Environnement et facteurs dégradant la santé

La CGT - Pesticides, chlordécone…le Gouvernement cède aux lobbies

Février 2019, par Info santé sécu social

PUBLIÉ LE 12 FÉV 2019

Le scandale sanitaire du chlordécone aux Antilles : c’est plus de 90% des 800 000 Guadeloupéens et Martiniquais qui sont aujourd’hui contaminés par cet insecticide utilisé dans la culture des bananes. Les terres, les cours d’eau et le littoral sont contaminées pour plusieurs siècles.

Ces territoires détiennent le triste record mondial en taux de cancers de la prostate (le double par rapport à la métropole) et les expositions in-utéro peuvent entraîner un retard dans le développement cognitif et moteur pour les enfants.

Tout comme dans les affaires de l’amiante ou du sang contaminé, l’Etat porte une lourde part de responsabilité.

En Guadeloupe et en Martinique, l’Etat a permis par dérogation d’utiliser le Chlordécone jusqu’en 1993, alors même que sa toxicité était reconnue depuis plusieurs décennies, et son utilisation interdite dans l’hexagone depuis 1990.

La CGT s’est exprimée sur des propositions de loi visant à créer deux fonds d’indemnisation des victimes, l’un portant sur les produits phytopharmaceutiques, l’autre sur le chlordécone et le paraquat en Guadeloupe et en Martinique.

Bien que limités aux expositions professionnelles, ce que nous regrettons, la création d’un fond d’indemnisation serait un premier pas en direction de la reconnaissance des victimes de ces produits toxiques.

Mais aux côtés des fabricants de ces produits et des exploitants agricoles, l’Etat doit aussi prendre sa part de financement des fonds pour permettre d’aller plus loin que l’envisagent ces deux propositions de loi : prendre en compte l’ensemble des victimes des pesticides, qu’elles soient professionnelles ou non, pour agir en termes :
 De prévention
 De dépollution
 Assurer le suivi médical, notamment par la prise en charge du dosage dans le sang pour le chlordécone
 Une biosurveillance des populations les plus exposées
 La mise en œuvre de la toxico génomique pour le chlordécone

Ce nouveau scandale sanitaire doit nous questionner sur l’utilisation des pesticides et le sujet des perturbateurs endocriniens.

Il doit aussi nous interpeller sur la capacité de l’Etat à résister aux pressions des lobbies, assumer ses responsabilités, et à entendre les lanceurs d’alertes qui, dans ce dossier encore, n’ont pas été suffisamment écoutés et subissant des pressions.

Enfin, pour des questions de transparence et d’efficacité, la gestion de ces fonds ne doit pas être faite uniquement par la MSA, ou les Caisses Générales de Sécurité Sociale, mais de manière multipartite avec les organisations de salariés, d’employeurs, les associations de victimes … à l’image du Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante (FIVA).

En commission sociale de l’Assemblée Nationale, les élus LREM ont réussi à balayer le projet d’indemnisation sur le Chlordécone et vider de sa substance celui sur les produits phytopharmaceutiques. Emmanuel Macron se permettant même de remettre en cause la classification du Chlordécone par l’OMS en Cancérigène probable et les nombreuses recherches le démontrant.

Ce « déni » est en réalité un vrai mépris pour les peuples de Martinique et de Guadeloupe, mais également pour tous ceux qui sont exposés aux pesticides.

Comme elle l’a toujours fait pour d’autres poisons, la CGT défendra l’intérêt des travailleurs et des populations, poursuivant son action pour une juste réparation et mettra tout en œuvre pour prévenir les risques sanitaires et environnementaux.

Montreuil, le 12 février 2019