Luttes et mobilisations

Le Courrier Picard - Abbeville, colère à l’hôpital contre la réorganisation du temps de travail

Septembre 2016, par Info santé sécu social

Un mouvement de grève a été lancé hier à l’hôpital d’Abbeville par les trois syndicats (FO, CGT, CFDT). Plusieurs dizaines d’agents, en poste ou en repos, se sont rassemblés vers 14 heures sous les fenêtres de la direction, pour dénoncer le projet de réorganisation du temps de travail. Les manifestants y voient une dégradation de leurs conditions de travail, jugées déjà très difficiles.

Cette réorganisation a été décidée par la direction dans un plan d’économies. Elle se traduit par la disparition de huit jours de RTT et une baisse des effectifs. Ceux qui ont des journées de 7 h 30 passeraient à 7 h 12, les 18 minutes restantes devenant du « temps personnel », pour la pause repas. Mais les soignants expliquent qu’ils ne pourront pas les prendre en raison de la charge de travail, déjà forte. « En fait, la direction compte sur le dévouement du personnel pour faire du bénévolat pendant ces 18 minutes. Cette mesure se fait sur le dos des agents », commente Anne Avril, de la CFDT.

Le directeur absent

Ce projet devait être présenté à 14 h 30 au comité technique de l’établissement, organe consultatif composé des représentants du personnel. Pour se faire entendre, les manifestants ont investi le couloir, tapé du pied, crié, lancé des slogans ironiques. Comme : « On lâche la blouse en 7 h 12 ! » Mais la réunion n’a pas eu lieu, le directeur Hervé Ducroquet étant absent. Ce qui a déclenché la colère de certains agents. « J’étais de service cette nuit, j’ai dormi 4 heures pour venir manifester et il n’est pas là ! Mais il faut qu’il assume », a crié une auxiliaire-puéricultrice. « C’est du mépris à l’encontre des agents, une dérobade incroyable », s’est indigné un syndicaliste.

Stéphanie, une aide-soignante, résume : « On perd tous nos acquis. Il faudra en faire encore plus, avec moins de temps qu’actuellement. Et avec des RTT en moins, on sera plus fatigué. » Une de ses collègues note qu’ils pourront travailler 10 jours sur 11, avec un seul jour de repos. Et ajoute : « On n’aura qu’un week-end complet toutes les six semaines. » Une autre s’inquiète des conséquences sur « la vie de famille », déjà mise à mal . Quant aux contractuels, ils ne seront pas conservés. « C’est toujours le petit personnel qui doit faire des sacrifices. Et les médecins ? Et les cadres ? Ils ne perdent aucun RTT », rage une aide-soignante. « On en a ras-le-bol. Qu’ils viennent mettre notre blouse ! », souffle une auxiliaire-puéricultrice.

Service dégradé

Pour les manifestants, les usagers aussi vont en pâtir : « On sera moins présent auprès des patients », assure cet infirmier. « Nous sommes déjà à flux tendu et on aura cinquante postes en moins », ajoute Michel Delville (FO). « Cela va dégrader la qualité de service », enchaîne Corinne Leblond, de la CGT.

Le mouvement, lui, se poursuit, sans conséquences sur la continuité des soins, les grévistes étant de toute façon réquisitionnés. Un nouveau rassemblement est prévu vendredi, à 14 heures : « Il faut qu’on se bouge, sinon ils vont nous bouffer. »