir grimper, même de façon autoritaire. Comme l’Académie nationale de médecine ou l’association France Assos Santé qui demande « que soit rétablie en urgence l’obligation vaccinale antigrippale de tous les professionnels du système de santé, du secteur médico-social et son élargissement à tous les professionnels prenant en charge un soutien à domicile des personnes âgées ou en situation de handicap ». L’ordre national des infirmiers affirme que « la vaccination relève du devoir déontologique et qu’aucun professionnel de santé ne peut y déroger » car « qui dit déontologie dit toujours agir dans l’intérêt du patient ». L’ordre va à son tour organiser une campagne provaccination dans ce sens. « Nous nous devons d’être vigilants pour les patients que nous soignons, concède Céline Laville, présidente de la CNI (Coordination nationale infirmière). Mais le vaccin de la grippe est médicalement controversé. Les soignants doivent prendre leurs responsabilités, en conscience. » De son côté, Olivier Véran botte en touche : « L’obligation passerait, je pense, par la loi, je ne suis même pas sûr que si nous voulions le faire, nous aurions le temps dans les délais impartis. »

« Les fabricants ont augmenté leur production »

D’autres professionnels paramédicaux insistent pour diffuser largement ce vaccin en le rendant accessible et gratuit à tous, sans priorisation, avec une prise en charge à 100 % pour toute la population. Mais y aura-t-il assez de stock ? Olivier Véran avait annoncé, en septembre, une commande de vaccins supplémentaire de 30 %. « Les fabricants ont déjà augmenté leur production, a assuré Olivier Bogillot, le président de Sanofi France à l’AFP. Les usines de production de vaccins antigrippe travaillent sept jours sur sept en ce moment. » De leurs côtés, les pharmaciens réclament de voir élargie leur possibilité d’injecter les doses à toute la population, tout comme les biologistes médicaux qui affirment avoir « des locaux adaptés à la sécurité et la confidentialité, du personnel formé à l’acte de vaccination ainsi qu’une gestion optimale de la qualité et de la traçabilité ». Et d’ainsi éviter le fiasco des tests Covid…

Par Kareen Janselme