Luttes et mobilisations

Le Courrier Picard - Grève à l’hôpital Pinel d’Amiens : pour « une convergence nationale des luttes »

Septembre 2018, par Info santé sécu social

Entrés dans leur 40e nuit d’occupation, les grévistes du centre hospitalier
psychiatrique Philippe Pinel pensent élargir leur action.

Par Gael Rivallain | Publié le 21/08/2018

Régulièrement, un coup de klaxon retentit. Installés sous une tonnelle de jardin, au bord d’un rond-point de l’entrée d’Amiens, les soignants en blouse blanche esquissent alors un sourire, rassérénés par ces manifestations de soutien. Hier soir, les grévistes du centre hospitalier Philippe Pinel de Dury, qui se relaient à tour de rôle dans leur camp de fortune, s’apprêtaient à vivre leur 40e nuit d’occupation de l’entrée de leur hôpital. Un seuil symbolique atteint dans une action pour arracher des moyens. (https://www.facebook.com/PinelEnLutte/)

Alors que plusieurs établissements psychiatriques expriment une grogne analogue à travers le pays (dans le sillage du succès du mouvement à Rouvray près de Rouen), le conflit amiénois lancé en réalité depuis le 15 juin, s’est installé dans une inhabituelle longévité. (http://www.courrierpicard.fr/127538/article/2018-08-02/la-lutte-continue-lhopital-pinel)

Actifs, les grévistes réaliseront à nouveau ce mercredi un tractage matinal (à
l’hypermarché Géant de Glisy), suivi d’un pique-nique solidaire et d’une assemblée générale. Les grévistes entendent également déposer à l’Agence régionale de santé, rebaptisée «  l’agence régionale de restriction des soins », le fruit de leur opération « bouteilles à la mer »

(http://www.courrierpicard.fr/130631/article/2018-08-19/deposez-vos-messages-dans-une-bouteillepour-soutenir-lhopital-pinel)lancée lundi jusqu’au 30 août. Le sac de collecte en compte une vingtaine remplies de messages de soutien.

Malgré toute la motivation, sur place, chacun perçoit désormais qu’il va falloir changer de braquet, pour obtenir gain de cause. Les grévistes réclament toujours la création de 60 postes, la réouverture de deux services, des titularisations et l’effacement de la dette. Sans oublier une large table-ronde, pour aller au fond des choses dans cet hôpital plombé par des durées d’hospitalisation trop longues (http://www.courrier-picard.fr/124463/article/2018-07-17/amiens-uneaide-dun million-deuros-pour-lhopital-psychiatrique-philippe-pinel-en).

« On en vient tous à dire que l’on exerce une forme de maltraitance institutionnelle sur nos patients »

« Nous, on n’est pas contre une réorganisation, mais pourvu qu’elle se fasse au profit du patient », assure Florent Budin, un infirmier, dépité de ne plus avoir le temps de faire son métier. Las. La proposition n’est toujours pas acceptée, ballottée entre la direction de l’hôpital et l’ARS, laquelle en reste plutôt à 10 nouveaux postes d’infirmier et une aide spéciale d’un million d’euros.

« On réfléchit à l’organisation d’une convergence des luttes avec les autres hôpitaux en lutte. A commencer par nos collègues du CHU d’Amiens. D’autant plus que le gouvernement parle d’un plan Santé en septembre. Qui mettra le feu aux poudres » fixe maintenant Chrystelle Leclercq, infirmière (CGT) ;

« Une convergence, il en faut une. On est à nous-mêmes en contact avec des
collègues de Caen et Rennes
 », corrobore un « Perché du Havre », venu mardi
avec une petite délégation soutenir leurs homologues picards, après une relative victoire. «  Mais la difficulté, c’est que les temps de mobilisation ne sont pas les mêmes. Pourtant, nos revendications sont semblables : chambres suroccupées, vétusté, manque de personnels… On en vient tous aussi à dire aussi que l’on exerce une forme de maltraitance institutionnelle sur nos patients  », prolonge-til, toujours vigilant : « On se considère toujours en lutte, même si après 15 jours passés sur le toit de notre hôpital on a obtenu (le 11 juillet) 34 postes sur les 63 que l’on réclamait  ».

En attendant une telle issue à Amiens, les sollicitations médiatiques auprès des grévistes de Pinel se sont intensifiées ces derniers jours. Micros et caméras de France Télévision, RMC, BFM et d’autres ont défilé sur le campement, attirés par une grève longue maintenant de plus de deux mois. Sans que l’on perçoive, pour l’instant, ne serait-ce qu’un début de porte de sortie.