Les Ehpads et le grand âge

La dépèche.fr - Rives d’Ode : le spleen d’un Ehpad en crise d’effectifs

Juillet 2018, par Info santé sécu social

La Santé près de chez vous

L’Ehpad fonctionne actuellement en « procédure dégradée », avec deux infirmiers pour 200 résidents. La CGT déplore une situation critique, conséquence de la baisse du personnel soignant.

Quatre minutes. C’est le temps moyen passé par un infirmier par résident, selon la CGT hôpital. Sachant qu’une simple perfusion prend environ… quatre minutes. Du fait de l’organisation des congés et de « l’absentéisme », entre les 16 et 18 juillet, l’établissement ne fonctionne qu’avec un seul infirmier pour 120 résidents à l’étage (unités « légères ») et un autre pour 80 résidents au rez-de-chaussée, où se trouvent des unités très médicalisées (Alzheimer, psychiatrie, résidents très dépendants…) Le reste de l’année, « l’effectif est tellement ric-rac », explique le secrétaire de la CGT Rodolphe Cézé, que les soignants n’ont aucune marge de manœuvre. Une situation qui favorise la « réduction des prestations », « la fatigue du personnel et l’augmentation de l’absentéisme » ainsi qu’un « glissement des tâches » du personnel soignant vers le personnel non qualifié, comme les agents d’hôtellerie, souligne le syndicat. « Ce devrait être un lieu de vie, mais on n’a même pas le temps de renseigner les familles », soupire Dominique Landais, infirmier au sein de l’Ehpad.

Logique comptable
Directeur du centre hospitalier, dont dépend l’Ehpad, Alain Guinamant dit ne pas avoir été informé du sous-effectif actuel. Mais il reconnaît que la situation est difficile : « On a fait en sorte de faire fonctionner cet Ehpad, avec les moyens que les organismes de tutelle veulent bien nous donner. Je défends les intérêts de l’hôpital, qui sont d’essayer de prendre en charge les résidents dans les meilleures conditions possibles. Pour atteindre ces objectifs, il faut des effectifs. Pour avoir des effectifs, il faut des moyens. Mais il y a des règles nationales, qui s’appliquent à tous. On essaie de faire valoir nos spécificités, on a obtenu quelques réponses, mais la situation reste tendue », indique-t-il. Tout en assumant la restructuration opérée depuis 2016 pour réduire le déficit du plus grand établissement de l’Aude (4 M€).

Maltraitance
Là encore, le syndicat n’y va pas par quatre chemins. Au bout de cette logique, c’est la « maltraitance institutionnelle » qui pointe son nez : « Est-ce qu’on s’occupe bien des résidents, demande Frédéric Navarro, cosecrétaire de la CGT hôpital ? Quand la ministre vient, on a refait les vitres. Mais on n’est pas capable de recruter des intérimaires quand on est en procédure dégradée », ironise-t-il.

Pour parer à cet état d’urgence, la CGT demande le recours ponctuel à des intérimaires. Sans succès, pour le moment, faute d’informations suffisantes sur le problème, argue la direction. En revanche, sa proposition de recruter 4 contrats aidés - auxquels le gouvernement veut mettre fin - dans l’hôtellerie et chez les aides-soignants est appuyée par Alain Guinamant. Un rendez-vous en préfecture est programmé dans les prochains jours.

Urgence aux urgences
Au service des urgences, la CGT estime qu’il manque quatre infirmières et trois aides-soignants. Conséquence : la fermeture de l’unité d’hospitalisation courte durée, qui s’ajoute à celle de la ligne Smur de à Quillan. Là aussi, le syndicat demande que « le pool de remplacement des aides-soignants et des infirmières soit plus étoffé », et que les remplaçants soient payés en heures supplémentaires plutôt que de se voir attribuer des jours de récupération. « C’est une situation difficile, convient Alain Guinamant, mais qu’on est en train de maîtriser, quitte à solliciter des agents d’autres services ». Quant à la rémunération en heures supplémentaires, « cela nous est déjà arrivé », indique-t-il.